Pour la direction juridique de Teva Santé, la promotion de la diversité constitue un critère de sélection important des avocats. Rencontre avec Beatrice Bihr, directrice juridique et Fanny Layrisse, responsable juridique.
La direction juridique de Teva Santé, filiale française du groupe mondial pharmaceutique, a remporté le Trophée d’Or 2019 dans la catégorie «Contentieux» lors de la 5ᵉ édition des Trophées du Droit édition Entreprise. Rencontre avec Beatrice Bihr, directrice juridique et Fanny Layrisse, responsable juridique.
Gestion d'entreprise
La gestion d’entreprise constitue l’essentiel de l’activité d’un dirigeant d’entreprise. Elle fait appel à un grand nombre de notions empruntées de la comptabilité, de la finance (gestion des risques au moyen de la gestion des actifs et des assurances professionnelles), du droit des affaires (statut juridique, contrats commerciaux, fiscalité, cadre réglementaire et légal de l’activité), de la gestion de ressources humaines...
Quel a été le processus de sélection des Trophées du Droit ?
Béatrice Bihr : Une première sélection de directions juridiques est réalisée en amont par un groupe d’experts au sein des Trophées du droit. Pour les nominés qui le souhaitent, il y a une deuxième étape qui consiste à exposer en détails ce que fait la direction juridique dans un dossier écrit. Il comporte des questions variées sur les pratiques, le management et l’innovation. Puis notre direction juridique a effectué une présentation orale devant un jury composé essentiellement de directeurs juridiques en charge de départements contentieux, d’un avocat en contentieux et d’un représentant des Trophées du droit. C’est ce jury qui a décidé de l’attribution du Trophée au vu du dossier et de la présentation orale.
Savez-vous sur quels critères votre direction juridique a remporté ce Trophée d’Or ?
BB : Les autres directions juridiques nominées étaient prestigieuses : Air France, Foncia, Veolia, Google et Bayer. Les points forts qui ont marqué le jury et qu’il a mis en avant pour expliquer son choix sont notre vision stratégique, la mise en place d’une véritable politique contentieuse et de prévention des risques.
Comment s’organise votre direction juridique ?
Fanny Layrisse : Béatrice occupe le poste de secrétaire général et directeur juridique exécutif. L’équipe est composée d’une dizaine de juristes : trois responsables juridiques – dont moi-même, deux juristes junior, un avocat détaché spécialisé en droit social et deux juristes situés en Suisse car notre périmètre couvre la France et la Suisse.
Quels types de profils ont vos juristes ?
BB : La plupart de nos juristes ont débuté leur carrière en cabinet d’avocats. J’ai par exemple 10 ans de barreau et Fanny a exercé 7 ans en cabinet. La plupart ont par ailleurs une double formation – droit et école de commerce. J’ai été formée à HEC et Fanny est issue de l’EDHEC. Certains sont également membres de barreaux étrangers. Nous apprécions d’avoir des personnes qui ont une formation qui n’est pas seulement juridique, qui leur permet d’avoir une approche plus commerciale et de comprendre les enjeux économiques sous-jacents des problématiques juridiques.
Quels sont les domaines du droit sur lesquels intervient votre direction juridique ?
FL : Nous intervenons sur l’ensemble du droit des affaires. Seul le droit fiscal relève de la direction financière. Nos sujets principaux tournent autour du droit commercial : contrats commerciaux, droit de la distribution et droit de la concurrence. Nous traitons également des sujets en droit pharmaceutique et droit de la santé. Nous travaillons aussi sur des problématiques en droit social, notamment à travers le précontentieux et le contentieux, ou encore en propriété intellectuelle, en lien avec les marques et les brevets. Enfin, nous intervenons en matière d’affaires gouvernementales, où nous apportons un support à Béatrice sur l’aspect affaires publiques du secrétariat général.
BB : Le secrétariat général regroupe la direction juridique, la direction des affaires publiques, la direction EHS (environnement hygiène et sécurité) et la direction droit du travail. La direction juridique contribue aux dossiers de ces différentes directions.
Quelle est votre politique de prévention des risques ?
BB : Chaque année, nous établissons une cartographie de nos risques afin de les connaitre, d’en dégager des chantiers pour l’année et ce, afin de les minimiser. Cela se traduit notamment par des formations dispensées aux salariés de l’entreprise. Nous avons notamment, récemment, réalisé des formations en droit de la concurrence et formé des responsables RH sur certains points du droit du travail. En matière d’anticorruption ou de données personnelles, nous travaillons en étroite collaboration avec la direction de la conformité. Nous nous occupons des aspects juridiques tandis qu’ils sont par exemple chargés de l’établissement des codes de conduite.
Comment choisissez-vous vos avocats ? A quels moments interviennent-ils ?
FL : Les avocats interviennent tant en conseil qu’en contentieux, à différents stades, en fonction des problématiques. Nous les sollicitons également en amont lorsque nous avons besoin de leur expertise sur un sujet spécifique, comme en droit pharmaceutique ou encore lorsque nous avons un chantier à mettre en œuvre, comme en matière de données personnelles où nous avons eu recours à un détachement.
BB : Lorsque nous savons que nous sommes dans une zone de risques, nous faisons appel à eux préventivement. Ils nous aident dans notre réflexion pour la résolution d’un potentiel conflit.
FL : Concernant la sélection des cabinets, nous entretenons des relations dans la durée avec eux. Nous travaillons avec des cabinets de toute sorte : français, internationaux, cabinets de niche, etc. Nous avons des critères de sélection importants : qualité technique de la prestation, respect des délais, disponibilité de l’équipe, compréhension des contraintes de notre secteur et de notre entreprise. Enfin, nous avons un dernier critère fondamental : la parité. Nous tenons également compte de la capacité des cabinets avec lesquels nous travaillons à promouvoir les femmes à des postes d’associés.
Quels sont vos grands chantiers de l’année ou à venir ?
BB : Nous sommes sur une réflexion globale de simplification et d’accès au droit. Ces dernières années, nous avons eu à mettre en œuvre de nombreux nouveaux textes de loi : loi Sapin II, RGPD, etc. Cela devient de plus en plus ardu pour les collaborateurs de s’y retrouver. Nous souhaitons optimiser nos processus de manière à fluidifier les process qui concernent souvent plusieurs départements : pharmacovigilance, juridique, achats, finance, conformité, etc. L’objectif est que les collaborateurs se concentrent sur le business et non pas sur les process.
Nous essayons d’innover. Nous travaillons notamment avec des start-up en matière de legal design (Amurabi) de façon à rendre le droit plus lisible et plus compréhensible. Nous avons par ailleurs automatisé un certain nombre de procédures et développé un outil groupe de gestion des contrats.
Vous êtes présidente et fondatrice de la commission « DJ au féminin » au sein du Cercle Montesquieu. Quelles ont été vos dernières actions ? Au sein de votre entreprise, avez-vous initié des actions en faveur des femmes ?
BB : Dernièrement, nous avons organisé une réunion avec les DRH des entreprises sur le thème « Sexisme : quel impact sur les organisations ? » ou comment améliorer la performance des entreprises via la lutte contre les stéréotypes et le sexisme. Nous avons par ailleurs procédé à un classement des cabinets d’avocats au regard de la parité. Cela permet aux directions juridiques d’avoir un choix éclairé sur leurs conseils et, à compétences égales,de choisir ceux qui privilégient la diversité. A titre personnel, j’applique cette maxime américaine « Pull as you climb ». J’essaye de développer la carrière de mes collaboratrices en interne et en externe et de les pousser à évoluer et à prendre des responsabilités.
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