Burn out : "il faut obliger les entreprises à travailler un plan d'amélioration"

Burn out : "il faut obliger les entreprises à travailler un plan d'amélioration"

21.03.2018

Gestion du personnel

Lors d'une table ronde organisée hier par l'Association des journalistes de l'information sociale (Ajis), les députés François Ruffin (France insoumise), Didier Baichère (LREM) et la psychanalyste spécialisée dans la souffrance au travail, Marie Pezé ont débattu du burn out. Sans toutefois être d'accord sur les voies pour améliorer sa prévention.

"Aujourd'hui, on voit son médecin du travail tous les cinq ans, on ne peut plus porter plainte facilement aux prud'hommes, le relais des CHSCT disparaît. C'est cela la réalité. On assiste à l'organisation de l'invisibilité des pathologies psychiques." Marie Pezé, psychanalyste experte de la souffrance au travail, participait hier au débat autour du burn out organisé à Paris à l'initiative de l'Association des journalistes de l'information sociale (Ajis). Un sujet sensible qui a donné lieu à des échanges vifs entre François Ruffin, député (La France insoumise) à l'origine d'un projet de loi sur le burn out ayant été rejeté par l'Assemblée nationale, et Didier Baichère, député (LREM) et DRH de profession.

"On est dans un pays qui ne sait pas ce qu'est la prévention primaire, en comparaison de pays comme la Suède ou les Etats-Unis" poursuit Marie Pezé. Le problème : trouver comment faire appliquer effectivement l'obligation de sécurité de résultat s'agissant des pathologies psychiques.

"Le burn out ne coûte rien aux entreprises"

"Sous les discours officiels, il faut dire la réalité de la situation. La reconnaissance et l'indemnisation du burn out sont aujourd'hui un parcours du combattant" martèle François Ruffin, évoquant 596 cas de maladies professionnelles reconnues sur plusieurs centaines de milliers. "Jusqu'à quand l'assurance maladie financera-t-elle les défaillances du management ?" lance le député, citant la ministre de la santé Agnès Buzyn. Il plaide pour le principe du pollueur payeur : plus les entreprises créent des pathologies psychiques, plus elles doivent être taxées. "Il faut que les entreprises aient un intérêt à agir. Pour l'instant ces pathologies ne leur coûtent rien ! Le but objectif d'une entreprise, c'est le profit. Tant que les troubles psychiques ne seront pas dans le bilan comptable, les entreprises n'en auront rien à faire".

"Je ne crois pas que la taxation fera avancer les choses", rétorque Didier Baichère, qui a lui même exercé 20 ans en tant que DRH. "On fait payer les employeurs sur plein d'autres sujets, sans que les effets soient vraiment intéressants. Beaucoup d'employeurs seront contents de payer cette taxe afin de se débarrasser du problème, et rien n'aura été réglé. Obliger les entreprises à travailler un plan d'amélioration a au contraire systématiquement des effets positifs : égalité professionnelle, handicap..."

Gestion du personnel

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

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- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
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Embaucher des psychologues

"Pour un employeur, le système de reconnaissance des maladies professionnelles est un enfer, c'est incompréhensible, explique Didier Baichère. On n'a pas été capable de faire évoluer le système de santé au travail au fur et à mesure des pathologies qu'on découvrait. Il faut développer des outils pour redonner à la santé au travail un vrai rôle reconnu par l'entreprise". Le député LREM propose pour cela de renforcer l'aspect pluridisciplinaire de la médecine du travail. "Dans plusieurs des entreprises ou j'ai été DRH, j'ai fait l'expérience d'associer aux services de santé des psychologues du travail - embauchés par l'entreprise -, des kinés, etc. C'est un angle intéressant pour améliorer la prévention du burn out."

Et la psychanalyste d'ajouter : "Toute l'équipe de santé au travail, devrait être des salariés protégés - psychologues, ergonomes... - et pas seulement le médecin du travail." Le député LREM acquiesce : "Mais pourquoi pas, je trouve que c'est une bonne proposition qui pourrait être intégrée dans la mission sur la santé au travail."

Implication de tous les acteurs dans l'entreprise

Didier Baichère souligne le lien entre le sujet de l'épuisement professionnel et les débat en cours sur le rôle de l'entreprise dans le cadre de la mission menée par Nicole Notat et Jean-Dominique Senard. "Si l'on n'oblige pas les entreprises à réfléchir sur leur rôle dans la cité de manière générale (empreinte écologique, développement des salariés...) on avancera pas sur le sujet du burn out". Selon François Ruffin, faire avancer la question de la prévention du burn out c’est aussi réfléchir à ceux qui siègent au conseil d’administration. "L'entreprise est une chose trop sérieuse pour la laisser aux seuls actionnaires. On pourrait imaginer des conseils d’administration où les salariés sont automatiquement présents, où siégeraient des représentants d’associations environnementales, des élus, des représentants des consommateurs...".

Le sujet de la prévention du burn out pourrait bien revenir sur la table rapidement. Le groupe Nouvelle gauche compte déposer une nouvelle proposition de loi visant à expérimenter l'abaissement du seuil de 25 % d'incapacité permanente nécessaire pour la reconnaissance des affections psychiques à 10 %, dans le prolongement du rapport de Gérard Sebaoun.

Laurie Mahé Desportes et Florence Mehrez
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