La Fondation Abbé Pierre fait la chasse aux lieux anti-SDF

La Fondation Abbé Pierre fait la chasse aux lieux anti-SDF

07.12.2017

Action sociale

Dans les villes, de plus en plus de lieux publics deviennent hostiles à la présence des sans domicile fixe. La Fondation Abbé Pierre a lancé une grande opération de communication pour alerter sur la montée de ces comportements inhumains. L'association en profite pour remobiliser autour de ses propositions visant à réduire le nombre de personnes à la rue.

Vous les avez sans doute vus dans les grandes villes, ces aménagements de bancs, de bordures d'immeubles ou de sorties de garages qui visent à empêcher le stationnement des personnes à la rue. Des espaces publics sont ainsi rendus infréquentables à ceux qui, privés de domicile, sont en quête de lieux où ils peuvent s'asseoir, se reposer, déjeuner voire s'allonger. Souvent, ces aménagements consistent en la pose de grilles, de plots ou de barres de fer tranchantes. Mais parfois, le "raffinement" va plus loin. Dans le centre de la capitale, comme le raconte Le Parisien, un jet d'eau est activé automatiquement sur ceux qui s'approchent d'une entrée de garage sans y être autorisés.

Opération "coup de poing"

Ce développement de lieux hostiles aux SDF, la Fondation Abbé Pierre a choisi de le dénoncer lors d'une opération "coup de poing" dans les rues de Paris, Lyon, Marseille et Metz. Au petit matin du 6 décembre, des militants de cette organisation, associés à ceux d'Emmaüs Solidarité, ont placardé des affiches juste à côté des espaces interdits dans ces quatre villes. Le message de l'affiche est simple : "Au lieu d'empêcher les SDF de dormir ici, offrons-leur un logement décent ailleurs".

Action sociale

L'action sociale permet le maintien d'une cohésion sociale grâce à des dispositifs législatifs et règlementaires.

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"On file un mauvais coton..."

La Fondation a décidé de mettre sur la place publique cette fermeture de l'espace urbain qui rend la vie encore plus difficile à des personnes déjà fort démunies. "En 2013, explique Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, nous avions lancé une campagne de communication sur le thème : "La pauvreté n'est pas un crime". Nous constations alors la multiplication des arrêtés anti-mendicité et aussi celle du mobilier urbain anti-SDF. Là, avec cette action, nous avons souhaité interroger l'ensemble de la société sur la place faite aux SDF. On file un mauvais coton si on croit régler le problème en le déplaçant ou le rendant invisible."

Loi santé du 26 janvier 2016

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Initiatives citoyennes solidaires

Parallèlement, la fondation constate la montée d'initiatives citoyennes qui vont dans le sens de la solidarité aussi bien avec les réfugiés que les gens à la rue. Voilà pourquoi cette opération se double d'une mobilisation sur les réseaux sociaux. Les citoyens, quel que soit leur lieu d'habitation, sont ainsi invités à photographier ces espaces interdits aux sans-abri et à poster cette photo avec le hastag #SoyonsHumains sur le site soyonshumains.fr qui recense tous ces lieux.

Les propositions de la Fondation

Le message de l'association ne vise évidemment pas à encourager le maintien des gens à la rue. Mais il s'agit de ne pas rajouter des difficultés à d'autres difficultés. Alors que la situation des personnes à la rue est jugée catastrophique par les responsables du Samu social de Paris, la Fondation entend reposer la question d'un logement pour tous. Elle rappelle, à cette occasion, ses propositions : priorité aux ménages les plus pauvres pour un quart des attributions en HLM, construction annuelle de 150 000 logements très sociaux, mobilisation du parc privé à des fins sociales, accueil inconditionnel des gens à la rue, etc.

Paradoxe gouvernemental

Six mois après l'arrivée d'une nouvelle majorité politique, la Fondation note "un paradoxe qui témoigne d'un manque de cohérence". "D'un côté, analyse Christophe Robert, nous observons avec satisfaction que la stratégie du Logement d'abord commence à se mettre en place. En février, la liste des 15 communes qui vont expérimenter le dispositif sera connue. D'un autre côté, nous sommes échaudés par certains discours ou mesures, comme sur les APL, le logement social ou les moyens accordés aux CHRS (lire notre article). Si on règle des problèmes ici et si on en crée d'autres ailleurs, on n'aura pas beaucoup avancé." Et en observant la situation très préoccupante des familles à la rue, le délégué général de la Fondation enfonce le clou : "Avant toute transformation structurelle de la question du logement, il faut apporter des réponses aux situations d'urgence."

Noël Bouttier
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