Loi Travail : les cadres opposés à une déconnexion forcée

Loi Travail : les cadres opposés à une déconnexion forcée

24.10.2016

Gestion du personnel

Selon l’enquête qui sera dévoilée ce soir, à l’occasion de la troisième édition du prix du DRH numérique, organisé par l’ANDRH, les cadres attendent un droit à la déconnexion. Mais à certaines conditions ! Le détail des résultats.

Nouveau chantier en vue pour les DRH : au 1er janvier 2017, les entreprises devront engager une négociation concernant le droit à la déconnexion de leurs salariés. La loi El Khomri prévoit, en effet, que les entreprises sont tenues de négocier avec les partenaires sociaux un compromis fixant les modalités d’exercice de ce droit. Un projet bienvenu : 62% des salariés expriment une forte attente quant à la régulation de l’utilisation des outils numériques, selon l’enquête "Pratiques numériques en 2016", réalisée par Eleas, un cabinet conseil spécialisé dans la qualité de vie au travail et la prévention des risques psychosociaux. L’enquête, dévoilée ce soir, à l’occasion de la troisième édition du prix du DRH numérique, organisé par l’ANDRH, révèle même qu’il s’agit d’un souhait exprimé par 75% des cadres sondés et 76% des jeunes.

Des temps de vie poreux

A l'heure où portables, tablettes et smartphones sont devenus incontournables, les frontières entre vie professionnelle et vie personnelle s'estompent. Plus d’un tiers des actifs (37%) utilisent les outils numériques presque tous les jours hors du temps de travail.

Or, pour l’heure, les initiatives mises en place par les entreprises sont rares. Seul un actif sur cinq considère que cette régulation est à l’œuvre en interne. "Les technologies de l’information et de la communication participent à l’accroissement des rythmes de travail", remarque Xavier Alas Luquetas, fondateur d’Eléas. Les cadres peinent à "débrancher" une fois la lumière de leur bureau éteinte. Aussi près d’un cadre sur deux se dit "exposé" à des débordements quotidiens du temps professionnel sur le temps personnel à cause des outils numériques.

Gestion du personnel

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.

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Contre "le devoir de se déconnecter"

Faut-il dès lors instaurer un droit à la déconnexion afin de limiter les connexions professionnelles hors travail et garantir un vrai droit au repos afin que le travail n’empiète pas trop sur la vie privée ? "Les cadres disent oui au droit à la déconnexion, non au devoir de se déconnecter", précise Xavier Alas Luquetas. Concrètement, ils ne souhaitent pas forcément un arrêt total des messageries, le soir ou le week-end. Ce type d'interdiction met à mal leur autonomie ; ils ne veulent pas être corsetés par un accord".

Ils apprécient, en effet, la souplesse de l’usage numérique. La digitalisation est, d’ailleurs, perçue comme un progrès pour 59% d’entre eux. Seuls 15% perçoivent les outils numériques comme une source de stress et 9% comme une menace pour leur poste de travail à l’horizon de trois ans.

D’ailleurs, ils ne veulent pas rater le coche du virage numérique : les cadres, au-delà de l’acquisition de nouvelles compétences, souhaitent être soutenus par leur entreprise afin de pouvoir adapter l’organisation des process aux innovations numériques. Les jeunes actifs attendent, quant à eux, un accompagnement dans la recherche d’efficience/efficacité des outils (58%) et une réactivité dans la résolution des dysfonctionnements numériques (58%).

Quelques accords précurseurs

Quelques entreprises, à l’instar de Réunica, Renault, Thalès, Total, BNP Paribas, ont, toutefois, pris les devants en paraphant des accords. Le groupe de prévoyance Réunica, qui a signé un avenant sur les forfaits-jours à l'accord sur la durée du travail, en janvier 2014, réaffirme, par exemple, que l'utilisation des nouvelles technologies en dehors des heures de l'entreprise constituent "des facteurs de risques psychosociaux". Et prévoit la fermeture des messageries électroniques de 20h à 7h et le week-end (du vendredi 20h au lundi 7h). Il ajoute qu'un collaborateur n'a pas à envoyer des courriels durant une période de suspension de son contrat de travail (congés payés, RTT, maladie, etc.), ni à répondre aux mails durant les horaires de fermeture des messageries ou envoyés par un collaborateur en congés, RTT ou arrêt de travail.

Une disposition non contraignante

Reste que ce type d’accords ne fera pas forcément des émules. Car si la loi Travail a introduit le droit à la déconnexion au nombre des négociations annuelles obligatoires, cette disposition n’est en rien contraignante : aucune obligation n’existe, en effet, pour les parties de conclure un tel compromis. Si aucun accord n’est trouvé, une simple charte pourra être mise en place. Mais "les entreprises pourront se saisir de cette occasion pour mettre en place une véritable politique de bien-être au travail en entreprise, incluant ce droit à la déconnexion", ajoute Xavier Alas Luquetas. Une première pierre, en quelque sorte.

Anne Bariet
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