Un climat social en sursis

Un climat social en sursis

23.10.2017

Gestion du personnel

Alors que l’exécutif a ouvert le deuxième volet de son programme social censé "sécuriser" les salariés, Entreprise & Personnel met en garde, dans sa note annuelle de conjoncture sociale publiée vendredi, contre le risque d’une probable grogne sociale, en cas de déséquilibre du "nouveau" modèle social.

Mai 2018 pourrait-il être un remake de mai 68 ? Emmanuel Macron pourra-t-il commémorer l’événement "qui a participé à la modernisation de la France" sans déchaîner une nouvelle fronde sociale, 50 ans plus tard ? C’est le scénario pessimiste dressé par Entreprise & Personnel qui présentait, vendredi, sa note de conjoncture sociale. Car si l’exécutif promet, un regain de "sécurité" après celui de la flexibilité véhiculé par la réforme du code du travail, tout dépendra des équilibres trouvés entre les gains obtenus et les efforts à réaliser pour les salariés. Or, cet équilibre est plus difficile qu’il n’y paraît.

Gestion du personnel

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.

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Car les nouveaux dossiers, portant sur la formation professionnelle, l'apprentissage, l'assurance chômage et les retraites, pourraient nourrir les mécontentements. D’une part, la réforme de la formation pourrait être en deçà des attentes. "Plusieurs questions essentielles ne sont pas posées à ce stade, relève Sandra Enlart, directrice d’Enteprise & Personnel. On reprend les mêmes présupposés. Il suffirait en quelque sorte d’envoyer un demandeur d’emploi en formation pour réduire le chômage". Or, la relation de cause à effet est loin d’être établie. "Ne raisonner qu’en termes de moyens et de processus sans poser la question des modalités pédagogiques conduira aux mêmes impasses". De plus, "la bureaucratisation formelle que prennent souvent les certifications/ labellisations risque de faire passer à côté de l’essentiel". Pour les personnes les plus éloignées de l’emploi, "reproduire le modèle de l’école, souvent synonyme d’échec (même sous la forme digitale), est simplement inadapté". D’autant qu’aucun bilan n’a été dressé de la réforme de 2014.

Assurance-chômage et retraite

D’autre part, la réforme de l’assurance chômage est un sujet plus sensible. Même si "le gouvernement semble vouloir prendre le temps nécessaire à la concertation (jusqu’au printemps 2018 avec un probable projet de loi) pour trouver les compromis nécessaires avec FO et la CFDT", tempère Jean-Pierre Basilien, co-auteur de la note. Il devra toutefois trouver les moyens financiers nécessaires pour compenser "les surcoûts de l’ouverture du régime aux indépendants et aux démissionnaires".

Surtout, le dossier des retraites est explosif. "Il touche surtout à la question de principe du paritarisme", pointe Eric Ferréres, co-auteur de la note. Le but du gouvernement est d’uniformiser les régimes de retraite. Avec, à la clef, un régime unique. Mais s’agira-t-il d’une réforme systémique défendue par la CFDT, c’est-à-dire en "comptes notionnels" ou système à points, calqué sur celui des complémentaires Agirc et Arrco ? L'assuré acquérant, à mesure qu'il cotise, des points dont la somme sera multipliée par la valeur du point à la date où il prend sa retraite. Et dans cette hypothèse, quid des régimes spéciaux ?

Une croissance pauvre en emplois

D’autres éléments pourraient également durcir le climat social. A commencer par une croissance pauvre en emplois. Un scénario considéré comme "plausible" en raison "des réserves de productivité dans beaucoup d'entreprises". De même, la baisse des contrats aidés et la non compensation de la CSG pourraient alimenter les mécontentements… D’autant que "les nouvelles facilités en matière de licenciement conduiraient dans un premier temps à une vague de licenciements". Et que les contrats précaires "continueraient à augmenter". Or, les "petits gains en pouvoir d’achat (dus à la suppression des cotisations sociales) seraient effacés par un fort sentiment d’iniquité, à l’époque des superprofits des entreprises", poursuit Entreprise & Personnel.

Reste donc à savoir où l’exécutif placera les curseurs sur les thèmes sociaux pour jauger de l’équilibre ou non du "nouveau" modèle social. Mais une chose est sûre : pour Entreprise & Personnel, une politique perçue comme "déséquilibrée" pourrait conduire à la "montée d’un ressentiment social diffus". Qui pourrait déboucher sur un rendez-vous social en mai 2018, au moment de la présentation du projet de loi sur la formation et l'assurance-chômage.

Anne Bariet
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