[Vidéo] La CGT face à la réforme des retraites

[Vidéo] La CGT face à la réforme des retraites

28.06.2018

Représentants du personnel

Comment la CGT espère-t-elle peser sur la future réforme des retraites préparée par le gouvernement ? La réponse de Philippe Martinez, secrétaire général de la confédération, et de militants qui participaient ce jeudi 28 juin à une journée interprofessionnelle d'action sur les retraites, l'éducation, les services publics, les salaires.

La CGT face à la réforme des retraites from Editions Législatives on Vimeo.

Représentants du personnel

Les représentants du personnel sont des salariés élus ou désignés chargés de représenter les salariés de l’entreprise avec des missions spécifiques selon l’instance représentative du personnel (IRP) à laquelle ils appartiennent. Il y a quatre grandes IRP : les DP, le CE, CHSCT et les délégués syndicaux.  Au 1er janvier 2020, l’ensemble des IRP (hormis les délégués syndicaux) devront fusionner au sein du CSE.

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Chargé par le gouvernement de préparer la réforme des retraites promise par Emmanuel Macron, le haut-commissaire Jean-Paul Delevoye, ancien président du comité social, économique et environnemental (CESE), mène actuellement, jusqu'en décembre 2018, une concertation avec les partenaires sociaux sur ce sujet sensible, comme en témoigne le débat actuel sur l'avenir des pensions de réversion. Les organisations syndicales seront-elles davantage entendues par l'Exécutif que lors de la réforme du code du travail ? Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, l'espère, lui dont le syndicat a lancé une grande enquête sur les retraites auprès des salariés afin de faire entendre la voix des salariés. Il a d'ailleurs délivré un discours offensif à l'égard du gouvernement lors du dernier congrés. Mais l'enquête Travail menée par la CFDT avant la présidentielle n'a guère permis au syndicat d'influencer les choix du gouvernement.

Philippe Martinez doute de la réalité de la concertation qui s'ouvre

La CGT, de son côté, semble envisager de mobiliser les salariés pour peser sur la réforme à venir, mais cette stratégie semble plutôt hésitante, et guère payante que ce soit sur les ordonnances Travail ou sur la SNCF, ce qui amène certains syndicats à réclamer, dans la perspective du congrès 2019, à la confédération une stratégie plus combative. Hier, en dépit d'une petite affluence à la manifestation parisienne de la Bastille à République, Philippe Martinez a réaffirmé la volonté de la CGT de faire entendre la voix des salariés, car il craint que la concertation actuelle n'en soit pas vraiment une, à l'image de ce qui s'est passé pour les ordonnances. Il a aussi relativité les mécontentements internes au sein de la CGT en remarquant que la position de la quarantaine de syndicats critiques était à rapporter aux "70 000 structures de base de la CGT" (voir ci-dessus son interview vidéo). Dans un communiqué publié dans la soirée, la confédération a estimé que la journée d'hier avait démontré "que la contestation sociale est toujours présente", et qu'il fallait maintenant "préparer une rentrée offensive pour gagner l'augmentation des salaires et des pensions".

Les militants CGT s'attendent à une réforme des retraites "catastrophique"

Parmi les militants CGT présents hier dans la manifestation parisienne, on comptait des délégués syndicaux et salariés confrontés aux réformes annoncées par le gouvernement, qu'il s'agisse des cheminots -lesquels ont doublé le cordon de tête de la manifestation pour mieux se faire entendre- des salariés d'Aéroports de Paris, bientôt privatisé, ou encore des agents de la fonction publique, de Pôle emploi ou de la Sécurité sociale. Tous redoutent "une catastrophe" avec l'instauration d'une retraite à points, et aucun ne semble rassurer par les propos de Jean-Paul Delevoye qui a pourtant multiplié les déclarations apaisantes, y compris sur le maintien des pensions de reversion.

Il faut l'unanimité des organisations syndicales pour manifester contre le projet de réforme des retraites du gouvernement

 

 

Ainsi, pour Adji Mestapha, DS CGT de l'entreprise Kuehne et Nagel, l'idée de retraites à points annoncée pendant la campagne présidentielle par Emmanuel Macron "signifie la fin du système de retraites par répartition". Pour faire évoluer ce projet, le délégué syndical ne voit guère d'autres solutions qu'une "intersyndicale" avec "une unanimité des organisations syndicales pour manifester". Car, dit-il, "s'il n'y a que la CGT, FO et Solidaires qui se mobilisent, on ne pourra guère qu'adoucir un peu les choses", mais si "toutes les organisations se rassemblent, là le rapport de forces sera différent".

Depuis un mois à la retraite, Marianne Journiac, qui était jusqu'alors secrétaire générale de la CGT de l'Assistance publique et hôpitaux de Paris, s'attend "au pire" avec une réforme des retraites "menée par un gouvernement Macron". La militante craint "une retraite par capitalisation" qui "mettra en grande difficulté la jeunesse qui arrive demain à moins que nous n'arrivions à peser". Justement, comment la CGT peut-elle peser dans le débat qui s'ouvre ?

Pour peser, la CGT doit d'abord expliquer les conséquences du projet du gouvernement sur les retraites

 

"La stratégie pour la CGT pour parvenir à peser, c'est évidemment d'expliquer à l'ensemble de la population ce que le gouvernement va faire, c'est ensuite de mobiliser contre ce projet, et enfin faire passer l'idée qu'une bonne retraite dépend d'abord du nombre d'actifs qui travaillent et d'un véritable partage des richesses. Aujourd'hui, ce sont les actionnaires qui profitent d'abord de la richesse créée par les salariés", juge Marianne Journiac. La militante croit-elle possible une large mobilisation des salariés ? "On voit bien que c'est difficile, admet-elle. Mais malgré sa durée, il y a toujours une contestation. Même si nous n'avons pas gagné sur les grands sujets, si nous parvenons à expliquer et à convaincre, je crois qu'une mobilisation est possible, une fois que les gens auront compris que ces réformes mettent en péril les services publics, la sécurité sociale, la santé, l'avenir des retraites et donc que l'enjeu concerne aussi leurs enfants".

 Pourquoi ne pas manifester le dimanche pour avoir plus de monde ?

 

Pour Marie Jaque, déléguée syndicale CGT chez Monoprix, la faible mobilisation du jour n'est pas une surprise : "Chez nous, les salaires sont de 1 100€. Une fois que vous avez payé votre location, votre électricité, fait les courses, comment voulez-vous pouvoir faire grève ? Les gens sont aussi coincés par le remboursement de leurs crédits". Et la déléguée, qui raconte que dans son entreprise les salariées n'osent parfois pas dire non à des changements horaires qui perturbent leur vie quotidienne, de s'interroger : "Oui, il faut mobiliser et faire des manifs pour sauver nos retraites, mais peut-être faut-il le faire le dimanche, car même le samedi, les gens travaillent dans le commerce".

Bernard Domergue
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