[Vidéo] François Hommeril appelle les politiques à réfléchir au partage de la valeur ajoutée

[Vidéo] François Hommeril appelle les politiques à réfléchir au partage de la valeur ajoutée

31.01.2017

Représentants du personnel

François Hommeril a présenté mardi 31 janvier ses voeux à la presse en se faisant le défenseur de l'industrie face à la financiarisation de l'économie, contre laquelle le président de la CFE-CGC appelle les politiques à agir au lieu de prendre des décisions économiques "aberrantes". Le syndicaliste réagit à l'idée de revenu universel de Benoît Hamon et aux réformes sociales de François Fillon.

 

 

La CFE-CGC ne s'associe pas à la plainte déposée par FO et la CGT auprès de l'OIT (organisation internationale du travail) visant à contester la la légalité de la loi Travail. François Hommeril l'a annoncé mardi 31 janvier lors de ses voeux à la presse. Le président de la CFE-CGC justifie cette décision par le fait que la plainte, qui occupe 30 pages, n'est pas assez ciblée sur l'inversion de la hiérarchie des normes, principe qu'il continue de juger "transgressif et régressif" et sur lequel, dit-il, "il faudra revenir". Le syndicat des techniciens et cadres n'envisage pas pour autant de porter seul une autre contestation devant l'OIT. "Ce n'est pas la priorité du moment", a-t-il jugé. Il faut dire que les préoccupations et chantiers ne vont pas manquer avec l'ouverture aujourd'hui de la négociation à la CPME sur la responsabilité sociale et environnementale (RSE), la question d'une reprise des négociations sur l'assurance chômage ou encore le calendrier politique.

Négociation RSE : la CFE-CGC y croit

La CFE-CGC soutient l'initiative de la CPME (ex-CGPME) de lancer une négociation sur la RSE , une pierre dans le jardin d'un Medef actuellement peu enclin à s'engager sur le champ interprofessionnel. Son objectif vise à fixer les grands principes de ce qui pourrait favoriser cette responsabilité sociale et environnementale dans les TPE et PME. La confédération estime que la négociation devra aborder "le dialogue social, le respect de l'écosystème de l'entreprise, le développement humain, une nouvelle boussole au service du développement durable et la gouvernance responsable". François Hommeril ne craint-il pas que l'idée de labelliser une RSE pour les PME entraîne moins de garanties sur les conditions de travail des salariés ? Le président de la CFE-CGC ne croit pas à ce risque. "Les petites entreprises sont confrontées à l'explosion des contraintes (environnementales, de sécurité, etc). Nous ne sommes pas contre les normes, mais c'est à la société civile de juger de l'évolution de ces normes. Tout en maintenant de fortes exigences, nous pourrions aboutir à une économie de coûts et les entreprises pourraient utiliser ces marges pour mieux s'occuper des salariés", expose François Hommeril.

Assurance chômage : pression sur le Medef

Sur le feuilleton de l'assurance chômage, les partenaires sociaux doivent décider le 15 février, date de la fin de leur état des lieux sur la situation du régime, s'ils rouvrent la négociation (*). François Hommeril l'espère car, dit-il, "il n'y a pas grand chose à régler pour trouver un accord, à condition de sortir de la posture". Le propos vise le Medef, accusé de ne pas être en mesure de donner un mandat de négociation clair sur le sujet en raison de divisions internes. "A un moment où le paritarisme est attaqué sans raison, il serait bon que le Medef fasse un effort", observe François Hommeril en faisant allusion à la taxation des contrats courts. "A moins, dit-il, de décider que les contrats de moins d'un mois relèvent tous de l'intérim".

Les candidats invités à répondre à la CFE-CGC

L'actualité et les échéances politiques ont aussi fait réagir le président de la CFE-CGC, une organisation qui brigue la troisième place des confédérations nationales en avril prochain (lire notre encadré). François Hommeril a réagi aux propositions de la droite et de la gauche (voir ci-dessus son interview vidéo). Le président de la confédération des agents de maîtrise et cadres va aussi demander aux candidats à la présidentielle de prendre position sur plusieurs thèmes, la CFE-CGC s'engageant à publier sur son site leurs réponses sans commentaires. Ces points sont par exemple :

  • "Comment concilier l'économie de marché à notre société ?" Autrement dit, dixit F. Hommeril, "pourquoi promettre du sang et des larmes alors que la croissance même faible est là et qu'il y a de la valeur ajoutée à partager ?". C'est une façon de placer au coeur du débat politique la question du partage de la valeur ajoutée dans les entreprises;
  • l'âge de la retraite. "Veut-on aller vers une société où, en 2050, on commencerait à travailler à 40 ans pour finir à 80 ans ?" interroge François Hommeril, la CFE-CGC plaidant pour une articulation entre âge et durée d'assurance afin de moins pénaliser ceux qui ont fait des études;
  • l'enjeu de la numérisation et l'impact sur l'exercice du dialogue social;
  • le socle social européen;
  • l'insertion du handicap, etc.
Le pouvoir politique accusé de penser d'abord à l'image

