Les missions locales mettent la gomme sur la connaissance du monde du travail

Les missions locales mettent la gomme sur la connaissance du monde du travail

10.03.2017

Action sociale

Jusqu'au 17 mars, les missions locales proposent des événements pour faire découvrir au grand public leurs missions. De plus en plus de structures privilégient l'insertion professionnelle des jeunes dans le monde économique. A Ivry/Vitry, dans le Val-de-Marne, la mission locale les aide à décrypter les codes culturels du monde des entreprises.

Parfois, on assiste à de spectaculaires retournements de situation. Voici quelques années, les difficutés s'amoncelaient autour des missions locales. Leurs financements, notamment des collectivités locales, étaient souvent menacées et leur "monopole" sur l'accompagnement des jeunes en difficulté était remis en cause par des initiatives privées, avec des méthodes inspirées par le coaching personnel (avec parfois à la clé des échecs retentissants). A la faveur du déploiement de la garantie jeunes, les missions locales sont, depuis deux ou trois ans, revenues en odeur de sainteté. Lesquelles missions locales organisent du 9 au 17 mars la seconde édition de leur semaine nationale. Au programme, environ 700 événements dans toute la France (voir la carte interactive) pour sensibiliser le grand public à l'importance d'un accompagnement global des jeunes (plus ou moins) en difficultés d'insertion.

Traditionnellement, les missions locales se sont d'abord préoccupées des questions de vie quotidienne auxquelles les jeunes sont souvent confrontés : trouver un logement, prendre en charge sa santé, choisir une formation. Avec l'aggravation du chômage des jeunes et la stigmatisation de ceux qui sont issus des "quartiers", elles ont mis davantage l'accent sur l'insertion professionnelle, comme l'explique ici Florent Michelin, directeur depuis 2010 de la mission locale de Vitry/Ivry, un territoire défavorisé du Val-de-Marne, à quelques encablures de la capitale.

 

tsa : Quelles sont les caractéristiques de la mission que vous dirigez ?

Florent Michelin : Cette structure a été créée en 1999 par Vitry et Ivry [les deux communes sont dirigées par un maire PCF, NDLR] qui assurent à tour de rôle sa présidence. Elle emploie 34 personnes et accompagne environ 3 300 jeunes (la mission est en contact avec 5 000 jeunes).

Vous êtes le directeur de la mission depuis 2010. Quelles évolutions majeures avez-vous impulsé ?

Quand j'ai pris mes fonctions (avant j'étais adjoint), j'ai considéré que la mission n'était pas suffisamment orientée vers la connaissance du monde des entreprises. On se rendait très souvent compte dans le suivi des jeunes qu'ils ne maîtrisaient pas les codes de l'entreprise. Résultat : beaucoup d'entre eux se trouvaient en difficulté, par exemple pour justifier un retard. Cette méconnaissance des règles pouvait conduire à une rupture du contrat de travail, à l'occasion de la fin de la période d'essai.

Comment remédier à cet enjeu de l'acculturation vis-à-vis du monde de l'entreprise ?

Depuis deux ans, nous organisons une semaine de découverte des métiers (à peu près chaque mois). Le principe est simple : nous invitons des représentants d'entreprise à venir rencontrer un groupe de jeunes sur un thème (par exemple sur les plateformes d'appels). Au sortir de cette demi-journée d'échanges, les formateurs reprennent tous les points sensibles de la vie en entreprise, notamment via des jeux de rôles, pour faire progresser les jeunes et pour mieux comprendre les règles à respecter. Nous essayons de les inscrire dans cette dynamique dès la semaine de découverte des métiers : les stagiaires doivent prévenir par téléphone la mission locale s'ils comptent arriver en retard à la formation. Cette question de la ponctualité revient souvent dans les causes d'échec de l'intégration dans les entreprises.

Quels changements observez-vous chez certains jeunes ?

Très souvent, la rencontre avec des DRH révèle chez eux des potentialités. Les jeunes découvrent, par exemple, que la "tchatche" qu'ils ont peut leur ouvrir des portes dans les métiers du commerce ou des centres d'appels. La parole de ces entrepreneurs est jugée plus légitime par les jeunes que les fiches métiers qui correspondent pour eux à une approche trop scolaire (alors même que beaucoup d'entre eux ont vécu des échecs à l'école).

Les professionnels de la mission locale ont-ils bien accueilli cette innovation ?

Au début, ne le cachons pas, des doutes ont été exprimés par une partie du personnel. Ils avaient le sentiment que cette méthode ne pouvait pas produire des résultats car elle ne correspondait pas à des pratiques orthodoxes de l'insertion professionnelle. Mais les réserves sont tombées rapidement quand l'équipe s'est rendue compte de l'efficacité de ces semaines de découverte des métiers. L'objectif de cette formation est d'inscrire les jeunes dans une dynamique qui va leur permettre de reprendre la main sur leur environnement.

 

50 conseillers justice pour les missions locales
Depuis 30 ans, les missions locales et le ministère de la justice développent des coopérations pour soutenir l'insertion des jeunes suivis par la justice. A l'occasion d'une nouvelle convention signée le 7 mars à laquelle s'est associée le ministère de l'emploi, celui-ci a indiqué qu'il allait financer 50 postes de conseillers justice au sein des missions locales. Ces conseillers pourront intervenir partout où se trouvent ces jeunes (mineurs ou majeurs) sous main de justice : établissement pénitentiaires, lieux d'hébergement ou de placement.

 

Action sociale

L'action sociale permet le maintien d'une cohésion sociale grâce à des dispositifs législatifs et règlementaires.

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Noël Bouttier
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