Chômage : la société française plutôt solidaire

Chômage : la société française plutôt solidaire

27.09.2017

Action sociale

L'association Solidarités nouvelles face au chômage lance le premier baromètre sur le chômage. Une grande majorité des 2 000 personnes interrogées se sent concernée par la perte d'emploi. S'appuyant sur sa longue expérience aux côtés des chercheurs d'emploi, SNC demande de constituer un vrai service d'accompagnement et de mettre la priorité sur la formation professionnelle.

"Les jugements négatifs sur le chômeur sont très minoritaires comparés à la solidarité ambiante recueillie dans tous les éléments de langage utilisés par les personnes actuellement en activité." Cette conclusion tirée du premier baromètre du chômage réalisé pour l'association Solidarités nouvelles face au chômage (SNC, voir encadré) n'allait pas de soi à l'écoute des propos stigmatisants de certains responsables politiques sur le thème des "fainéants" et de "l'assistanat". Cette étude conduite par Opinion Way auprès de 2 000 personnes montre que le chômage n'est pas que l'affaire des chômeurs (plus de 6 millions de personnes si on considère l'ensemble des inscrits de Pôle emploi), mais concerne l'ensemble de la société.
Deux tiers des personnes passées par le chômage
65 % des actifs ont fait l'expérience au moins une fois dans leur vie du chômage ou sont dans cette situation au moment de l'enquête (1ère quinzaine de septembre). Cette condition a davantage été vécue par des non-cadres (57 % ont connu le chômage) que par des cadres (18 %). Cette expérience commune explique, en grande partie, le fait que la quasi-totalité (86 %) des personnes en emploi considère que "tout le monde peut un jour connaître le chômage". Plus de 7 personnes sur 10 en activité considèrent que les chômeurs sont aussi compétents que les autres et les deux tiers estiment que les "chercheurs d'emploi peuvent apporter de nouvelles compétences et de nouvelles façons de travailler dans les entreprises".
Freins à l'emploi   
L'enquête permet également de relever les freins à l'emploi tels qu'ils sont perçus par les chercheurs d'emploi. En tête arrive le manque d'offre de la part des entreprises. Vient ensuite l'âge, cité surtout par les chômeurs de plus de 55 ans. Le niveau de diplôme insuffisant et la nécessité de suivre des formations arrive en 3e position (les personnes du nord-est de la France et les couples avec enfant mettent davantage en avant ce point). Sont également cités le manque d'expérience, la mobilité difficile et le manque de maîtrise des outils numériques. Ce manque d'offre est également ressenti par les personnes à temps partiel : une (courte) majorité d'entre eux souhaiterait travailler à temps complet.
Importance des réseaux professionnels
Le passage par la case chômage est souvent vécue de façon douloureuse : les mots "précarité", "galère", "pauvreté", "ennui" sont largement cités par les personnes interrogées qui mettent aussi en avant le terme "recherche". Celui-ci renvoie à la réalité du travail menée par les chômeurs - CV, entretiens, etc. - et reconnue par l'ensemble des actifs (seuls 19 % des personnes en activité en ont une image négative).
Pour retrouver du travail, les réseaux professionnels constituent le premier point d'appui (cit��s par 60 % des personnes), suivis par les cabinets de recrutement, les réseaux d'entreprises et les réseaux sociaux. Les chercheurs d'emploi ont deux attentes principales en direction des recruteurs : apporter une réponse à leurs courriers ; donner les raisons de la non-sélection.
Aspects négatifs, mais aussi positifs
Sans grande surprise, les demandeurs d'emploi ont une vision majoritairement négative de la période de chômage qu'ils vivent : recherche laborieuse d'un emploi, manque de revenu, perte de l'estime de soi... Mais pour un tiers d'entre eux, cette période est une opportunité pour se remettre en cause, pour changer de métier ou pour obtenir de nouvelles compétences.
Caisse de résonance
Commentant ce baromètre (qui pourrait devenir annuel), le président de SNC Gilles de Labarre estime qu'il est important de fonder le travail de plaidoyer sur la parole et l'expérience des chercheurs d'emploi. "Il faut donner une caisse de résonance à ceux qu'on n'entend jamais", soutient-il. S'appuyant sur 32 années d'expérience dans l'accompagnement des personnes sans activité, Solidarités nouvelles face au chômage plaide pour un véritable accompagnement des chercheurs d'emploi. "N'oublions pas que 850 000 personnes sont au chômage depuis trois ans, explique-t-il. Il faut que l'accompagnement démarre tout de suite pour éviter l'enfermement des gens. Et ce n'est pas avec des entretiens de 20 minutes à Pôle emploi qu'on peut y arriver."
Priorité à la formation des chômeurs
Sur la question de la formation, Gilles de Labarre espère que la priorité va être enfin donnée aux chômeurs et qu'un effort de contrôle des 60 000 organismes de formation sera mené pour séparer le bon grain de l'ivraie. "Actuellement, il y a trop de formations nulles que les chercheurs d'emploi doivent suivre jusqu'au bout, sous peine de perdre leurs allocations." Il attend beaucoup du grand plan d'investissements annoncé par le gouvernement, dans lequel figure la formation des demandeurs d'emploi (lire notre article). "Il faut aller vers un grand service de l'accompagnement des demandeurs d'emploi, comme cela existe déjà dans les pays du nord de l'Europe", conclut-il.
 
Accompagnement humain
Fondée voici 32 ans, l'association Solidarités nouvelles face au chômage avec ses 2 400 bénévoles accompagne des demandeurs d'emploi pour les aider à retrouver confiance et à ouvrir des portes. A chaque fois, la personne est suivie par un binôme de bénévoles. Par ailleurs, l'association finance à 100 % une centaine d'emplois solidaires par an : des gens éloignés de l'emploi vont ainsi travailler au moins pendant 6 mois, payés au Smic. Plus de la moitié de ces emplois solidaires trouve ensuite une insertion professionnelle. Son budget de 2 M€ est assuré totalement par des financements privés.

Action sociale

L'action sociale permet le maintien d'une cohésion sociale grâce à des dispositifs législatifs et règlementaires.

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Noël Bouttier
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