L’alerte canicule déclenchée sans coup de chaud

L’alerte canicule déclenchée sans coup de chaud

20.06.2017

Action sociale

Météo France a étendu sa vigilance orange à 51 départements lundi après-midi. De Bayonne à Dijon, l’alerte a été relayée, par les Agences régionales de santé, à l’intention notamment des établissements médico-sociaux concernés. La mise en œuvre du plan canicule, désormais, y paraît presque routinière… Mais dans la chaleur, le manque de personnels, lui, est encore plus criant.

A son arrivée à la maison de retraite Saint-Louis, à Champtoceaux, ce lundi matin, Fanny Le Jallé a pu découvrir un mél, envoyé la veille par l’Agence régionale de santé (ARS) des Pays-de-la-Loire. En raison de la canicule, la vigilance orange venait d’être enclenchée, dans son département du Maine-et-Loire… Il lui appartient dès lors, comme le lui demande le courriel, « de mettre en œuvre les mesures et recommandations permettant la gestion de cet épisode ». Ces consignes, classiques, lui ont déjà été rappelées, dans un mél diffusé le 16 juin : « assurer une hydratation régulière et suffisante », « mettre en place une pièce rafraîchie », ou encore « déclencher le Plan Bleu » prévu par l’établissement pour gérer les crises… Et puisque l’alerte canicule est maintenant activée, la directrice de cet établissement de CCAS est invitée à signaler à son ARS toutes les difficultés qu’elle pourrait rencontrer.

51 départements

Bien des directeurs d’établissements ont pu découvrir de tels courriels ce lundi 19 juin : à 6 heures, la vigilance orange concernait déjà douze départements de l’ouest, des Pyrénées-Atlantiques jusqu’au Maine-et-Loire, ainsi que Paris et sa petite couronne. Depuis, dès 16 heures, l’alerte a encore été étendue par Météo France, à pas moins de 51 départements - n’épargnant pour le moment que le Nord-Est et les riverains de la Manche ou de la Méditerranée. L’épisode, jugé « intense pour la période », devrait durer au moins jusqu’au 21 juin au matin. Pour y faire face, la Direction générale de la santé a elle-même mis en place une plateforme téléphonique d’information, au 0 800 06 66 66.

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« Hospitaliser à temps »

Pour sa part, l’ARS de Nouvelle Aquitaine s’est chargée de relayer l’alerte dans ses douze départements, et une cellule de crise y a été activée. « L’idée principale, pour l’ensemble de nos établissements médico-sociaux, et que les populations accueillies soient bien prises en charge, bien hydratées, et ne subissent pas de complication directe de la canicule », y explique Pascal Fabre, médecin à la cellule de veille, d’alerte et de gestion sanitaire. Cependant depuis quelques années, les ARS sensibilisent aussi les médecins coordonnateurs des Ehpad « à être très vigilants avec les personnes âgées, afin qu’elles soient hospitalisées à temps ». Tous les responsables médico-sociaux sont en outre incités à signer des conventions avec des établissements de santé, afin d’anticiper et d’organiser les recours aux hospitalisations – « en Nouvelle-Aquitaine, cela a déjà été fait par près de 85 % des établissements », précise Pascal Fabre. « Tous ces ajustements sont importants : les atermoiements, lors des hospitalisations, peuvent, en effet, être à l’origine de difficultés. » Ceci étant, près de quinze ans après la canicule meurtrière de 2003, « les établissements commencent à bien connaître toutes les procédures », juge le médecin. « C’est presque une routine », admet-il…

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Privés de beurre blanc

Sur les bords de Loire, à Champtoceaux, Fanny Le Jallé ne semble d’ailleurs pas trop transpirer pour prévenir les coups de chaud. « Chaque membre du personnel sait ce qu’il a à faire » : à la secrétaire de demander aux familles d’apporter leurs ventilateurs, aux aides-soignantes d’hydrater, d’aérer et de fermer les volets, aux infirmiers d’assurer le suivi de la nutrition et des déshydratations… Quant à la directrice, elle vient notamment de commander 50 brumisateurs en pharmacie pour éviter les ruptures de stocks. Le menu lui-même a été adapté : le sacro-saint beurre blanc des bords de la Loire est désormais évité, au profit de fruits en plus grande quantité. Seul hic à noter : le « repas des familles », prévu pour ce mardi, a dû être annulé. Une animation doit être proposée aux seuls résidents, dans la salle climatisée.

Malaise pour un salarié

Hydratation, pièce rafraîchie, aération aux heures adéquates : le régime est le même à l’Ehpad la Sainte-Famille, à Nueil-les-Aubiers (Deux-Sèvres). Et dans cet établissement public de CCAS, également, le directeur Ludovic Blot met en œuvre son plan bleu, jusqu’ici sans difficulté particulière. « Mais la semaine va être longue », redoute-t-il. « Les conditions de travail sont alors plus difficiles pour les personnels : l’an dernier un salarié avait fait un malaise ».

Voilà au fond un écueil des alertes canicule dans les établissements médico-sociaux. « Certes l’exercice est aujourd’hui de l’ordre de la routine, et les personnels y sont désormais bien formés », reconnaît Claudy Jarry, le président de la Fnadepa. « Mais à la fois, il suscite des difficultés supplémentaires », dans un secteur déjà « sous-doté et en tension de personnels ». A l’AD-PA, le président Pascal Champvert parvient aux mêmes conclusions. « Depuis 2003, l’Etat a fait tout ce qui était facile à réaliser pour sauver des vies, que ce soit à travers l’information ou la prévention » - avec même quelques excès, selon lui, puisque « des urgentistes voient maintenant arriver des gens qui ont trop bu ». En revanche, « le problème de fond, lui, n’a pas été réglé » : qu’il fasse froid, bon ou chaud, les personnels manquent auprès des personnes âgées.

Olivier Bonnin
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