Quand le 7ème art exalte la différence en mode comique ou burlesque
Quand le 7ème art exalte la différence en mode comique ou burlesque
24.03.2017
Action sociale
Alors que la campagne présidentielle tend à délaisser les thématiques du handicap, de l'exclusion et du grand âge, le cinéma s'en empare en mars, avec 'Patients' (sorti le 1er mars) et 'Paris pieds nus' (sorti le 8 mars). Deux films qui démontent les clichés sur la différence, par l'humour pour l'un, le burlesque pour l'autre. L'art révélateur des mouvements de la société ?
« Comment il va Benjamin ? Il veut que je lui beurre sa tartine ? Attends, il bouge pas, je reviens ! ». Ben a vingt ans et est devenu tétraplégique après un plongeon dans une piscine pas assez remplie. Il séjourne en centre de rééducation et s'étonne d'être devenu un objet de soin. Chaque matin, l’aide-soignant ouvre ses rideaux à la même heure puis la télévision à fond après un tonitruant « Bonjour Benjamin ! Alors, comment il va aujourd’hui ? ». La même scène se répète jour après jour. On le voit d’abord se recroqueviller devant cette violence puis s’habituer et même regarder le téléachat chaque matin.
Le handicap, de l’intérieur
Les dialogues sont ciselés, le comique de situation claque, la bande-son entièrement made in Saint-Denis, d’où sont originaires les réalisateurs, servent bien la narration. Là où les films sur l’univers médical portent généralement un regard objectivant sur les malades, l’originalité de Patients réside dans ce regard subjectif de Ben sur cet environnement aliénant et néanmoins déterminant pour qu’il recouvre son autonomie. Au-delà, le film interroge la mixité sociale à Saint-Denis, dans la bouche de Steeve : « Ils sont où les Pierre, Paul, Jacques ici ? Pourquoi est-ce que tout le monde parle comme des racailles ici ? Ils n’ont jamais d’accident les bourgeois ? ».
Que pensent les soignants de Patients ? Sur le forum Nous les blouses blanches sur Facebook, l’adaptation au cinéma du livre de Fabien Marsaud, alias Grand Corps Malade, fait l’unanimité. Le réalisateur et son comparse Mehdi Idir y racontent son histoire mâtinée de fiction. Les soignants louent la sincérité du film. Il a aussi l’avantage de leur tendre un miroir sur leurs pratiques et de les remettre en question, la dérision permettant de faire passer plus de messages que le premier degré.
Avec Paris pieds nus, le ton est moins bavard, léger, burlesque. Alors que le centre de rééducation de Ben constituait une unité de lieu et d’action, les travellings succèdent aux plans fixes et évoquent le voyage de Fiona. Cette rousse bibliothécaire du grand Nord est venue à Paris pour retrouver sa tante Martha, qui l’a appelée à l’aide après avoir été « menacée » d’un placement en maison de retraite - « Alors que je n’ai que 88 ans ! ». La photographie, soignée, évoque des tableaux impressionnistes. Plusieurs scènes, comme la chute de Fiona d’une échelle en haut de la Tour Eiffel, rappellent le cinéma muet de Charlot.
Le burlesque contre les clichés
Là aussi, les clichés sont démontés un à un, en mode burlesque. Un aveugle accompagne Fiona jusqu’au poste de police lorsqu’elle se fait voler ses papiers. La tante Martha, Emmanuelle Riva, élégante même en chaussettes dans la rue, semble atteinte d’une légère démence mais savoure la licence que cela lui procure. Elle embrasse son voisin sur le palier pour échapper à l’infirmière qui la cherche pour la ramener à l’Ehpad. Elle boit du champagne avec Dom, qui vit dans une tente au bord de la Seine. Elle fait l’amour avec lui sous la tente alors qu’il la prend pour Fiona, qu’il a rencontrée plus tôt. Et finit par s’endormir à la belle étoile, au creux d’une parabole, en haut de la tour Eiffel. « J’ai toujours voulu monter sur la tour Eiffel. Je ne sais pas pourquoi je ne l’ai pas fait avant… ».
Le Conseil constitutionnel a censuré 32 articles de la loi "pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration" qui en comptait initialement 86. Ont notamment été écartées des dispositions visant à restreindre les droits sociaux des étrangers.
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