Les avocats se lancent sur le marché de la médiation

Les avocats se lancent sur le marché de la médiation

21.09.2017

Gestion d'entreprise

Hier, lors de sa conférence de presse de rentrée, le Conseil national des Barreaux (CNB) a présenté son site internet « cnma.avocat.fr ». Il permet aux justiciables, particuliers ou entreprises, de se mettre en relation avec un avocat médiateur.

« Hors de question que l’avocat abandonne ce marché à d’autres ! », a affirmé hier Pascal Eydoux, président du Conseil national des Barreaux (CNB), lors de la conférence de presse de rentrée de l’institution. L’occasion de présenter la nouvelle plateforme de médiation en ligne, ainsi que les raisons – principalement économiques – qui ont poussé la profession à se lancer sur ce créneau. 

260 avocats médiateurs déjà référencés 

Concrètement, la plateforme de médiation lancée par le CNB (« cnma.avocat.fr ») permet aux utilisateurs de chercher un avocat médiateur par ville, par barreau, par langue et par domaine de spécialité, ainsi qu’un avocat « accompagnant » afin de les assister durant le processus de médiation. « 260 avocats médiateurs sont déjà référencés sur le site. Et c'est un référencement qualitatif », affirme le président du CNB. En effet, pour y être inscrits, les avocats doivent répondre à des conditions strictes en termes de formation et / ou d’expérience :

  • soit, avoir suivi 200 heures de formation à la médiation, ou au moins 140 heures si la formation est complétée par une expérience pratique ;
  • soit, avoir validé 4 ans de pratique de la médiation et réalisé au moins 10 médiations.

Ensuite, « leur demande est examinée par un comité scientifique ».

Concernant les tarifs du service, il n'y aura « pas de barème » en raison de la libre fixation des honoraires par les avocats. Mais « ils seront connus à l'avance », assure Pascal Eydoux. 

Un marché - trop - concurrentiel ?

Alors, pourquoi la profession a-t-elle décidé de se lancer sur ce créneau ? « Le métier d'avocat doit évoluer pour des raisons sociologiques et économiques », explique le président du CNB. « Les avocats ne sont plus inscrits dans une démarche unique de gestion du contentieux. Le grand public nous identifie toujours trop à nos robes, alors que cela ne suffit plus à caractériser nos missions. Depuis plusieurs années, nous sommes dans une logique d'accompagnement de nos clients pour éviter les contentieux ». Et le développement de la médiation grâce à la loi Justice du XXIe siècle (loi « J21 »  - voir notre dossier) - notamment par la reconnaissance de l'acte de procédure d'avocats - est une aubaine pour la profession. Par ailleurs, le grand public serait également en demande, car il « supporte de moins en moins l'aléa judiciaire et veut participer à l'élaboration de la solution à son problème ». Ce que permet la médiation.

Mais le marché de la médiation est très convoité, que ce soit par les legal tech ou d'autres professionnels du droit comme les huissiers de justice, qui ont lancé leur propre plateforme de médiation « Medicys.fr », il y a déjà quelques années. Alors pourquoi choisir un avocat médiateur plutôt qu'un autre professionnel ? « Nous sommes les mieux placés pour apporter de la sécurité juridique à nos clients. Les avocats sont des modèles en termes de déontologie, de gestion du secret professionnel ou des conflits d'intérêts. Ce que ne sont pas nos concurrents sur le marché », répond Pascal Eydoux. Enfin, celui-ci envisage d'associer les représentants de plusieurs secteurs d'activité à la plateforme pour générerdu trafic. « C'est indispensable. Le CNB doit développer des partenariats économiques ».

Leslie Brassac

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