Cotisations sociales sur les salaires et sur les TNS : ce que prévoit le PLFSS pour 2018

Cotisations sociales sur les salaires et sur les TNS : ce que prévoit le PLFSS pour 2018

16.10.2017

Gestion d'entreprise

Baisse de certaines cotisations sociales sur les salaires et sur les revenus des TNS, hausse de la CSG, précisions sur le "successeur" du Cice, diminution du taux global de cotisations sociales pour les micro-entreprises, etc. Le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2018 prévoit de nombreux changements en matière de cotisations et contributions sociales. Revue de détail.

Redonner du pouvoir d’achat aux actifs et diversifier le financement de la sécurité sociale. Tels sont les principaux objectifs du gouvernement au sujet de la baisse prochaine de certaines cotisations sociales et de la hausse de la CSG (voir notre tableau récapitulatif à la fin de l'article). Précisément, au 1er janvier 2018, la cotisation sociale salariale maladie, de 0,75 %, serait supprimée et la contribution salariale d’assurance chômage serait exonérée de 1,45 point, détaille PDF iconl’évaluation préalable du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2018 qui a été déposée au Parlement la semaine dernière (voir aussi PDF iconle PLFSS pour 2018). Puis, au 1er octobre 2018, 0,95 point supplémentaire de contribution salariale d’assurance chômage serait exonérée. Le gouvernement avance que ces changements n'impacteraient aucunement les droits sociaux des intéressés.

Hausse quasi-généralisée de la CSG

La CSG devrait quant à elle augmenter de 1,7 point au 1er janvier 2018. Cette hausse serait quasi généralisée à l’ensemble des revenus assujettis à cette contribution — le taux de CSG sur les allocations chômage et les indemnités journalières ne changerait pas. La CSG sur les revenus d’activité passerait ainsi de 7,5 à 9,2 % ; celle sur certains revenus du capital passerait de 8,2 % à 9,9 % ; celle sur les pensions de retraite et d'invalidité assises sur ces pensions passerait, quant elle est taxée au taux normal de 6,6 %, à 8,3 %  — les bénéficiaires d’une pension de retraite ou d’invalidité qui sont assujetties à la CSG au taux de 3,8 % ne seraient pas affectés par cette hausse — ; la CSG sur certains revenus de jeux augmenterait elle aussi de 1,7 point. L’évaluation préalable au PLFSS précise que l’augmentation du taux de CSG sur les revenus du capital concernerait 1) les revenus de placement générés à compter du 1er janvier 2018, soumis aux prélèvements sociaux recouvrés au fil de l’eau et 2) les revenus du patrimoine perçus à compter de l’année 2017, assujettis aux prélèvements sociaux à raison des rôles émis à compter du 1er janvier 2018.

Baisse des cotisations sociales des TNS

Les cotisations sociales supportées par certains travailleurs indépendants devraient diminuer sur deux éléments. Premièrement, le taux des cotisations d’allocations familiales devrait baisser de 2,15 points. Conséquence, "il serait nul jusqu’à 110 % du Pass (plus de 43 000 euros en 2018) puis progressera pour atteindre 3,10 % à 140 % du Pass (environ 55 000 euros)," précise l’évaluation préalable. Deuxièmement, il est prévu de renforcer l’exonération dégressive des cotisations d’assurance maladie et maternité des TNS non agricoles. "Il est proposé de réduire le taux de la cotisation due sur les plus bas revenus, actuellement de 3 %, à 1,5 %, soit une exonération de 5 points par rapport au taux normal de 6,5 %, précise l’évaluation préalable. Cette exonération serait dégressive et les cotisations d’assurance maladie-maternité resteront acquittées dans leur totalité au taux [le taux n'est pas précisé] à partir de 110 % du Pass", ajoute-t-elle. A noter que l'entrée en vigueur de ces nouvelles exonérations est conditionnée à la publication d'un (ou plusieurs) nouveau (x) décret (s).

Ajustement du taux de cotisations des micro-entrepreneurs

Ce PLFSS prévoit aussi que "des ajustements du taux global de cotisations applicable aux micro-entrepreneurs seront réalisés par décret pour tenir compte du renforcement de ces exonérations [sur les cotisations d'allocations familiales et sur celles d’assurance maladie et maternité] et du doublement du seuil de la micro-entreprise", avance l’évaluation préalable. Rappelons que les seuils d’imposition du régime de la micro-entreprise devraient doubler en 2018 — mais la franchise en base de TVA resterait la même. Les plafonds de chiffre d'affaires passeraient à 170 000 euros HT pour les activités de vente et à 70 000 euros HT pour les prestations de services. "Selon les hypothèses actuelles, le taux unique de cotisations sociales des micro-entrepreneurs devrait baisser. Il passerait à 12,80 % pour les activités de commerce, à 21,60 % pour les activités artisanales et à 21,30 % pour les professionnels libéraux", ajoute l'évaluation préalable.

Expérimentation pour les cotisations provisionnelles des TNS

Le PLFSS pose aussi le cadre d’une expérimentation destinée à faciliter la gestion des cotisations sociales des TNS. Concrètement, cela offrirait aux TNS relevant du régime réel la possibilité d’acquitter auprès de l'Urssaf leurs cotisations et contributions sociales provisionnelles à partir soit de leur activité soit de leurs revenus mensuels ou trimestriels. La voie de la taxation sociale basée sur les prélèvements, et non plus sur le bénéfice, semble donc exclue. A noter que rien n’est dit concernant le sujet des appels de cotisations que certains voudraient remplacer par un système d’auto-liquidation. Un tel changement nécessiterait un décret.

