"Comment notre CE a mis en oeuvre des actions de solidarité"

"Comment notre CE a mis en oeuvre des actions de solidarité"

20.02.2017

Représentants du personnel

Nous entamons, en partenariat avec le réseau inter-CE Cezam, une série d'articles sur des initiatives de CE partout en France dans le domaine des activités sociales et culturelles. Aujourd'hui : le CE de l'UES Ifremer-Genavir à Plouzané, près de Brest. Son secrétaire, Jean-Bernard Donou, nous dit comment le CE a mis en place un budget solidarité pour soutenir des associations locales.

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En Bretagne, le centre de recherche Ifremer (*) regroupe en un seul comité d'entreprise le centre de Bretagne à Plouzané, tout à côté de Brest (Finistère), et les stations de Dinard, Concarneau, Lorient et la Trinité, soit environ 700 salariés. Quatre vingt dix personnes supplémentaires devraient rejoindre les locaux de Plouzané courant 2019, suite à la décision de l'Etat de transférer le siège de l'Ifremer d'Issy-les-Moulineaux à Brest.

Des valeurs en héritage

Elu au CCE, délégué syndical CFDT et secrétaire du CE, Jean-Bernard Donou est également un administrateur du réseau InterCE Cezam en Bretagne (lire notre encadré ci-dessous). Ce salarié de la direction des affaires juridiques et financières s'investit fortement dans ses mandats, et notamment dans leur dimension sociale et solidaire. Des valeurs héritées des équipes précédentes. En effet, c'est dans les années 80 -l'Ifremer a été créé en 1984 et le CE est apparu en 1985-1986- que les premiers élus du CE, parfois eux-mêmes engagés dans le tissu associatif, mettent sur pied un budget solidarité, qui représente aujourd'hui 12 000€ par an. "La volonté était d'aller hors de l'entreprise pour soutenir des initiatives d'associations du pays de Brest", nous raconte l'élu. Ce dernier  précise que son comité dispose de moyens importants, avec un budget de fonctionnement de 95 000€ et un budget d'activités sociales et culturelles de 380 000€, rendant possible ce type d'initiatives.

Soutien à une association de lutte contre l'exclusion

Aujourd'hui, cette volonté de solidarité externe demeure et les actions se sont même étoffées. Exemple : le partenariat noué entre le CE et la Halte de Brest. "Cette association offre un accueil de jour tous les week-ends et les jours fériés (des repas chauds, etc.) à toute personne en situation sociale difficile. Nous avons décidé de prendre en charge certains investissements, comme le renouvellement d'un frigo", nous précise Jean-Bernard Donou.

 Des soutiens soigneusement étudiés dans une commission solidarité présidée par un élu

La décision du comité, explique le secrétaire, a été prise en réunion de CE, après que le dossier ait été étudié par la commission solidarité du CE, une commission présidée par un élu qui comprend 6 à 7 autres membres (des salariés non élus) et qui se réunit trois fois par an. "Nous demandons à l'association de constituer un dossier détaillant son objet, son fonctionnement et ses besoins et nous nous prononçons après l'avoir étudié", précise l'élu. Jean-Bernard Donou veille en effet à ce que les salariés aient un retour sur les actions de solidarité du CE. Le comité organise à cet effet une réunion d'information tous les ans : "C'est l'occasion d'exposer nos actions, d'en rendre compte, et d'inciter les salariés qui font partie d'associations à nous proposer des projets ou à devenir bénévoles à titre personnel dans les associations que nous soutenons".

En outre, le CE, lors de son compte-rendu annuel budgétaire au deuxième trimestre, élaboré avec un expert-comptable, détaille ses actions solidaires, également présentées sur l'intranet et consignées dans les procès-verbaux du CE. Est-ce l'effet de cet effort de communication ? Les salariés soutiendraient, selon le secrétaire du CE, cet effort tourné vers l'extérieur, alors qu'on pourrait penser que le personnel serait réticent à voir l'argent du comité ne pas lui profiter directement. "Ce type de critiques, il y a en a eu dans les années 80, mais plus aujourd'hui", assure l'élu.

