[Vidéo] Una et Nexem s'associent pour créer des passerelles entre domicile et établissement

[Vidéo] Una et Nexem s'associent pour créer des passerelles entre domicile et établissement

19.02.2018

Action sociale

En réponse à la transformation de l'offre médico-sociale initiée par les pouvoirs publics (réponse accompagnée pour tous, logique inclusive...), deux acteurs du champ social et médico-social - Una et Nexem - ont scellé un partenariat pour offrir davantage de fluidité dans les accompagnements entre domicile et établissement et proposer plus de passerelles aux salariés.

"Nous parlons de décloisonnement depuis des années, il faut arrêter d'en parler, maintenant il faut faire", argumente Stéphane Racz devant les journalistes. Son organisation, Nexem, et l'Union nationale de l'aide, des soins et des services aux domiciles (Una) ont en effet conclu le 1er janvier 2018 un "partenariat opérationnel" pour valoriser les synergies et renforcer les coopérations. Lors d'une conférence de presse, organisée à Paris le 14 février, les dirigeants de ces deux fédérations gestionnaires - Stéphane Racz, Guy Hagège (respectivement directeur général et président de Nexem), Nicole Streignart et Guillaume Quercy (directrice générale et président de l’Una) ont levé un coin du voile sur les enjeux de cette alliance.

Un contexte propice pour réinterroger le fonctionnement du secteur

Tous mettent en avant un contexte politique et sociétal propice au changement. "Avec la démarche 'réponse accompagnée pour tous', on ne parle plus de places mais de solutions, c'est un changement de paradigme, il faut s'inscrire là-dedans", expose Guy Hagège, le président de Nexem. "D'un côté, développe-t-il, il y a ces initiatives lancées au niveau politique et institutionnel pour opérer une transformation de l'offre médico-sociale (récent séminaire de la CNSA, interventions de Sophie Cluzel, révision des nomenclatures, tarification Serafin-PH, circulaire de mai 2017, réponse accompagnée pour tous, etc.)... donc, une démarche politique qui nous incite à nous remettre en question. De l'autre, il y a nos organisations, encore structurées en fonction du secteur dont elles ont la charge alors qu'elles auraient besoin de travailler ensemble pour développer des complémentarités".

Pour Guillaume Quercy, "il existe deux postures possibles, un repli sur sa zone de confort ou une attitude plus volontariste pour trouver des solutions". Il veut croire à la seconde. Exit les discours lénifiants sur la coopération, place à l'action ! "Des fenêtres s'ouvrent, la transformation de l'offre impose de créer des passerelles entre le domicile et l'établissement", enchaîne le président de l’Una, exemple à l'appui : "des personnes avec un handicap moteur autrefois accueillies en établissement se retrouvent aujourd'hui dans un domicile ordinaire. Il faut apporter une hybridation des réponses et s'ouvrir au virage inclusif et ambulatoire, trouver un écosystème pertinent".

Les dirigeants de ces deux fédérations, qui représentent, à elle deux, plus de 13 000 établissements et services à caractère social, médico-social, sanitaire, assurent que ce partenariat national reproduit ce qui s'observe déjà sur le terrain : "De plus en plus de nos adhérents "établissements" vont vers le "domicile" et inversement", rapporte ainsi Stéphane Racz (Nexem), qui observe une "porosité grandissante" entre les structures. Quand ce ne sont pas les financeurs qui, devant la difficulté à créer de nouvelles places, incitent les structures à opter pour un agrément de type "Sessad".

 

Dans les vidéos ci-dessous, Guy Hagège et Guillaume Quercy détaillent les raisons qui ont présidé au partenariat Nexem-Una
 

 

 

 

 
Les thématiques abordées ?
La convention de partenariat a été signée pour une durée de deux ans. Cinq axes de travail thématiques ont été identifiés et des groupes de travail formés "de collaborateurs experts et d’administrateurs" sont mis en place pour y contribuer (les syndicats de salariés ne sont pas évoqués) : 1) politiques publiques ; 2) champs conventionnels ; 3) recherche et prospective ; 4) veille et innovation sociale ; 5) formation et accompagnement des adhérents. Un comité de pilotage des travaux sera également constitué pour assurer un suivi régulier et produire un bilan annuel.
Quel calendrier ? Pour Guy Hagège, "il y a une échéance importante qui est la CNH [Conférence nationale du handicap] de juin 2018, notre contribution sur la transformation de l'offre doit donc sortir dans les semaines qui viennent", confie le président de Nexem.
 
