[interview] "Cela fait 10 ans que l’on intègre du plastique recyclé dans nos emballages"

[interview] "Cela fait 10 ans que l’on intègre du plastique recyclé dans nos emballages"

19.04.2018

Environnement

Si Arnaud Rolland, directeur de la RSE de Coca-Cola European Partners France explique que son entreprise "partage l’objectif des pouvoirs publics de recycler 100 % des plastiques en 2025", il s'est aussi fixé une autre mission : passer de 25 à 50 % de matière secondaire dans les bouteilles. Des difficultés d'approvisionnement se posent.

Avec cinq usines sur le territoire français, Coca-Cola European Partners emploie 2 600 personnes qui assurent la fabrication, la commercialisation et la distribution des boissons de sa maison mère. Il y a 10 ans, le groupe s’est fixé l’objectif de réduire d’un tiers une empreinte carbone constituée à 52 % par ses emballages, ce qui l’a obligé à mettre l’accent sur l’écoconception. Ses bouteilles ont dès lors été allégées (de 15 % pour le plastique, de 20 % pour le verre). Elles intègrent parallèlement une part croissante de matière première secondaire (du rPET pour ce qui concerne les plastiques). Objectif désormais : "atteindre 100 % de collecte et de recyclage des emballages à horizon 2025".

Zoom sur les enjeux qui restent à surmonter avec Arnaud Rolland, le directeur RSE de l’entreprise.

 

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Lors de la grande concertation sur l'économie circulaire, on a beaucoup parlé du retour de la consigne du verre. Qu’en pensez-vous ?

Arnaud Rolland : C’est l’un des axes de notre stratégie RSE et les bouteilles en verre que l’on vend aux cafés, hôtels et restaurants sont déjà consignées en vue du réemploi. Deux de nos usines sont équipées pour les laver et les emplir à nouveau. Mais attention, étendre ce principe à la grande consommation est prématuré. Si on ne s’interdit aucune option, il est beaucoup trop tôt pour dire avec certitude et sans réelle étude d’impact si cela aurait un sens. N’oublions pas que le taux de collecte du verre atteint déjà 85 % sans message financier adressé au consommateur et que son recyclage fonctionne très bien. Les grands enjeux sont ailleurs.

Notamment dans le secteur des plastiques…

Arnaud Rolland : En effet. On partage l’objectif des pouvoirs publics de recycler 100 % des plastiques en 2025. L’extension des consignes de tri devrait par exemple permettre de mieux valoriser les films. Des efforts doivent encore être faits parallèlement pour mieux capter les bouteilles dont le taux de collecte plafonne à 57 % si l’on en croit les chiffres de Citeo (ex Eco-Emballages). Cela fait dix ans que l’on intègre du plastique recyclé dans nos emballages. En Côte-d’Or, nous avons notamment investi 9 millions d’euros dans l’outil industriel de recyclage d’Infineo pour qu’il produise davantage de matière recyclée (48 000 tonnes contre 28 000 auparavant). Notre objectif est de passer de 25 à 50 % de matière secondaire dans nos bouteilles, mais il existe déjà aujourd’hui une tension continue sur l’approvisionnement en PET recyclé et nous devons parfois aller chercher de la matière à l’étranger. 

Quelles sont les pistes pour mieux capter le gisement ?

Arnaud Rolland : La situation du tri est très hétérogène. On a des territoires qui atteignent des taux de collecte de 85 % quand d’autres, comme certains grands centre urbains, plafonnent à 10 %. Les solutions à apporter ne sont dès lors pas les mêmes partout. Dans les grandes villes, l’enjeu est clairement de trouver de nouvelles solutions. La chaîne de distribution Franprix teste notamment dans quelques magasins une nouvelle forme de consigne avec des machines dites de "reverse vending" qui permettent à chaque client de toucher un centime d’euro par bouteille ramenée ou de verser cette somme à une association. Nous devons voir comment les clients réagissent, étudier leurs comportements pour comprendre s’il est opportun de contribuer à développer le système. Cette expérimentation peut être mise sur le même plan que le dispositif Trilib annoncé à Paris fin décembre et dont le rôle est lui aussi de capter des gisements additionnels avec des containers installés dans la rue, notamment pour les habitants en situation de nomadisme et pour ceux qui n’ont pas assez d’espace dans leur immeuble. 

Et côté industriels ? Certains professionnels du déchet demandent à ce que l’on aide les entreprises à incorporer davantage de matière recyclée. Est-ce un défi majeur ?

Arnaud Rolland : Ce n’est pas ce qui nous pousse à agir depuis dix ans. Économiquement, incorporer de la matière recyclée nous coûte en effet plus cher, même s’il est difficile de donner des chiffres du fait de la variabilité des cours de la matière vierge. Nous le faisons néanmoins car nous devons assumer notre responsabilité et garantir que nous saurons développer notre activité sur le long terme. Techniquement, il existe des contraintes sanitaires pour respecter les mêmes standards alimentaires que pour le plastique neuf, mais nous savons les surmonter et nous irons à l’avenir beaucoup plus loin. Toutes nos emballages sont 100 % recyclables. Je le répète : l’enjeu majeur, c’est de mieux capter les gisements de déchets pour les réintroduire dans la boucle.

Environnement

La mise en place d’une stratégie environnementale cohérente s’impose de plus en plus aux entreprises du fait de la complexité de la législation pour la protection de l’environnement et de la multiplicité des réformes. En effet, de nombreuses lois et réglementations ont récemment impacté les activités économiques (autorisation environnementale, concernant notamment les ICPE, loi de transition énergétique, loi biodiversité)

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Olivier Descamps

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