Nous contribuons à financer la construction de classes au Burkina-Faso

Ce souci d'une solidarité active a également conduit les élus du CE de l'Ifremer à se tourner vers d'autres CE comme celui de Thalès et de la DCNS (l'arsenal de Brest). Avec le CE de Thalès, les élus d'Ifremer ont soutenu l'association humanitaire brestoise AFAP qui oeuvre pour le développement local au Burkina-Faso. "Nous avons participé au financement de la construction d'une classe par an dans un collège qui veut se doter d'une seconde, d'une première et d'une terminale, afin que les jeunes puissent poursuivre sur place leurs études", s'enthousiasme Jean-Bernard Donou, et toujours sur la base d'un projet soigneusement chiffré. Cette entente entre élus de différents CE devrait, espère l'élu, se développer sur le pays de Brest.

Des échanges entre élus de différents CE

Adhérent du réseau interCE Cezam en Bretagne (moyennant  7 à 8 000€ de frais d'adhésion annuelle pour le comité), le CE d'Ifremer  y trouve bien sûr des avantages pour les salariés de l'entreprise, avec la carte Cezam qui offre des tarifs préférentiels pour des loisirs et spectacles, des offres mutualisées (déplacement pour un match du tournoi des Six Nations au Stade de France, sortie organisée tous les ans) mais aussi un soutien pour les élus au travers de formations et de services (rédaction du PV et du règlement intérieur, information sur les assurances du CE, etc.). En outre, le réseau apporte également un bonus précieux en faisant se cotôyer des élus d'entreprise de taille et secteurs différents. "Au sein de la commission "tourisme-loisirs-culture", qui rassemble une quinzaine de CE et de collectifs, nous échangeons entre élus sur nos expériences en matière d'activités sociales et culturelles, de loisirs, de partenariat. Nous voyons ce qui marche, ce qui ne fonctionne pas, nous nous donnons des idées", expose Jean-Bernard Donou.

(*) L'Ifremer (institut français de recherche pour l'exploitation de la mer) a pour mission de conduire et promouvoir des recherches fondamentales et appliquées ainsi que des actions d'expertise et de développement technologique et industriel. 

 

Cezam en Bretagne : 800 CE et collectifs

Le réseau Cezam en Bretagne, qui emploie 42 salariés, regroupe 800 collectifs, soit 115 000 porteurs de carte Cezam, via 3 associations inter-CE : Cezam en Bretagne (Côtes d'Armor, Nord-Finistère et Morbihan), Cezam Ille-et-Vilaine et Cezam Sud-Finistère. Outre les missions d'appui et de formation aux membres du CE (aide pour l'élaboration du rapport de gestion, par ex.), le réseau à but non lucratif propose aux comités une aide au fonctionnement (secrétariat, communication, mise en place d'activités sociales et culturelles -ASC- individualisées et mutualisées, etc.). En plus d'ASC classiques (sorties, expositions, voyages, etc.) et originales (participation au prix du roman et de la BD par exemple), le réseau veut contribuer à sensibiliser le plus d'élus possible aux questions liées à la citoyenneté et aux valeurs de solidarité. "Les salariés sont devenus des consommateurs et les élus sont de plus en plus confrontés à leurs demandes. Ils viennent vers nous pour y répondre sur le plan des loisirs et de la culture mais nous voulons aussi en profiter pour les inciter à aller au-delà d'une logique de consommation", nous explique Hélène Bergot, coordinatrice du réseau Cezam en Bretagne. Le réseau a ainsi mis en place une commission dans laquelle les élus de tous les CE peuvent échanger sur leurs pratiques, leurs échecs et leurs succès, et s'inspirer d'autres expériences, comme celles menées par les CE de l'Ifremer, de Thales et de la DCNS (voir notre article ci-dessus). "Des petits CE qui n'ont pas un gros budget peuvent être aidés et soutenus. Le Cezam a un agrément tourisme donc il peut monter un voyage vers le Puy-du-Fou dont un petit CE ne pourrait s'occuper seul", expose Jean-Bernard Donou, secrétaire du CE de l'Ifremer et administrateur du Cezam.

►Le site de Cezam en Bretagne

►Le site du réseau national Cezam

►Le site de la carte Cezam

Représentants du personnel

Les représentants du personnel sont des salariés élus ou désignés chargés de représenter les salariés de l’entreprise avec des missions spécifiques selon l’instance représentative du personnel (IRP) à laquelle ils appartiennent. Il y a quatre grandes IRP : les DP, le CE, CHSCT et les délégués syndicaux.  Au 1er janvier 2020, l’ensemble des IRP (hormis les délégués syndicaux) devront fusionner au sein du CSE.

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Bernard Domergue
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