Les stages au pot commun

Les stages au pot commun

29.06.2017

Action sociale

Comment aider les étudiants à trouver des stages, de surcroît intéressants et diversifiés, dans le contexte actuel de raréfaction des terrains professionalisants ? Lors de la conférence organisée cette semaine à Paris par l’Unaforis sur les formations en travail social en Europe, l'initiative de l’Iforis en Pays de la Loire a retenu notre attention. Solidaire et duplicable.

Ce mercredi 28 juin au matin, dans l’un des multiples ateliers de cette conférence tentaculaire, l’Iforis – un institut de formation du Centre national des arts et métiers (Cnam) spécialisé dans l’intervention sociale en Pays de la Loire – est venu présenter une démarche réjouissante pour favoriser la recherche de stages de la soixantaine d’étudiants conseillers en éducation sociale et familiale (CESF) qu’il accueille annuellement. L’idée n’est pas récente – elle a vingt-sept ans ! – mais elle est plus pertinente que jamais. « Notre challenge est double : s’assurer que les étudiants puissent partir très tôt sur le terrain, compte tenu de la densité de leur année de spécialisation en ESF, et les aider à trouver un stage en phase avec leurs aspirations professionnelles », explique la formatrice Chantal Boursier. Pour ce faire, l’institut s’y prend très en amont et voit large. Son équipe commence à chercher des stages six mois avant la rentrée, dans un fichier de 6 500 adresses en Pays de la Loire, mais aussi à Paris et en région parisienne, dont il faut chaque année vérifier la pertinence. « On s’assure que nos exigences sont compatibles avec celles des terrains et que les sites visés sont bien qualifiants », poursuit la formatrice.

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Mutualiser les ressources et les dépenses liées aux stages

Mais il reste à lever les freins familiaux, personnels et financiers à l’accès à des stages situés parfois très loin du domicile. Et c’est là que réside toute l’inventivité du dispositif. L’Iforis propose à ses étudiants – dès leur admission dans l’école – d’adhérer à un système de mutualisation des ressources et des dépenses liées aux stages. L’idée est que chaque étudiant s’engage librement, avant que des propositions de stages lui soient faites (afin de ne pas biaiser leur assentiment ou non), à remettre dans le pot commun d’une association toute gratification qu’il percevrait et à accepter la redistribution de tout cet argent à ceux qui auront le plus de frais relatifs à leur stage. Pour les en convaincre, l’institut fait intervenir les étudiants de la promotion précédente, qui racontent leur expérience. Si la promotion accepte à la majorité ce système, l’Iforis présente toutes ses propositions de stage. « Nous demandons alors aux étudiants de se positionner sur trois lieux possibles et on voit si tous les terrains sont couverts, note Chantal Boursier. Comme ce n’est jamais totalement le cas, on réfléchit collectivement, en fonction du projet de chacun, à ce qui pourrait convenir malgré tout comme stage aux uns et aux autres, en supposant les freins financiers levés, et bien sûr en tenant compte des autres problématiques qui peuvent se rencontrer (questions de santé, de garde d’enfants, de permis de conduire…). Les étudiants peuvent repositionner leurs choix tant que la négociation est en cours ». Un temps est ensuite laissé aux professionnels des terrains de stage pour qu’ils rencontrent les candidats stagiaires et les choisissent.

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Le succès est au rendez-vous

« Même si les étudiants sont avertis de ce fonctionnement associatif dès le moment de leur réussite au concours, tout ce processus de conviction et d’organisation se déroule en un mois : c’est sans doute un peu trop rapide pour permettre aux étudiants de choisir en toute conscience, on y va au forceps », reconnaît le directeur de l’Iforis Dominique Géraud. Mais le succès est là : début octobre, tous les futurs CESF ont un stage, avec une vraie diversité de terrains. Ce sont ensuite les étudiants eux-mêmes qui gèrent les comptes de l’association ainsi dédiée à cette péréquation financière, et qui organisent des soirées pour trouver des recettes supplémentaires. Depuis la mise en place de la gratification, l’association arrive à rembourser intégralement les frais de stage de tous les étudiants. En outre, l’initiative a le mérite de faire vivre des valeurs essentielles du travail social - solidarité et écoute mutuelle au cours de ces grandes négociations collectives (où les enseignants se maintiennent à un rôle de facilitateur) – et de faire découvrir aux étudiants les contraintes gestionnaires d’une association. Un bel exemple de méthodologie appliquée.

Laetitia Darmon
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