Présidentielle 2017 : les DRH recentrent les propositions des candidats sur leurs priorités

Présidentielle 2017 : les DRH recentrent les propositions des candidats sur leurs priorités

23.02.2017

Gestion du personnel

Assouplissement du CDD, réduction des charges sociales salariales, coup de pouce fiscal en cas d’investissement formation, développement de l’épargne salariale… Telles sont quelques-unes des propositions dévoilées hier par l’ANDRH, dans le cadre de la présidentielle. Avis aux candidats qui mettent la dernière touche à leur programme !

C’est un électorat qui compte : les professionnels RH, qui sont en première ligne pour appliquer les réformes sociales, anticipent un impact significatif sur la pratique de leur métier à court et à moyen terme. Mais sans rentrer dans le jeu des polémiques et des promesses électorales, taxées parfois de "recettes chimériques", les DRH souhaitent recentrer les débats autour des enjeux prioritaires. En rappelant les axes-clefs, "l’emploi, l’insertion des jeunes, la transformation numérique et la compétitivité des entreprises", insiste Jean-Paul Charlez, président de l’ANDRH, à l’occasion de la présentation, hier, d’un sondage (1) réalisé auprès des adhérents de l’association.

Maintien de la loi Travail

Dans son carnet de propositions, le maintien de la loi Travail figure en bonne place. Les DRH s’accrochent bec et ongles à la négociation d’entreprise en matière de durée légale du travail. D’une part, pour "rapprocher la négociation du terrain et responsabiliser les partenaires sociaux". D’autre part, pour donner plus de "souplesse" et de "réactivité" dans l’organisation du temps de travail. D’autant que le "débat sur les 35 heures est totalement dépassé, martèle Jean-Paul Charlez. La loi existe depuis 15 ans, les entreprises se sont adaptées, en activant des systèmes de modulation et d’annualisation". Il se félicite également du compte personnel d’activité, en plaidant pour le regroupement, en sus du compte personnel de formation, du compte d’engagement citoyen et du compte pénibilité, de l’ensemble des droits sociaux (droits à l’assurance-chômage et retraite).

Réduction fiscale en cas d’investissement formation

Sur le front de la formation, 60% des DRH sondés apprécient la dernière réforme de la formation mais ils pensent qu’elle ne va pas assez loin. C’est pourquoi 87% d’entre eux se prononcent pour une réduction fiscale en cas d’investissement dans la formation.

Autre suggestion : 92% des professionnels RH se disent favorables au développement de l’apprentissage. Parmi les mesures préconisées, ils plaident pour l’exonération totale des charges sociales pour l’emploi d’un apprenti, à l’instar du coup de pouce réservé, pour l’heure, aux entreprises de moins de 11 salariés (à l’exception de la cotisation AT/MP). Ils plébiscitent également le renforcement du rôle de l’entreprise dans le système et la facilitation des modalités de rupture du contrat ; deux propositions portées actuellement par le Medef.

La "peur d’embaucher", un faux débat

Mais l’ANDRH se démarque fortement du patronat sur le débat pour l’emploi. "Je ne connais pas de patron qui n’embauche pas par peur du CDI ou d’une action prud’homale, insiste Jean-Paul Charlez. Seul un carnet de commandes trop faible peut freiner le recrutement". D’où leur opposition au barème des indemnités prud’homales en cas de licenciement abusif. Une mesure, d’ailleurs, retoquée par le Conseil constitutionnel en juillet 2015 et retirée ensuite de la loi Travail. "On ne peut pas mobiliser des salariés en leur expliquant, à la signature du contrat, de quelle manière on va pourvoir les licencier. Une entreprise ne peut pas faire travailler le gens dans cet esprit-là".

Baisse des charges sociales salariales

Ils se disent, toutefois, favorables à la réduction du coût du travail. Un dispositif clef à leurs yeux pour relancer la compétitivité des entreprises. Parmi les options, 71% des DRH penchent pour une diminution des charges patronales et 44% revendiquent la suppression des charges salariales qui ne relèvent pas du risque dit "entreprise" (par exemple, la cotisation "maladie"). "C’est un sujet qui n’a jamais été abordé. Or, les charges sociales salariales représentent 22% du salaire brut, indique Jean-Paul Charlez. Soit un impact important sur la fiche de paie". Et donc sur le pouvoir d’achat. Une idée soutenue actuellement par Emmanuel Macron, qui envisage la suppression des cotisations maladie et chômage à la charge des salariés, remplacées par une augmentation de la CSG (+1,5 point).

Assouplissement du CDD

Sans revenir sur le contrat de travail unique, "une fausse bonne idée", l’ANDRH aimerait aussi assouplir les modalités de rupture prédéfinies et progressives de CDD, notamment sur les renouvellements et les cas de recours. "Vous avez beaucoup de contraintes sur le CDD. Il faudrait favoriser leur souplesse d’utilisation, un DRH ne doit pas être suspecté lorsqu’il a recours à un CDD". Jean-Louis Vincent, vice-président de l’ANDRH et DRH de SNCF Logistics suggère, pour sa part, d’y attacher des droits supplémentaires, notamment en matière d’accès au logement. La bête noire des salariés précaires.

L’association s’éloigne également de la position du Medef sur l’idée d’une taxation des contrats courts. Ainsi, Jean-Paul Charlez n’écarte pas la piste d’un bonus-malus. Avec à la clef, une "contribution supplémentaire de la branche versée à l’Unedic en cas de recours excessif des entreprises adhérentes à ce type de contrat". Ou, à l’inverse, une "aide à celles qui utilisent moins le CDD".

Développement de l’épargne salariale

Enfin, plus de la moitié des sondés se prononcent pour le développement de l’épargne salariale "par le biais d’incitations financières à l’abondement des plans d’épargne par l’employeur et par une diminution voire une suppression du forfait social".

Les propositions seront envoyées à l’ensemble des prétendants à la présidentielle. "On est candidat à rien mais on transmet les sujets qui montent". Avis aux candidats !

(1) Etude réalisée par Internet du 5 janvier au 5 février 2017, auprès de 582 membres de l’ANDRH.

 

Quelle méthode pour conduire les réformes ?

Pragmatiques, les DRH ont aussi leurs idées sur la conduite à mener des réformes. 60% estiment important d’améliorer les études d’impacts des projets de loi et le mode de financement de l’ensemble des mesures prévues. 58% penchent également pour la mise en place d’indicateurs de suivi. Surtout, ils insistent sur la nécessité "de limiter la production normative" - leur agenda étant le plus souvent dicté par le législateur - et "de prendre en compte le temps et l’accompagnement nécessaires à la mise en œuvre des réformes".

Gestion du personnel

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.

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Anne Bariet
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