Gouvernement : des femmes issues de la société civile sur les enjeux sociaux

Gouvernement : des femmes issues de la société civile sur les enjeux sociaux

18.05.2017

Action sociale

Dans le premier gouvernement d'Edouard Philippe, le poste de ministre des solidarités et de la santé revient à une médecin de haut niveau, Agnès Buzyn. Les secrétaires d'Etat chargées des personnes handicapées et de l'égalité femmes/hommes sont des militantes, Sophie Cluzel et Marlène Schiappa. Certains champs comme les personnes âgées et les familles ne sont plus cités.

Cette fois-ci, l'horaire a été respecté. Ce 17 mai, à 15 heures tapantes, le secrétaire général de l'Elysée Alexis Kohler a dévoilé la composition du premier gouvernement du Premier ministre nommé deux jours plus tôt, Edouard Philippe. Cette annonce devait avoir lieu la veille, mais officiellement il fallait vérifier la conformité de l'ensemble des membres du gouvernement aux obligations fiscales, ce qui a nécessité 24 heures supplémentaires.

Une équipe paritaire et avec de nombreux experts

Composée de 22 membres, cette équipe présente deux caractéristiques fortes : elle est entièrement paritaire aussi bien parmi les 18 ministres que les 4 secrétaires d'Etat. On remarquera simplement, à titre de bémol, que les trois ministres d'Etat (Gérard Collomb, Nicolas Hulot et François Bayrou) sont des hommes. D'autre part, à côté de vieux routiers de la politique, figurent des experts issus, comme on dit, de la société civile. Une grande majorité d'entre eux sont des femmes, les professionnels de la politique étant davantage des hommes.

Trois femmes sur les questions sociales

Sur les questions des affaires sociales (au sens large), trois femmes sont nommées : une ministre et deux secrétaires d'Etat. Avant de présenter les heureuses élues, un mot sur les départements ministériels. A côté du très général intitulé "solidarités et santé", deux secrétaires d'Etat rattachées à Matignon permettent de faire ressortir deux priorités de la nouvelle présidence : l'égalité des femmes et des hommes ainsi que les personnes handicapées.

Exit les personnes âgées, les familles et les jeunes !

A la différence des gouvernements précédents, les questions des familles, des personnes âgées (et de l'autonomie) (1) ainsi que celles des jeunes ne sont pas citées. On peut penser que les deux premières relèveront du ministère des solidarités, alors que les jeunes pourraient être revendiquées par celui-ci, mais aussi par les sports (Laure Flessel) voire par la cohésion des territoires (Richard Ferrand). Cela promet de belles bagarres dans le secret des ministères et des administrations centrales... De même, la fonction publique ne dépend plus d'aucun maroquin ministériel et devrait être rattachée au ministère de l'action et des comptes publics, confié à l'ex-Républicain Gérald Darmanin.

Une grande médecin à la santé et aux solidarités

Agnès Buzyn succède donc à Marisol Touraine à la tête de ce grand ministère sanitaire et social. Ce n'est qu'une demi-surprise dans la mesure où cette médecin avait pris des galons en accédant l'an dernier à la présidence de la Haute autorité de santé (HAS). 55 ans, une carrière d'universitaire et d'hématologue reconnue, des responsabilités dans divers organismes officiels... Agnès Buzyn a tous les atouts pour traiter les enjeux de la santé. En revanche, on ne lui connaît pas de compétence particulière sur les questions des solidarités. Et pourtant, les dossiers ne manquent pas, depuis le suivi du plan anti-pauvreté jusqu'à celui de la loi ASV, sans oublier l'avenir de l'aide à domicile. Les organisations du secteur vont surveiller de très près les premiers pas d'Agnès Buzyn pour voir si elle se saisit de ces enjeux qui, même escamotés, ont montré toute leur importance pendant la campagne présidentielle.

Une militante associative au handicap

Aux personnes handicapées, le Premier ministre s'est choisie une secrétaire d'Etat ultra-compétente, Sophie Cluzel. Présidente de la Fédération nationale des associations au service des élèves présentant une situation de handicap (Fnaseph), cette femme de 56 ans, mère notamment d'une enfant trisomique, a également été administratrice de l'Unapei (2011-2013). Elle s'est beaucoup engagée en faveur de l'insertion à l'école des enfants handicapés. Interviewée en 2013 par tsa, elle se félicitait du plan de titularisation des auxiliaires de vie scolaire (AVS) tout en demandant de "ne pas rester au milieu du gué". Elle aura la lourde responsabilité de mettre en oeuvre l'une des priorités du Président Macron : "ne plus laisser aucune personne handicap��e sans solution". Dans un premier temps, elle va devoir s'atteler à la rédaction du 4e plan autisme, un dossier qui reste l'un des points noirs français, comme l'a souligné récemment l'Igas (lire notre article)

Une féministe à l'égalité des sexes

L'égalité femmes/hommes devra se contenter d'un secrétariat d'Etat, lui aussi rattaché à Matignon, et non d'un ministère de plein exercice, comme Emmanuel Macron s'y était engagé. Le poste échoit à la femme la plus jeune de l'équipe gouvernementale (35 ans), Marlène Schiappa. Cette élue du Mans, passée du PS à En Marche, est d'abord une militante des droits des femmes. Elle est à l'origine du blog Maman travaille qui, depuis sa création en 2008, a reçu plus de 8 millions de visites. Elle a fait éclore le concept de "plafond de mère" pour expliquer les discriminations implicites dont sont victimes les mères de famille. Marlène Schiappa a publié plusieurs essais et travaux de recherche autour du féminisme. A noter qu'elle avait été embauchée au cabinet de la ministre des droits des femmes Laurence Rossignol, et ce jusqu'en 2016. 

 

(1) Cette disparition a provoqué l'ire de l'ancienne ministre Michèle Delaunay dans un billet de son blog : "L'inexcusable erreur".

 

Le casse-tête du logement

Etonnamment absent de l'architecture gouvernementale, le logement apparaît comme le parent pauvre de la politique du nouveau président. Celui-ci avait pourtant pris de nombreux engagements devant la Fondation Abbé Pierre en début d'année alors même que la crise du logement est loin de s'être résorbée.

Devant cette absence, la ministre sortante Emmanuelle Cosse ne savait pas vers qui se tourner pour remettre les clés de son ministère... qu'elle a finalement confiées au ministre de la cohésion des territoires, le très macroniste Richard Ferrand. Reste à savoir quel sort celui-ci va réserver à toutes les questions suivies par l'ancienne leader écologiste, notamment l'hébergement d'urgence.  

 

 

Action sociale

L'action sociale permet le maintien d'une cohésion sociale grâce à des dispositifs législatifs et règlementaires.

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Noël Bouttier
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