Précarité de l'emploi, crainte d'être discriminé, difficultés à concilier l'exercice du mandat à une charge de travail pas toujours revue à la baisse, etc. sont autant de freins à l'engagement des jeunes dans la représentation du personnel. Un constat négatif qui n'a pas empêché experts et syndicalistes, lors d'une table ronde organisée par le réseau Cezam, d'identifier des pistes d'action.
Comment favoriser l'engagement des jeunes salariés ? Cette question était au coeur d'une table ronde organisée à Angers le jeudi 12 octobre dans le cadre de la deuxième édition de "L'Observatoire" du Cezam Pays de la Loire. Lors de cet échange, Camille Dupuy, sociologue, Julie Pineau, chargée de projet pour l'association Astrees et Antoine Lelarge, responsables jeunes de la CFDT Pays de la Loire, ont identifié plusieurs leviers d'action mais surtout mis en lumière les nombreux obstacles à la prise de mandats pour les jeunes en entreprise (*).
Représentants du personnel
Les représentants du personnel sont des salariés élus ou désignés chargés de représenter les salariés de l’entreprise avec des missions spécifiques selon l’instance représentative du personnel (IRP) à laquelle ils appartiennent. Il y a quatre grandes IRP : les DP, le CE, CHSCT et les délégués syndicaux. Au 1er janvier 2020, l’ensemble des IRP (hormis les délégués syndicaux) devront fusionner au sein du CSE.
Reste qu'adhérer à un syndicat ou prendre un mandat représentatif, c'est aussi s'exposer à un risque de discrimination, a rappelé l'un des 200 élus présents dans l'amphithéâtre : "Dans mon entreprise, on s'appelle entre nous les "syndibloqués", témoigne-t-il. Parce que s'investir dans la représentation du personnel c'est abandonner tout espoir de progression professionnelle. Et ce, alors même que plusieurs élus n'ont pas d'étiquette syndicale et que le dialogue social est plutôt développé !". "La discrimination est indéniablement un autre frein important à la syndicalisation, confirme Camille Dupuy. C'est pourquoi il est important de faire connaître les instances représentatives du personnel. Plus on est nombreux à s'investir dans l'entreprise, plus on se prémunit d'éventuelles discriminations".
Autre frein soulevé dans l'auditoire : le climat des entreprises qui met de plus en plus les salariés en situation de concurrence. "Comment exercer mon mandat et rester compétitive sur mon poste lorsque l'employeur n'adapte pas ma charge de travail ?, interroge une élue. Quand je prends des heures de délégation mon travail est simplement réparti entre mes collègues, ce qui crée des tensions. Au final, on se trouve pris dans une situation où l'on ne peut pas s'investir pleinement ni dans son emploi, ni dans la représentation du personnel". Et Antoine Lelarge d'acquiescer : "Mais tu travailles demain ?" C'est une question que me posent mes collègues parfois, alors que je dois passer toute la journée en réunion avec l'employeur. Donc oui, je travaille. L'une des solutions à cette difficulté d'organisation dans l'entreprise, c'est la valorisation des parcours syndicaux. Sur ce point la loi Rebsamen a marqué une avancée avec les entretiens de début et de fin de mandat, mais il faut aller plus loin. Le compte personnel d'activité (CPA) est également un plus, mais les choses évoluent trop lentement pour encourager les jeunes à s'engager", concède-t-il.
(*) NDLR : un échange animé par Bernard Domergue, rédacteur en chef d'actuEL-CE.fr
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