Hélène-Sophie Mesnage : "La question est de savoir jusqu’à quand les CCAS vont pouvoir tenir"

Hélène-Sophie Mesnage : "La question est de savoir jusqu’à quand les CCAS vont pouvoir tenir"

29.09.2016

Action sociale

Le congrès de l'Union nationale des centres communaux d'action sociale (Unccas) qui fête ses 90 ans s'ouvre ce 29 septembre à Clermont-Ferrand. Thème central : comment les événements internationaux influent sur l'action sociale de proximité ? Avec la déléguée générale adjointe Hélène-Sophie Mesnage, tour de piste des grands sujets de préoccupations.

Le congrès de l'Union nationale des centres communaux d'action sociale (Unccas) devait accueillir le Président de la République, le 30 septembre, au second jour de ce congrès qui se déroule dans la capitale auvergnate. Mais François Hollande a dû annuler son intervention en raison des obsèques de l'ancien Président et Premier ministre israélien, Shimon Peres. Ce devait être l'occasion pour la présidente de l'Unccas, Joëlle Martinaux, de rappeler quelques-unes des préoccupations des élus et des agents s'occupant de l'action sociale de proximité.

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Entre nouveaux enjeux (comme l'accueil des réfugiés), questions plus anciennes (la domiciliation des personnes à la rue, le maintien des services d'aide à domicile) et inquiétudes sur l'avenir des CCAS, la déléguée générale adjointe, Hélène-Sophie Mesnage, fait un tour d'horizon des sujets du moment.

Loi santé du 26 janvier 2016

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tsa : Le congrès de l’Unccas de Clermont-Ferrand entend explorer « l’effet papillon » sur les structures d’action sociale. Pourquoi un thème si iconoclaste ?

Hélène-Sophie Mesnage : Pour ce congrès marquant les 90 ans de l’Unccas, nous souhaitions trouver un fil rouge couvrant l’ensemble des champs des CCAS. Il s’avère que des événements internationaux comme les flux migratoires, les délocalisations et les dérèglements climatiques impactent de plus en plus le travail au quotidien des CCAS. Ceux-ci ne peuvent plus s’intéresser seulement à ce qui se passe au sein de leur territoire.

Les CCAS sont-ils réactifs aux événements qui se produisent chez eux ?

Lors des inondations de mai-juin, les CCAS ont répondu présent en organisant des appels aux dons, des mises à l’abri, etc. Ils ont souvent joué un rôle de coordination des différents intervenants. Nos centres doivent articuler deux types d’intervention : dans l’urgence, trouver des solutions à des problèmes humains souvent graves ; mettre en place des actions sur le long terme notamment dans une optique de prévention.

Sur la question de l’accueil des réfugiés, les CCAS sont-ils actifs ?

Rappelons que chaque commune est libre d’intervenir ou non sur cette question. Des CCAS ont distribué des aides matérielles, d’autres coordonnent l’accueil de réfugiés, certains, comme Strasbourg, ont mis en place un numéro vert permettant aux citoyens souhaitant s’engager auprès des réfugiés de trouver des réponses, etc.

Sur cette question politiquement passionnée, comment l’Unccas se positionne-t-elle ?

Par-delà leurs différences politiques, les administrateurs ont toujours voulu dépassionner les débats en proposant aux adhérents de l’Unccas des clés de lecture. Après, c’est à chaque commune de se positionner sur cette question, sachant que le CCAS n’est que le bras armé de la politique communale.

Comment progresse la domiciliation des personnes sans domicile qui est souvent exercée par les CCAS ?

Effectivement, selon une enquête réalisée en 2015, les trois quarts des CCAS domicilient et la proportion dépasse les 90 % pour les communes de plus de 5 000 habitants. Le coût pour le CCAS, entièrement à la charge de la collectivité, est en moyenne de 80 000 €. Nous constatons cependant que les schémas de domiciliation ne couvrent pas encore l’ensemble du territoire. C’est de la responsabilité de l’Etat via les préfets d’élaborer cet outil essentiel pour l’accès aux droits dans le cadre du plan de lutte contre la pauvreté.

Les services d’aide et d’accompagnement à domicile font-ils les frais dans les CCAS de la crise du secteur ?

30 % des CCAS des villes de plus de 80 000 habitants, gestionnaires de Saad, ont déjà envisagé de fermer leur service. La question du déficit n’est pas la bonne car on accepte que d’autres services publics perdent de l’argent. Cependant, un reste-à-charge trop élevé n’est pas forcément supportable pour la commune.

D’autant que celles-ci ont des dotations en diminution. Les CCAS font-ils les frais de cette réduction des moyens ?

Une étude sur ce thème sera publiée lors du congrès. Il semble que les budgets des CCAS n’ont pas été amputés, malgré les problèmes budgétaires. Mais les difficultés des départements avec lesquels les CCAS travaillent énormément pourraient avoir un effet boule de neige. Donc la question est de savoir jusqu’à quand les CCAS vont pouvoir tenir.

Vous vous êtes largement opposés à une disposition de la loi Notre qui rend la présence d’un CCAS facultative dans les communes de moins de 1 500 habitants. Quels sont ses effets sur le terrain ?

A la fin de 2015, un certain nombre de dissolutions de CCAS ont été annoncées, mais les autorités ne nous ont pas fourni de chiffres. Nous espérons que sur ces territoires, les centres intercommunaux d’action sociale (CIAS) vont prendre le relais. Nous sommes attentifs à ce que devient la question sociale en cas de fusion de deux structures intercommunales. Il faut que la compétence sociale soit vraiment traitée à cette échelle. Elle ne peut être secondaire.

Noël Bouttier
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