Scolarisation des enfants handicapés : pas si évidente que cela !

Scolarisation des enfants handicapés : pas si évidente que cela !

21.09.2018

Action sociale

L'école inclusive est la nouvelle doctrine du gouvernement français. Ce choix louable se heurte cependant à de sérieuses difficultés : manque d'accompagnants, formation insuffisante, turn-over important, enkylose du médico-social. Trois semaines après la rentrée, des parents se mobilisent pour trouver de vraies solutions pour tous. Enquête.

Dans notre société de l'image, il faut souvent mener des actions spectaculaires pour se faire entendre. C'est ce qui s'est passé le 19 septembre à Strasbourg et à Lille, où trois femmes ont escaladé des grues pour déplier des banderoles défendant la scolarisation des enfants handicapés. Meryem Duval est l'une de ces mamans escaladeuses, par ailleurs responsable du Collectif citoyen handicap. Elle explique que son collectif a créé une plate-forme qui a permis d'enregistrer 5 000 situations difficiles ; que les accompagnants en contrats aidés n'ont aucune formation leur permettant d'assumer leur fonction ; que la cellule officielle Aide handicap école n'est pas en capacité de répondre à toutes les demandes. "Il n'y a pas eu de progrès par rapport à l'année dernière", conclut-elle.

Difficultés de recrutement

Responsable des questions de scolarisation à l'Unapei, Emmanuel Jacob complète le tableau. "Nous constatons des difficultés liées au recrutement des AESH [accompagnants des élèves en situation de handicap, Ndlr] et des AVS [auxiliaires de vie scolaire, Ndlr]. Il est dès lors difficile de répondre à toutes les notifications de la MDPH. D'autre part, nous avons des listes d'attente impressionnantes pour entrer dans un Sessad [service d'éducation spéciale et de soins à domicile, Ndlr] ou dans un IME [institut médico-éducatif, Ndlr]." Selon lui, l'ensemble du système est enkysté. De nombreux enfants qui ont une notification pour entrer en IME ne pourraient y aller et resteraient de ce fait en classe Ulis [unités localisées pour l'inclusion scolaire, Ndlr], ce qui ne permettrait pas de libérer des places pour ceux qui en auraient besoin.

Manque de places en Sessad

L'un des gros points noirs de la situation des enfants handicapés tient au métier d'accompagnant jugé peu attractif. Les salaires sont souvent inférieurs au Smic (car ils ne réalisent pas des temps complets), les personnes sont peu formées (seuls les AESH reçoivent un module de formation de 60 heures) et parfois en difficulté pour accompagner de façon satisfaisante les enfants, notamment quand ils sont polyhandicapés. "Nous avons beaucoup de remontées des familles, explique Emmanuel Jacob, qui déplorent la qualité insuffisante de l'accompagnement". Il estime que l'école ne peut être réellement inclusive que si le médico-social via les Sessad est associé à cette mission d'intégration des enfants. Or, il y a un manque de places en Sessad. Il en conclut qu'il n'y a pas d'amélioration par rapport à l'an dernier.

Amélioration de la situation

Evidemment, le son de cloche est différent du côté du secrétariat d'Etat de Sophie Cluzel. On y souligne que plus de 3 500 postes d'accompagnants ont été créés cette rentrée, ce qui les porte à 110 000. On estime qu'il y a 30 % de situations problématiques en moins par rapport à la rentrée dernière. On a conscience que le statut des personnes accompagnantes, trop précaire, fragilise l'édifice. Il faut trouver des moyens pour allonger les contrats de ces personnes, par exemple en leur demandant de s'occuper du péri-scolaire. Par ailleurs, on défend l'idée d'une collaboration plus étroite entre l'école et le médico-social. 

La mobilisation va continuer

Avoir de vrais accompagnements sur des durées longues... c'est aussi la demande des parents. Dans les couples, l'un des deux est souvent obligé de s'arrêter de travailler pour prendre en charge l'enfant tout le temps où il n'est pas à l'école. La situation est souvent intenable pour les familles. Voilà pourquoi le collectif citoyen handicap a promis d'escalader dans les prochaines semaines de nouvelles grues pour continuer à mettre la pression sur les autorités.

 

Des enfants exclus de l'école
Dans un appel publié par Libération, une pléiade d'organisation dont ATD Quart monde, le Secours catholique, Médecins du monde, etc. s'inquiètent des milliers d'enfants qui n'ont pas le droit à la scolarisation affirmé par les textes. Cela concerne des enfants handicapés, mais aussi "80 % des enfants vivant en bidonville et en squats". A Mayotte et en Guyane, cela concernerait respectivement 5 000 et 10 000 enfants. Les organisations demandent la création d'un observatoire de la non-scolarisation des enfants dans toutes les académies. "Nous appelons donc solennellement le président de la République et le ministre de l'Education nationale à insuffler la dynamique indispensable qui permettra de combler les fossés ente les textes et leur application effective", concluent les signataires. 

   

Action sociale

L'action sociale permet le maintien d'une cohésion sociale grâce à des dispositifs législatifs et règlementaires.

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Noël Bouttier
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