Vidéo / "Les salariés des hypermarchés Carrefour ne veulent pas travailler le dimanche"

Vidéo / "Les salariés des hypermarchés Carrefour ne veulent pas travailler le dimanche"

09.01.2017

Représentants du personnel

Signataire du récent accord sur le travail dominical pour les grands magasins Printemps, la CFDT Services mobilise aujourd'hui les salariés contre une généralisation de l'ouverture le dimanche matin des hypermarchés Carrefour : "Le contexte est très différent entre les deux entreprises et les 60 652 salariés des hypermarchés Carrefour sont très largement défavorables au projet d'accord. C'est pourquoi nous appelons à un débrayage de deux heures pour tracter et sensibiliser la clientèle".

 

 

La CFDT Services organise aujourd’hui, veille des soldes, un débrayage de deux heures contre l’ouverture le dimanche matin des hypermarchés Carrefour. Hier matin à Pantin (Seine-Saint-Denis), les membres du bureau de cette fédération ont exposé devant la presse leurs griefs contre l’accord proposé par la direction.

"La travail le dimanche ne doit pas être banalisé"

"La CFDT est attachée au maintien du repos le dimanche pour l'essentiel des salariés, annonce immédiatement Elisabeth Baudinat, secrétaire nationale de la CFDT Services. Le travail le dimanche ne doit pas être banalisé". Pourquoi alors, mettre sur pieds une mobilisation contre le travail dominical chez Carrefour quelques jours seulement après avoir signé un accord sur le même thème pour les grands magasins Printemps (voir notre article dans cette édition) ?  "Lorsque les salariés concernés ne veulent pas travailler le dimanche ou que les contreparties proposées par la direction ne sont pas suffisantes, nous nous opposons, comme ce fut le cas chez Nespresso, répond Elisabeth Baudinat. Or après consultation massive des 60 652 salariés de Carrefour répartis dans 191 magasins, le résultat est sans appel : 94% sont défavorables au projet d’accord. D’où ce débrayage de deux heures, pour tracter et sensibiliser la clientèle".

"La situation est ici très différente du Printemps, dont l’enjeu économique se portait principalement au cœur de Paris, avec une importante clientèle touristique et la possibilité de recourir massivement à l’embauche d’étudiants, complète Olivier Guivarch, secrétaire générale de la CFDT Services. Chez Carrefour on est au contraire sur une organisation beaucoup plus lourde avec des métiers artisanaux ou qualifiés qui ne peuvent être confiés à des étudiants, souvent éloignés des centres villes et donc plus difficiles d'accès. Une telle ouverture en périphérie soulèverait nécessairement la question de l’ouverture dominicale des galeries marchandes et restaurants associés aux hypermarchés. Sans oublier qu’un accord chez Carrefour inciterait toutes les autres enseignes à suivre la même voie !"

Un accord majoritaire chez Carrefour n’est pas exclu

Avec la nouvelle exigence de conclusion d’un accord d’entreprise majoritaire, l’issue de la négociation collective apparaît incertaine : "Force ouvrière, première organisation pour les hypermarchés Carrefour avec 46% de représentativité, est certainement partante si les contreparties accordées aux salariés s’avèrent suffisantes, croit savoir Elisabeth Baudinat. C’est peut-être aussi le cas de la CFE-CGC, qui pèse 4% et dont la signature pourrait permettre un accord majoritaire. Avec nos 26% et les 20% de la CGT, nous sommes de peu en minorité".

800 délégués FO débattent du projet d'accord
Contactée hier soir, Jacqueline Poitou, déléguée nationale FO Carrefour, indique que la position de son syndicat sur le travail dominical chez Carrefour n'est pas encore acquise :

"Pour le moment nous organisons des réunions dans toute la France (13 réunions sur 2 semaines), en vue d'informer et de débattre sur le projet d'accord. Environ 800 délégués participent à ces réunions et pourront ensuite consulter les salariés le plus largement possible. Un vote sera organisé dans une quinzaine de jours. Aujourd'hui nous n'avons pas pris de position, nous nous alignerons sur la réponse de la majorité des syndicats d'établissement, énonce-t-elle. Pour FO aujourd'hui chez Carrefour, le temps n'est plus à la grève, mais à la réflexion par rapport aux ouvertures dominicales qui se font déjà dans de nombreuses enseignes alimentaire. Et non alimentaire, avec des accords que FO n'a pas signés". 

 

De fortes craintes pour les emplois

Le syndicat réformiste lancera également du 12 au 14 janvier une action "Fier d’être hôte/hôtesse de caisse" au sein d’Auchan avec une pétition à signer. "La profession a fortement évolué, s’inquiète la secrétaire nationale Elisabeth Baudinat. Le développement des caisses automatiques renvoie à des conditions de travail plus difficiles. Il s’agit d’un travail debout, d'accompagnement et de surveillance du client en association avec la sécurité. Travailler sur une caisse automatique, c’est surtout une démarche perverse : en tant qu’hôtesse de caisse il faut apprendre au client à être autonome et donc participer à la disparition de son propre métier !"

"Nos craintes pour l’emploi en 2017 vont bien au-delà de la grande distribution, ajoute Olivier Guivarch. Le groupe Vivarte a annoncé la fermeture de 57 magasins C&A. 60 salariés de GAP sur les Champs-Elysées ont été licenciés, Marks&Spencer a annoncé un plan de sauvegarde de l’emploi visant la suppression de 500 emplois, André (750 salariés) vient d’être racheté. L'année ne débute pas de manière positive. Même le groupe Inditex avec Zara souffre avec une érosion du chiffre d'affaires".

Élections TPE : un taux de participation très faible
En toute fin de conférence de presse, la CFDT Services a manifesté son inquiétude quant au taux de participation pour les élections TPE actuellement en cours : "Selon les derniers chiffres communiqués par le ministère du Travail, seul 4% des salariés de TPE ont à ce jour voté, assure le secrétaire général Olivier Guivarch. Le vote ne s’achève que le 13 janvier, mais ce chiffre n’est pas bon. À l’avenir il faudrait que la période de vote soit beaucoup plus longue. Il faut aussi souligner que le report du vote n’a pas non plus aidé à mobiliser".

Représentants du personnel

Les représentants du personnel sont des salariés élus ou désignés chargés de représenter les salariés de l’entreprise avec des missions spécifiques selon l’instance représentative du personnel (IRP) à laquelle ils appartiennent. Il y a quatre grandes IRP : les DP, le CE, CHSCT et les délégués syndicaux.  Au 1er janvier 2020, l’ensemble des IRP (hormis les délégués syndicaux) devront fusionner au sein du CSE.

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Julien François
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