Un net recul dans les secteurs les plus accidentogènes explique la baisse globale des AT

Un net recul dans les secteurs les plus accidentogènes explique la baisse globale des AT

19.09.2017

HSE

La fréquence des accidents du travail est à un niveau "historiquement bas", avec 33,8 AT pour 1000 salariés – une baisse de 10 points en 15 ans. Cela cache des disparités. Si le BTP poursuit ses progrès, le secteur de l'aide et des services à la personne connait trois fois plus d'accidents que la moyenne.

Certes, la fréquence globale des accidents du travail se stabilise "à un niveau historiquement bas", avec 33,8 AT pour 1 000 salariés – en 1946, lors de la création de la branche AT-MP, on comptait 120 AT pour 1 000 salariés, et en 2002, on était encore à 43 pour 1 000. Mais ce résultat global recouvre des "chiffres contrastés selon les risques et les secteurs", souligne la CnamTS en publiant, le 14 septembre 2017, son rapport 2016 sur les chiffres de la santé au travail et le bilan de ses actions auprès des branches et entreprises. Et même si le chiffre est lui aussi en baisse de 5,7% par rapport à l'année précédente, 514 travailleurs salariés sont décédés en 2016 d'un accident du travail. 

 

Chiffres clés des accidents du travail en 2016
  • 626 227 accidents ayant entraîné un arrêt de travail ou une incapacité permanente (+0,3% par rapport à 2015, sachant que le nombre de salariés a lui aussi peu varié : +0,4%)
  • 3,6 milliards d’euros imputés aux entreprises
  • IF (indice de fréquence) moyen : 33,8 accidents du travail pour 1 000 salariés (33,9 en 2015)
  • 600 accidents par heure travaillée
  • 41,3 M de journées de travail perdues par incapacité temporaire, soit 165 126 équivalents temps plein
  • 514 décès (- 5,7% par rapport à 2015)

 

Baisse importante dans le BTP

Commençons par le secteur porteur d'une bonne nouvelle. Dans le BTP, la fréquence des AT est à nouveau en baisse de 3,1 % en 2016, avec 60 AT pour 1 000 salariés. C'est le secteur qui a la plus forte baisse de l'indice de fréquence ; la métallurgie et la chimie n'enregistrent une baisse que d'environ 2%, et l'agroalimentaire de 1,1%. Le BTP reste cependant "l'un des secteurs les plus sinistrés". Les chutes de hauteur ou de plain-pied, tous secteurs confondus, représentent toujours un quart des accidents du travail (respectivement 12 et 13%), et la manutention manuelle 53%. 

La branche AT-MP de l'assurance-maladie se félicite néanmoins du programme mis en place en 2014, en partenariat avec, notamment, la DGT (direction générale du travail) et l'OPPBTP (organisme professionnel de prévention du BTP) : "travaux en hauteur, pas droit à l'erreur". Plus de 1600 maîtres d'ouvrage auraient ainsi appris "à préconiser les critères de sécurité et santé au travail dans les appels d’offres et à inciter les mutualisations de moyens de prévention sur les chantiers". Dans ce cadre, les agents de la branche AT-MP / risques professionnels ont visité près de 3000 entreprises l'an dernier. 

 

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Inquiétudes dans l'interim et les services à la personne

Les bons résultats du BTP sont à contrebalancer par ceux de l'interim, qui peuvent dénoter une externalisation du risque. En 2016, les accidents du travail touchant des intérimaires y ont augmenté de 7,8 %. "Après avoir connu une baisse importante en 2012-2013, le secteur augmente depuis 2015, ce qui peut être le signe avant-coureur d'une reprise économique", commente avec optimisme l'assurance-maladie. 

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Pour le secteur de l'aide et des services à la personne, la Cnam se montre moins nuancée et pointe "un indice de fréquence préoccupant". Les accidents du travail y sont trois fois plus fréquents que la moyenne, avec un indice de 94,6 AT pour 1 000 salariés, en hausse de 2% par rapport à 2015. "En 10 ans, la sinistralité de ce secteur aura augmenté de 45%", commente-elle. Cela fait pourtant plusieurs années que la sonnette d'alarme est actionnée : en 2011, le "sous-secteur" de l'aide et du soin à domicile accusait déjà une sursinistralité de 35%. 

 

 

Taux de gravité en hausse, nombre d'incapacités en baisse

Après une légère baisse en 2012 et 2013, le nombre de journées d'incapacité temporaire (IT) croît pour la troisième année consécutive : +2,8% en 2014, +2,7% en 2015, et +2,5% en 2016. "Ce qui entraîne une hausse de 1,4% du taux de gravité des IT, c'est-à-dire le nombre de journées d’IT pour 1 000 heures travaillées", analyse la CnamTS. En revanche, pour finir sur une note positive, le nombre de nouvelles incapacités permanentes (IP) diminue encore, comme c'est le cas depuis plus de 10 ans, tant pour les IP inférieures à 10% (-4,1%) que pour les IP supérieures à 10% (-7,4%). 

HSE

Hygiène, sécurité et environnement (HSE) est un domaine d’expertise ayant pour vocation le contrôle et la prévention des risques professionnels ainsi que la prise en compte des impacts sur l’environnement de l’activité humaine. L’HSE se divise donc en deux grands domaines : l’hygiène et la sécurité au travail (autrement appelées Santé, Sécurité au travail ou SST) et l’environnement. 

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Élodie Touret
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