Vous avez été vingt deux élus du personnel à bien vouloir répondre à nos questions à l'occasion des 10 ans d'actuel-CE.fr. La synthèse de ces interviews donne une idée précise de ce qu'est le quotidien d'un représentant du personnel en 2018.
- Pourquoi êtes-vous devenu élu du personnel ?
- Qu'est-ce qui a été marquant dans l'exercice de vos mandats et dans l'évolution du travail et de votre entreprise ces dernières années ?
- Comment avez-vous vécu tous les changements affectant les institutions représentatives du personnel ?
- Comment envisagez-vous l'avenir ?
Nous pensons ces articles de nature à vous informer sur le quotidien d'autres élus du personnel, et notamment sur les solutions aux problèmes qu'ils sont amenés à trouver et qui peuvent aussi vous inspirer. D'autre part, c'est pour nous une façon de mieux connaître vos préoccupations et donc de mieux répondre à vos attentes. Ces vingt deux témoignages, nous les avons regroupés dans la carte ci-dessus, vous pouvez donc aisément lire ceux que vous avez manqué ou les relire en cliquant sur leur localisation.
Ces témoignages, dirons-nous en forme de conclusion de notre série, illustrent bien l'évolution récente des mandats des représentants du personnel, de vos mandats. A l'origine de la vocation d'élu du personnel se trouvent très souvent des valeurs de justice sociale. C'est parfois un sentiment personnel d'injustice, comme ce dessinateur industriel mis sur la touche après un accident du travail et qui devient délégué du personnel parce qu'il prend conscience alors de l'importance du collectif. Ces valeurs se doublent souvent d'un besoin de mieux comprendre l'entreprise et son environnement. "Les mandats donnent une meilleure connaissance de l'entreprise et de son environnement, cela permet aussi de connaître davantage de salariés", nous a dit ainsi un secrétaire adjoint de CE. Mais entre cette vocation et leur rôle effectif de représentants du personnel, il existe une différence de taille qui tend à s'accroître ces dernières années : les élus sont de plus en plus sollicités sur des dossiers techniques et exigeants.
Ces sujets, ils doivent les appréhender dans un temps limité ("La représentation du personnel s'est beaucoup complexifiée. Avant, nous pouvions davantage nous débrouiller seuls", nous a dit un secrétaire adjoint de CE) et donc y consacrer beaucoup d'attention et d'énergie, au risque de voir leurs liens se distendre avec les autres salariés.
Un sentiment d'autant plus fort que certains d'entre-vous ont payé au prix fort, dans l'évolution de leur travail et de leur carrière, cet investissement au service des autres. En témoigne cette élue : "Quoi qu'en disent les employeurs, en étant élu, on fait une croix sur son évolution de carrière, on a souvent des hausses de salaires minimes". Cet autre secrétaire de CE ne dit pas autre chose : "Je n'ai pas été augmenté depuis ma prise de mandat, il y a bientôt neuf ans". Autant dire que le discours gouvernemental sur la nécessaire reconnaissance des compétences des représentants du personnel ne suffira pas à faire cesser les discriminations.
Cet investissement est parfois très lourd lorsqu'il doit faire face à des changements d'organisation jugés absurdes ou contre-productifs, et qui engendrent leur lot de troubles psychosociaux et de souffrance humaine ("Nous avons connu plusieurs suicides à Pôle Emploi"), quand ce n'est tout simplement la recherche de la productivité qui remet la santé au travail au premier plan des préoccupations des salarié et de leurs représentants.
Cet investissement peut s'apparenter à de véritables tunnels lors, par exemple, de très difficiles négociations sur des plans sociaux ("Nous avons négocié durant six mois les mesures d'accompagnement de ce PSE, que nous avons travaillé avec notre expert et notre avocat, et nous avons réussi à limiter le nombre de licenciements"). Et l'actualité ajoute parfois un supplément d'inquiétude sur l'avenir de l'activité et des emplois : le Brexit est ainsi un sujet de préoccupation pour les élus de la compagnie transmanche Brittany Ferries.
La baisse des moyens n'est cependant pas inéluctable dès lors que l'entreprise accepte de n��gocier réellement la mise en place de la nouvelle instance unique, le comité social et économique (CSE). Certains élus en attestent, comme ce délégué syndical disposant d'un fort soutien de la part des salariés ou ces précisions d'un délégué syndical ayant fait passer de 3 à 9 membres la composition de la commission santé, sécurité et conditions de travail du CSE). Mais c'est très loin d'être le cas partout...
Plus que jamais, comme nous l'a dit une secrétaire de CE, il devient essentiel "de se tenir au courant, de se former, de se faire accompagner" mais aussi, selon le mot de cet élu également délégué syndical, "d'envisager la relève". En attendant, pour reprendre les mots d'un trésorier de CE également responsable de sa section syndicale, "il va falloir être vigilant pour continuer à donner notre avis et défendre les salariés"...
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Représentants du personnel
Les représentants du personnel sont des salariés élus ou désignés chargés de représenter les salariés de l’entreprise avec des missions spécifiques selon l’instance représentative du personnel (IRP) à laquelle ils appartiennent. Il y a quatre grandes IRP : les DP, le CE, CHSCT et les délégués syndicaux. Au 1er janvier 2020, l’ensemble des IRP (hormis les délégués syndicaux) devront fusionner au sein du CSE.
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