Nicolas Hulot part ; François de Rugy arrive ; les dossiers restent

Nicolas Hulot part ; François de Rugy arrive ; les dossiers restent

05.09.2018

Environnement

Le choix du ministre de la transition écologique et solidaire Nicolas Hulot de quitter le gouvernement semble indiquer qu’il n’a pas obtenu gain de cause sur plusieurs arbitrages de dossiers en cours. Beaucoup ont été ouverts. Peu ont été refermés car aboutis. La trajectoire énergétique de la France et, entre autres, la préservation de la biodiversité sont désormais entre les mains de François de Rugy.

Une loi pour interdire à moyen terme l’exploitation des hydrocarbures sur le territoire national, une feuille de route sur l’économie circulaire, plusieurs plans pour "libérer" les énergies renouvelables… Les quinze mois de Nicolas Hulot passés au ministère de la transition écologique et solidaire auront laissé quelques traces.

 

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Des traces mineures pour les uns, essentielles pour d’autres, quoi qu’il en soit insuffisantes au regard de l’intéressé. Nicolas Hulot a profité de sa rentrée pour décider en un instant, le 28 août 2018, de faire ce dont rêve chaque salarié frustré par son travail au retour des vacances : mettre à exécution une menace qui le tourmentait depuis des mois. Se lever. Et partir.

L’ex ministre a le sentiment de ne pas avoir réussi à faire bouger les lignes sur les dossiers en cours. "Quand j'obtiens des choses, c'est pour éviter que je me barre, regrettait-il début août dans un entretien informel à Libération publié le jour de sa démission. Le problème, c'est qu’ils devraient le faire par conviction."

Un électrochoc ?

Le député de la majorité Matthieu Orphelin estime que la décision de Nicolas Hulot dont il est un proche "doit sonner comme un électrochoc. Pour tout le monde. Il faut faire plus, beaucoup plus. Pour le climat, la biodiversité, l'environnement, la solidarité. Et changer de modèle et de priorités. Car pour l'instant, on va dans le mur".

Soucieux d’éteindre le début d’incendie, le premier ministre Édouard Philippe s’est voulu rassurant en indiquant entre autres qu’un plan vélo et des mesures pour améliorer la qualité de l’air des villes polluées seraient lancés d’ici la fin du mois.

Nommé mardi 4 septembre, l’ex EELV, ex candidat à la primaire de gauche, et désormais ex président de l’Assemblée nationale, François de Rugy, semble quant à lui croire en ses chances pour que cet électrochoc soit suivi d’effets. Ses premières annonces sont attendues avec impatience.

Casse-tête nucléaire

Qualifiée de probable "grande actualité du mois d’octobre" par le secrétaire d’État Sébastien Lecornu, mais en débat depuis des mois et sans cesse repoussée, la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) censée définir une nouvelle trajectoire énergétique française jusqu’en 2028 pourrait servir de révélateur.

EDF continue avec l’appui des services de Bercy à mener une guerre larvée contre les objectifs de réduction de la part du nucléaire dans la production d’électricité fixés par la loi transition énergétique et dont les échéances ont déjà été repoussées. "Si je m'en vais, il va y avoir 3 EPR. Si je reste, on nommera les réacteurs à fermer", estimait Nicolas Hulot début août.

De fait, un rapport dont ont pris connaissance nos confrères des Échos préconise même de construire 6 nouveaux EPR à partir de 2025.

Questions de moyens

Pas sûr néanmoins que cela se fasse avec François de Rugy qui sur ce sujet a toujours été plutôt plus virulent que Nicolas Hulot. "Ce n’est plus EDF qui fait la politique de l’énergie en France, avait-il d’ailleurs déclaré mi-juillet. Si le patron d’EDF veut faire la loi, qu’il se présente aux élections législatives."

Rompu à l’exercice politique et conscient qu’il ne doit pas faire trop de vague, le nouveau ministre pourrait en revanche être plus coulant sur les moyens attribués à la transition énergétique et qui vont faire l’objet de discussions à l’Assemblée dans les semaines qui viennent avec le projet de loi de finances 2019.

Nicolas Hulot a beaucoup regretté qu’ils ne soient pas en adéquation avec les cibles retenues pour la transition énergétique. "On dit qu’on veut rénover 500 000 logements. On a baissé de moitié les moyens pour y arriver. Je sais très bien en actant le plan qu’on ne pourra pas atteindre les objectifs."

Agriculture et alimentation

Plus globalement, l’ex ministre a expliqué sur France Inter ne pas vouloir redémarrer l’année "dans le flou" sur "un certain nombre de points qui étaient importants pour repartir sur de bonnes bases".

La loi agriculture et alimentation, qui reviendra à l’Assemblée nationale mi-septembre après l’échec de la commission mixte paritaire, fait partie des cailloux dans la chaussure de Nicolas Hulot qui a regretté que "la remise en cause du modèle agricole [ne soit] pas là", ainsi que les positions de son collègue Stéphane Travert qui a gagné la plupart des arbitrages sur le sujet.

De grands projets qui posent question

Au-delà de la chasse accusée d’être la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, son combat pour la biodiversité pourrait enfin souffrir d’un manque d’incarnation avec le nouveau locataire de Roquelaure qui devra se fixer des priorités pour peser parmi ses collègues moins réceptifs aux questions écologiques.

Pas sûr en particulier que le concept "zéro artificialisation des sols" défendu depuis des mois et qui avait déjà du mal à se concrétiser par des mesures concrètes avec Nicolas Hulot sera repris par son successeur. Même s’il n’a jamais été un défenseur des grands projets, à commencer par Notre-Dame-des-Landes, François de Rugy pourrait être moins virulent que son prédécesseur à l’égard d’Europacity, que l’ex ministre avait "courageusement dénoncé", dixit le collectif pour le triangle de Gonesse, voire du projet dit "Montagne d’or" d’exploitation aurifère en Guyane.

 

La synthèse François de Rugy

Le nouveau ministre de la transition écologique et solidaire, nommé hier, mardi 4 septembre 2018, est un écolo pure souche. Ancien militant de Générations écologie, ancien élu vert.

À presque 45 ans, François de Rugy est aussi devenu en quelques mois un fidèle LREM. À peine écarté de la primaire de gauche en 2017, il a rejoint les rangs d’Emmanuel Macron, jugé moins dogmatique que le candidat socialiste Benoît Hamon.

Réélu à l’Assemblée nationale en juin 2017 et davantage aguerri au pouvoir que bon nombre de ses nouveaux collègues, il en a pris la présidence et a lancé plusieurs réformes internes dont il ne verra finalement pas l’aboutissement.

Environnement

La mise en place d’une stratégie environnementale cohérente s’impose de plus en plus aux entreprises du fait de la complexité de la législation pour la protection de l’environnement et de la multiplicité des réformes. En effet, de nombreuses lois et réglementations ont récemment impacté les activités économiques (autorisation environnementale, concernant notamment les ICPE, loi de transition énergétique, loi biodiversité)

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Olivier Descamps

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