Mais François Hommeril a aussi vivement tancé l'actuel pouvoir politique en accusant le gouvernement de de prendre des décisions économiques "irrationnelles" fondées sur un seul souci "d'image". Et le syndicaliste de prendre les exemples de la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim ("une décision aberrante") et le sort de la dernière usine d'aluminium à Gardanne, qui emploie 450 personnes dans les Bouches-du-Rhône (et qui est accusée de provoquer la pollution des boues rouges), François Hommeril accusant Ségolène Royal de prendre position "dans un souci d'image à bon compte" sans connaître le dossier.

Dans les 57 milliards de dividendes distribués, combien proviennent du CICE ?

François Hommeril a en revanche demandé aux politiques de s'intéresser au dossier d'Arc international qui n'aurait plus accès aux prêts bancaires pour avoir restructuré sa dette : "Arc, c'est 5 000 salariés dans le Nord, c'est une entreprise qui s'est restructurée et qui s'est relancée mais qui ne trouve pas en France les moyens de se financer au point qu'elle doive contracter un prêt usuraire en Russie !" L'autre dossier cité est Vivarte, "une victoire des requins de la finance et un symbole de la financiarisation croissante de l'économie". A ce propos, François Hommeril a lancé : "Dans les 57 milliards d'euros de dividendes distribués l'an dernier (par les entreprises du CAC40 à leurs actionnaires, NDLR), combien proviennent du CICE ? En voilà une étude intéressante à mener ! On sait déjà grâce à France Stratégie que sur 43 milliards d'euros de fonds publics dépensés pour le CICE (crédit impôt compétitivité emploi), il n'y en a que 7 milliards d'utiles !" Et François Hommeril d'inciter les politiques à prendre la mesure des enjeux pour l'avenir que sont la numérisation mais aussi la formation. 

L'idée que les cadres n'ont pas besoin de formation professionnelle est une ineptie

La digitalisation va rabattre les cartes de nombreux métiers en 2017, a-t-il souligné en prenant l'exemple du robot Watson d'IBM, déjà testé dans la banque (notre article) : "Pour les métiers d'encadrants, que nous représentons, l'introduction de cette robotisation est une révolution et il nous faut réfléchir en amont sur ses conséquences sociales". Quant à la formation professionnelle, le président de la CFE-CGC s'est agacé du réformisme permanent sur le sujet et de l'idée reçue selon laquelle les diplômés et cadres n'auraient pas besoin de formation continue : "La suppression du 0,9% du plan de formation, sous prétexte de "laisser la main aux entreprises", a entraîné une baisse des investissements dans la formation. Mais l'idée qu'on aurait épuisé son quota de formation dès lors qu'on a suivi une bonne formation initiale et qu'on est devenu cadre est une ineptie. L'évolution économique et la recherche de compétitivité nécessite de maintenir les compétences des cadres". Et François Hommeril de déplorer qu'un cadre se retrouvant au chômage n'ait aucune chance "d'être prioritaire pour une formation à Pôle Emploi". Heureusement, a-t-il lâché, "il y a l'Apec" (association pour l'emploi des cadres).

(*) Suite à l'échec des négociations l'an dernier, le gouvernement a prorogé l'ancienne convention tout en incitant les partenaires sociaux à renégocier.

 

Représentativité : la CFE-CGC vise la troisième place
La CFE-CGC ne commentera pas les résultats du scrutin dans les très petites entreprises (TPE), qui seront annoncés vendredi, en raison de la faiblesse du nombre de votants rendant toute interprétation aléatoire aux yeux de François Hommeril : "Moins de 10% de participation, cela n'a pas de sens. Il va falloir se poser des questions sur l'organisation de ces élections". Ce dernier espère toujours voir la CFE-CGC s'imposer comme le troisième syndicat français lors de la nouvelle mesure de la représentativité, qui sera connue en avril : "Nous progressons dans de nombreuses grandes entreprises, mais nous attendons humblement les résultats".

 

 

Représentants du personnel

Les représentants du personnel sont des salariés élus ou désignés chargés de représenter les salariés de l’entreprise avec des missions spécifiques selon l’instance représentative du personnel (IRP) à laquelle ils appartiennent. Il y a quatre grandes IRP : les DP, le CE, CHSCT et les délégués syndicaux.  Au 1er janvier 2020, l’ensemble des IRP (hormis les délégués syndicaux) devront fusionner au sein du CSE.

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Bernard Domergue (texte et vidéo)
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