Bail commercial : quelles justifications pour le déplafonnement du loyer ?

19.02.2018

Gestion d'entreprise

La fixation conventionnelle du loyer librement intervenue entre les parties emporte renonciation à la procédure de révision judiciaire du loyer et constitue une modification notable des obligations respectives des parties.

La Cour de cassation rappelle que le déplafonnement se justifie par une modification conventionnelle du loyer au cours du bail, à la hausse comme à la baisse, en dehors des périodes de révision triennales, dans des conditions étrangères tant à la loi qu'au bail initial.

Rappelons que les dispositions du code de commerce relatives au bail commercial soumis au statut écartent de la limite du plafonnement au renouvellement, les loyers des baux portant sur des locaux qui ont bénéficié d’une modification notable (C. com., art. L. 145-33 et L. 145-34) :

- des caractéristiques du local considéré ;

- de la destination des lieux ;

- des facteurs locaux de commercialité ;

- mais aussi des obligations respectives des parties.

Or, selon la Cour de cassation, constitue précisément une modification notable des obligations des parties justifiant à elle-seule le déplafonnement du loyer, la modification conventionnelle du loyer dans des conditions étrangères tant à la loi qu’au bail initial.

En l'espèce, les parties avaient convenu, par avenant, de réajuster le loyer du bail en cours et de renoncer à une procédure en révision qui avait été engagée auparavant. Le locataire soutenait que cet avenant devait être considéré comme une fixation du loyer à la valeur locative en cours de bail dans le cadre d’une action en révision fondée sur l’article L. 145-39 du code de commerce. On voit l'intérêt d'une telle analyse pour le preneur, puisque la fixation du loyer aurait ainsi relevé d’une disposition légale et n'aurait pas constitué une modification conventionnelle des obligations des parties ouvrant droit au déplafonnement lors du renouvellement.
Ce n'est pas l'interprétation de la Haute juridiction qui considère que la fixation conventionnelle librement intervenue entre les parties, a pour objectif déclaré de matérialiser la renonciation par les parties à une procédure de révision judiciaire du loyer. L'avenant constitue bien une modification conventionnelle, sorte de renonciation implicite du preneur à la règle du plafonnement.
Stefano Danna, Dictionnaire Permanent Droit des affaires

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