Numéric���Emploi Grand Est, une main tendue aux geeks éloignés de l’emploi

Numéric���Emploi Grand Est, une main tendue aux geeks éloignés de l’emploi

29.06.2018

Action sociale

Qualifier des chômeurs de longue durée ou des décrocheurs scolaires pour les mener vers les métiers en tension du numérique, telle est l’ambition de Numéric’Emploi Grand Est. Constituée uniquement de représentants d’entreprises, l’association s’appuie sur les acteurs de l’emploi, de la formation et de l’insertion pour donner une chance à un public de passionnés d’informatique.

Chaque année, 30 000 postes de la filière du numérique ne sont pas pourvus en France, faute de candidats adéquats. Face à cela, des milliers de demandeurs d’emploi passionnés d’informatique restent sur la touche, soit parce qu’ils sont trop éloignés du marché du travail, soit parce qu’aucun dispositif de formation ne leur correspond, soit tout simplement parce qu’ils n’ont pas le niveau scolaire pour entreprendre des études supérieures.

Un vivier inexploité que le branche Grand Est du Syntec numérique, syndicat professionnel des entreprises du numérique, a décidé de mobiliser en créant sur Strasbourg, en 2016, l’association Numéric’Emploi Grand Est.

L’idée : mettre en relation les acteurs régionaux du numérique avec ceux de l’emploi, de la formation et de l’insertion sociale pour élaborer des dispositifs visant à accompagner les personnes au chômage ou en reconversion professionnelle vers des métiers en tension, tel que codeur en informatique.

Un dispositif piloté par les entreprises

Composée de représentants d’entreprises détachés quelques heures ou quelques jours par mois, l’association intervient sur tous les fronts du retour à l’emploi : mise en relation des demandeurs d’emploi avec les entreprises qui recrutent, apport d’expertise aux conseillers du service public de l’emploi (Pôle emploi, Apec, Cap emploi, missions locales), soutien à l’adaptation des filières de formation régionales aux métiers du numérique. « Notre première réussite est d’avoir fait passer l’idée que l’échec des politiques de formation venait d’un décrochage avec la demande des acteurs économiques, et qu’il fallait partir du besoin des entreprises, qui évolue en permanence, pour modéliser des programmes de formation », explique Thierry Vonfelt, président de Numéric’Emploi Grand Est et délégué régional du Syntec Numérique.

Via une commission d’ingénierie de formation, l’association travaille sur les besoins de recrutement de la filière régionale du numérique et élabore un catalogue de dispositifs d’adaptation des compétences en lien avec les organismes de formation. Différents financements sont mobilisés pour une prise en charge totale ou partielle des actions, tels que la préparation opérationnelle à l’emploi, les contrats de professionnalisation ou les dispositifs mis en œuvre par Pôle emploi et la région.

« Les entreprises sont impliquées à tous les niveaux, puisque ce sont elles qui conçoivent les contenus de formation et elles aussi qui vont accueillir les personnes en stage dans une perspective de recrutement », souligne Thierry Vonfelt.

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Parallèlement, une seconde commission composée de dirigeants d’entreprises et de responsables des ressources humaines intervient sur la sélection des candidats en étroite collaboration avec Pôle emploi. Entre 25 et 30 demandeurs d’emploi présélectionnés par l’opérateur public sont ainsi reçus individuellement par les recruteurs lors d’une journée marathon, organisée une fois par mois dans les locaux de Pôle emploi, explique Johanna Rivière, chargée de recrutement à Proxiad et animatrice de la commission « aide au recrutement » de Numéric’Emploi Grand Est. « L’enjeu est de constituer un vivier de candidats, immédiatement employables ou pouvant le devenir après une adaptation des compétences, que les entreprises adhérentes pourront consulter sur un extranet. Les recruteurs interviennent donc pour la filière et non pour leurs propres intérêts », précise Johanna Rivière.

Preuve d’efficacité, l’action de l’association s’est traduite en deux ans par un assèchement du réservoir des chômeurs alsaciens en capacité de retrouver un emploi dans le numérique sans y parvenir. De 40 % de candidats jugés directement employables et 60 % après formation, les commissions tendent désormais vers un ratio de 20 % de personnes employables et 80 % après formation.

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Nouveau vivier : les décrocheurs scolaires

Avec 135 personnes remises dans l’emploi à la fin 2017 sur le seul territoire de l’Alsace, dont 97 passées par une formation, Numéric’Emploi Grand Est se tourne désormais vers les décrocheurs scolaires sous le Bac pour continuer à combler le déficit de recrutement des entreprises.

En partenariat avec le conseil départemental du Bas-Rhin et la fédération des acteurs de la solidarité (ex Fnars), une première promotion d’une quinzaine de jeunes adultes déscolarisés vient d’intégrer la web@cademie de Strasbourg, une structure de formation aux métiers du numérique fonctionnant sur le principe de l’école 42 de Xavier Niel. Durant deux ans, ces stagiaires triés sur le volet (70 candidatures étudiées) vont être plongés dans un apprentissage concret, écartant la théorie au profit d’une alternance entre projets et stages en entreprise. Une seconde chance inespérée pour des jeunes de 18 à 22 ans, bénéficiaires du RSA pour la plupart, qui n’avaient que leur passion du numérique pour bagage. À terme, 80 décrocheurs scolaires devraient rejoindre le programme.

Reste un dernier frein, propre aux entreprises, celui-là. « Si les TPE du numérique ou les startups n’hésitent pas à recruter ce type de profils, il faut convaincre les gros employeurs qui ne jurent encore que par les Bac + 3 ou 5. Pour l’heure, la démarche éveille leur curiosité », confie Thierry Vonfelt.

En 2017, Numéric’Emploi Grand Est a géré une enveloppe de 735 000 euros au titre de la formation. Une première étape avant un développement sur Mulhouse et Nancy, les deux autres métropoles du Grand Est, courant 2018.

 

Tous les articles de notre série sur "le travail social à l'heure du numérique" sont rassemblés ici (lien à retrouver sur le site de tsa, dans la colonne de droite, rubrique "Dossiers").

Michel Paquet
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