 
"Si on parle de parcours de santé, de l'organisation d'une offre plus fluide sur les territoires, il faut aussi réfléchir aux parcours professionnels des salariés", indique Guillaume Quercy.
 
Impact sur les champs conventionnels ?
 
De quelle manière les deux champs conventionnels - branche de l'aide à domicile (Bad) et Bass (branche associative sanitaire, sociale et médico-sociale) - seront-ils impactés ?
A question sensible, réponse prudente. Du côté de Stéphane Racz (Nexem), "il ne s'agit pas d'imaginer demain une convention collective unique [CCU] entre l'aide à domicile et le secteur sanitaire, social et médico-social. Seulement, nous avons besoin de passerelles, et pour cela, il faut faire converger l'appréhension conventionnelle des métiers, se demander par exemple comment le métier d'auxiliaire de vie sociale peut avoir une proximité d'appréhension dans les deux champs conventionnels".

Même appréciation chez Guillaume Quercy (Una) : "Dans la branche de l'aide à domicile, nous avons un dialogue social riche. L'USB [union syndicale de la branche] est un outil performant, et nous avons déjà une CCU qui n'a que sept ans. C'est une branche structurée et il n'est pas question de remettre en cause cela mais seulement de créer des espaces dans lesquels nous allons pouvoir dialoguer. Nous sommes dans un monde qui change, avec beaucoup d'incertitudes, il faut donc créer des lieux d'échanges, alimenter les réflexions".

En résumé, à ce stade il n'est donc pas question d'envisager une quelconque fusion ou un alignement des salaires et des grilles conventionnelles mais plutôt de réfléchir aux moyens de favoriser la mobilité des salariés. Une manière aussi de redynamiser l'attractivité du secteur. "En Ile-de-France par exemple, indique Guillaume Quercy, il y a des travaux entre les deux branches pour permettre des formations et des stages communs entre les structures, mieux connaître les métiers de l'autre. Ces initiatives ouvrent aux salariés des perspectives nouvelles sur les questions de formation et de reconnaissance de l'expérience", estime-t-il.

Les résultats des travaux issus du partenariat Nexem-Una seront soumis aux partenaires sociaux pour la négociation collective, ainsi qu'aux pouvoirs publics.

 

Guillaume Quercy analyse l'impact sur les champs conventionnels :

 
Vers un élargissement du partenariat ?

Finalement, il n'est pas surprenant que ces deux acteurs soient à l'initiative d'un tel partenariat, chacun dans son champ ayant déjà tenté de susciter des alliances et d'aller plus loin dans la structuration de leur champ respectif (faut-il d'ailleurs rappeler que Nexem est issu de la fusion entre la Fegapei et le Syneas) [1].

Ce début de compagnonnage annonce-t-il une ouverture aux autres acteurs des deux branches (Fehap, Croix-Rouge, Unicancer, Adessadomicile, ADMR, Fnaafp-CSF) ?

"Nous faisons le pari de l'intelligence collective plutôt que celui des tactiques d'organisation, a fortiori dans le secteur du domicile qui est sinistré, et où on est au pied du mur. On ne se ferme pas de portes a priori, on verra en cheminant", répond Guillaume Quercy, qui rappelle que "depuis deux ans, l'Una a beaucoup plaidé pour mettre en place des passerelles". "Je suis ravi d'avoir trouvé Nexem. On verra ce que cela suscitera chez d'autres", déclare ainsi le président de l'Una.

"Nous sommes dans une dynamique entraînante au profit d'un collectif, tant mieux si cela permet d'engager les autres", abonde Stéphane Racz (Nexem). Mais en tout cas, "ce n'est pas une finalité en soi que de rechercher d'abord un partenariat", conclut le président Guy Hagège.

 

 

 

[1] Voir en ce sens les interviews à tsa de Francis Contis (2015) pour l'Una et de Guy Hagège (2014) pour la Fegapei.

Action sociale

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Linda Daovannary
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