Travailleurs sociaux, fédérez-vous !

Travailleurs sociaux, fédérez-vous !

31.05.2018

Action sociale

Les états généraux alternatifs du travail social (Egats) se sont réunis en assemblée générale samedi dernier, à la Bourse du travail de Bobigny. Il y a surtout été question de fédérer les mobilisations pour se faire entendre, à l’heure du constat d’une « casse générale » de ce qui contribue à faire société.

La salle était tristement vide ce samedi 26 mai, lors de l���assemblée générale prévue par les états généraux alternatifs du travail social (Egats). Conséquence d’une journée de manifestations, accaparant les militants, ou symptôme d’un éparpillement des mobilisations ? Les raisons de se battre ne manquent pas, en tout cas, et le constat d’une « casse générale » du social est apparue si largement partagée durant cette matinée, qu’on ne s’y est pas attardé dans les détails.

Comme si tout n’avait été que trop dit des logiques de marchandisation et de financiarisation à l’oeuvre dans le travail social, de la mise en concurrence des services et établissements, des ratios d’accompagnement toujours plus serrés, du risque de commercialisation des données personnelles des usagers du fait de l’utilisation croissante des outils numériques, du sentiment de perte de sens des professionnels, des situations sans cesse plus complexes des publics au regard de moyens toujours insuffisants, et bien sûr des conséquences pour ces publics en terme de délais d’attente, de qualité de l’accompagnement, voire de maltraitance…

Mobiliser largement

Mais alors, comment agir, comment se faire entendre ? « On en a assez de ne pas être associés aux décisions prises pour organiser notre secteur par des personnes qui ne connaissent à rien à notre métier », a fulminé un représentant du collectif Protection de l’enfance 44. Décrivant la dégradation progressive des modalités de travail en Loire-Atlantique, dans le champ de la protection de l’enfance, ce dernier n’en a pas moins fait état de réelles difficultés à mobiliser les professionnels, malgré les assemblées générales organisées dans divers établissements publics de son département.

« On manque de visibilité sur les mobilisations existantes » a regretté de son côté une travailleuse sociale exerçant à l’Assistante publique hôpitaux de Paris, qui se questionnait sur l’intérêt qu’il y aurait à cr��er une intersyndicale du travail social. Un représentant du collectif lillois Le social déchaîné, a plutôt plaidé, de son côté, pour une lutte qui ne se résume pas au syndicalisme. « Je me demande si ce n’est pas le fait de se situer dans une approche plus large qui n’est pas le plus susceptible de fonctionner aujourd’hui. C’est en tout cas ce qu’on perçoit dans notre collectif, qui n’est pas une intersyndicale, et qui arrive à drainer beaucoup de monde ».

Des professionnelles venues de la Drôme et issues du syndicat Sud santé sociaux expliquaient au contraire elles qu’elles avaient pu initier une dynamique dans leur département, dans le champ de la protection de l’enfance. Agir en complémentarité alors ? C’est du moins le choix qu’a fait la Commission de mobilisation permanente en travail social en Ile-de-France. L’une de ses membres, éducatrice spécialisée en protection de l’enfance, s’est réjouie de voir la commission continuer à se réunir une fois par semaine depuis des mois. « Notre objectif est de construire la lutte dans le secteur, en complément des syndicats. Nous diffusons des tracs, visibilisons le travail social dans les manifs, organisons des actions chocs. Pour l’heure, ça tient ».

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Rassembler sur des valeurs fortes

« Voilà longtemps que des mobilisations existent, mais l’important est aujourd’hui de les fédérer et de dépasser leur sectorisation. Cela en vaut la peine, car c’est quand on se regroupe qu’on arrive à se faire entendre dans la presse, et parfois par les pouvoirs publics », a analysé le formateur en travail social Jérôme Rigaut, qui a rappelé que le besoin de mobilisation concernait aussi les formateurs, dont beaucoup ne se sentiraient pas concertés par l’Unaforis. En bref, a-t-il résumé, « même Macron, même combat ». Et d’énoncer avec d’autres que la résistance ne concerne jamais les seuls travailleurs sociaux, mais aussi leurs publics et plus généralement la société. « Se battre pour un type de société nous permettra de toucher plus largement », a poursuivi le formateur.

D’où l’idée aussi de mettre beaucoup d’énergie sur les thématiques les plus susceptibles de rassembler. « Par exemple, le traitement réservé aux exilés est intolérable, a souligné une participante dans la salle. Or ça mobilise, ça rassemble sur des valeurs fortes, puisqu’il s’agit de la dignité de l’humain. C’est peut-être sur des sujets comme ça que nous pouvons gagner ».

Loi santé du 26 janvier 2016

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Rendez-vous

De façon très concrète, cette assemblée des Egats aura permis d’acter la diffusion cette semaine d’un appel à une large mobilisation pour le samedi 2 juin, premier jour du passage de la loi Asile et immigration devant le Sénat, puis pour le 28 juin, lors des Assises nationales de la protection de l’enfance organisées à Nantes, afin de dénoncer la forte dégradation des conditions de travail dans ce secteur. Les Egats rappelleront aussi dans ce texte leurs fondamentaux en matière de protection de l’enfance, de formation et leur opposition à la politique actuelle d’enfermement des mineurs et de financiarisation du social. Un nouveau rendez-vous des Egats se déroulera à la rentrée pour évoquer entre autres les assises de la prévention spécialisée.

Laetitia Darmon
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