Précisions sur le basculement du Cice

Le 1er janvier 2019, le Cice et le CITS (crédit d'impôt sur la taxe sur les salaires) devraient disparaître (cf articles 42 et 43 du projet de loi de finances pour 2018). Le PLFSS pour 2018 fixe les grandes lignes de leur "successeur". Il serait architecturé ainsi :

► Un allègement de cotisations sociales de 6 points pour les rémunérations n’excédant pas 2,5 Smic ;
► Un renforcement du dispositif d’allègements généraux des cotisations patronales d’environ 10 points pour les salariés au Smic (imputation supplémentaire sur les cotisations chômage — soit 4,05 % —, sur la cotisation retraite complémentaire — soit 4,65 % — et sur la cotisation pour l’association pour la gestion du fonds de financement — soit 1,20 %. De plus, il est prévu de minorer l'effet de la déduction forfaitaire spécifique pour frais professionnels (DFS) sur l’allègement de cotisations sociales. "Il est proposé qu’à l’avenir le coefficient des allègements généraux soit calculé sur une rémunération prenant en compte un taux d’abattement réduit d’un tiers environ par rapport au taux de DFS actuellement applicable", précise l’évaluation préalable au PLFSS pour 2018.

Enfin, le PLFSS pour 2018 prévoit d'étendre l'exonération de cotisations sociales dont bénéficient les chômeurs créateurs ou repreneurs d'entreprise (Accre). Tous les travailleurs indépendants pourraient en profiter. Cette mesure ferait l'objet d'une application à compter du 1er janvier 2019.

Cotisations et contributions sociales : les principales mesures
Cotisation ou contribution sociale (ou crédit d'impôt pour le Cice) Taux au 1er octobre 2017 Taux proposé par le PLFSS pour 2018 Date d'entrée en vigueur
Cotisation salariale maladie 0,75 % 0 1er janvier 2018
Cotisation salariale d'assurance chômage 2,40 % 0,95 % (exonération de 1,45 point) 1er janvier 2018
Cotisation salariale d'assurance chômage 2,40 % Exonération totale 1er octobre 2018
CSG sur les revenus d'activité 7,5 % 9,2 % 1er janvier 2018
CSG au taux normal sur les pensions de retraite et pensions d'invalidité assises sur les pensions 6,6 % 8,3 % 1er janvier 2018
CSG sur certains revenus des jeux 6,9 % (sur une fraction des sommes misées sur les jeux exploités par la Française des jeux) ; 9,5 % sur une fraction du produit des jeux automatiques des casinos ; 12 % sur les gains des jeux de casinos d'un montant supérieur ou égal à 1 500 euros 8,6 %, 11,2 % ou  13,7 % selon le cas 1er janvier 2018
CSG sur certains revenus du capital 8,2 % 9,9 % 1er janvier 2018
Cotisations d'allocations familiales des TNS Taux compris entre 2,15 et 5,25 % Taux compris entre 0 et 3,10 % 1er janvier 2018 (1)
Cotisations d'assurance maladie et maternité des TNS non agricoles Taux compris entre 3 et 6,5 % Taux compris entre 1,5 et 6,5 % (le taux de 6,5 % est une hypothèse car le texte n'est pas clair à ce sujet) 1er janvier 2018 (2)
Cotisations sociales des micro-entrepreneurs

- achats-ventes : 13,10 %

- prestations de services (sauf prestations libérales relevant de la Cipav) : 22,70 %

- professionnels libéraux (relevant de la Cipav) : 22,50 %

 

- achats-ventes : 12,80 % (4)

- prestations de services (sauf prestations libérales relevant de la Cipav) : 21,60 % (4)

- professionnels libéraux : 21,30 % (4)

1er janvier 2018 (3)
Cotisations sociales provisionnelles des TNS Sur demande du cotisant, les acomptes de cotisations peuvent être basés sur le revenu estimé de l'année en cours Possibilité, sur option, de payer les cotisations et les contributions provisionnelles en fonction de l'activité ou des revenus mensuels ou trimestriels Expérimentation jusqu'au 31 décembre 2018
Cice Le crédit d'impôt est égal à 7 % des rémunérations éligibles (rémunérations limitées à 2,5 Smic) pour les rémunérations versées à compter du 1er janvier 2017. Le taux passerait à 6 % pour les rémunérations versées à compter du 1er janvier 2018

Le Cice serait "remplacé" le 1er janvier 2019 par :

► Un allègement de cotisations sociales de 6 points pour les rémunérations n’excédant pas 2,5 Smic ;
► Un renforcement du dispositif d’allègements généraux des cotisations patronales d’environ 10 points pour les salariés au Smic (imputation supplémentaire sur les cotisations chômage — soit 4,05 % —, sur la cotisation retraite complémentaire — soit 4,65 % — et sur la cotisation pour l’association pour la gestion du fonds de financement — soit 1,20 %.

► De plus, il est prévu de minorer l'effet de la déduction forfaitaire spécifique pour frais professionnels sur le dispositif d'allégements généraux de cotisations sociales patronales.

1er janvier 2019

(1) L'entrée en vigueur de cette mesure, qui ferait l'objet d'un nouvel article du code de la sécurité sociale (article L. 613-1), nécessiterait un nouveau décret.

(2) L'entrée en vigueur de cette mesure, qui ferait l'objet d'un nouvel article du code de la sécurité sociale (article L. 621-3), nécessiterait un nouveau décret.

(3) L'entrée en vigueur de cette mesure nécessiterait un nouveau décret.

('4) L'évaluation préalable au PLFSS pour 2018 utilise les expressions activités de commerce, activités artisanales et activités des professionnels libéraux pour associer respectivement les taux de 12,80 %, 21,60 % et 21,30 %

Ludovic Arbelet

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