Difficile évaluation des risques liés aux nanopigments
10.09.2018
Environnement
Une nouvelle étude, commandée par l'Observatoire européen des nanomatériaux, a révélé des lacunes dans les connaissances actuelles sur l'évaluation des dangers et des risques liés aux pigments nanométriques.
L’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) et l’Observatoire de l'Union européenne sur les nanomatériaux (European Union Observatory for Nanomaterials EU-ON) viennent de mettre en ligne une nouvelle étude concernant la littérature sur les utilisations et les risques des nanomatériaux en tant que pigments dans l’Union européenne.
Environnement
La mise en place d’une stratégie environnementale cohérente s’impose de plus en plus aux entreprises du fait de la complexité de la législation pour la protection de l’environnement et de la multiplicité des réformes. En effet, de nombreuses lois et réglementations ont récemment impacté les activités économiques (autorisation environnementale, concernant notamment les ICPE, loi de transition énergétique, loi biodiversité)
Pour rappel, ce projet a été initié par l’EUON vise à étudier l'utilisation sûre des pigments à l'échelle nanométrique (nanopigments) dans les produits de consommation, ainsi que leur sécurité lorsqu'ils sont utilisés par professionnels et travailleurs au moyen d'une recherche documentaire. Les risques potentiels découlant de ces utilisations devaient être évalués en se référant aux données toxicologiques sur les pigments nanométriques identifiés, ainsi que sur toutes les données disponibles sur le potentiel d'exposition.
Une partie intégrante de l'étude consistait à dresser un inventaire des pigments de taille nanométrique actuellement utilisés dans les produits de consommation et les produits professionnels sur le marché de l'UE.
Pour compiler cet inventaire, un large ��ventail de sources de données a été utilisé. Celles-ci comprenaient notamment la base de données d'enregistrement REACH, dotée d'une fonction de recherche permettant de savoir quels enregistrements couvrent des nanoformes de substance, le registre des produits danois et les publications des inventaires nationaux belge et français.
77 substances ont été définitivement identifiées comme des pigments de taille nanométrique avec quatre autres pigments de remplissage utilisés pour augmenter le volume et réduire le coût global de l'encre dans laquelle le pigment est utilisé. L'inventaire contient 81 substances et est maintenant disponible sur le site Internet de l'EUON.
Selon l'étude, les données toxicologiques disponibles sont souvent incohérentes et les résultats rapportés sont souvent contradictoires, à l'exception d'un nombre limité de substances bien testées où des conclusions générales peuvent encore être tirées.
La difficulté principale est que les données pour l'évaluation des dangers et des risques ne sont pas disponibles pour la grande majorité des nanopigments identifiés. Si des conclusions fondées sur des données probantes sur la sécurité de la plupart des utilisations de nanopigments ne peuvent pas être tirées, certaines observations et conclusions générales peuvent toutefois être dégagées.
Les pigments secs sont les plus préoccupants car ils peuvent être facilement inhalés et ingérés. Les expositions à des pigments nanométriques intégrés dans des matrices de polymères, de peintures ou de revêtements ne sont pas considérées comme significatives et les risques pour les consommateurs découlant de telles utilisations sont faibles.
La prochaine révision des exigences en matière d'information pour les nanomatériaux enregistrés dans le cadre de REACH améliorera la disponibilité des données pour les nanopigments (sur ce sujet voir notamment notre actualité « Recommandations de l'ANSES pour modifier les annexes de REACH afin de prendre en compte les nanomatériaux »).
Le rapport formule plusieurs recommandations pour des travaux supplémentaires, notamment un accent accru sur l'évaluation et le contrôle de l'exposition, ainsi que la création de scénarios d'exposition bien conçus et réalistes sur des nanomatériaux particuliers pour faciliter l'accès à l’information et évaluer différentes mesures de sécurité.