Ces entreprises qui accompagnent les salariés aidants

Ces entreprises qui accompagnent les salariés aidants

11.12.2018

Gestion du personnel

Le prix "Entreprise et salariés aidants", organisé par Audiens, a récompensé, hier, une branche professionnelle et deux entreprises pour des démarches innovantes auprès de leurs collaborateurs : la branche des industries électriques et gazières, La Poste et la Matmut. Le détail des initiatives primées.

Le prix "Entreprise et salariés aidants", organisé par Audiens et lancé par le cabinet Alteus conseil a été remis hier soir au théâtre Montparnasse, à Paris. Objectif ? Récompenser les meilleurs dispositifs mis en place par les entreprises en faveur de leurs salariés qui aident quotidiennement un proche rendu dépendant par l’âge, la maladie ou le handicap. L’enjeu est, en effet, d’importance : les salariés aidants seraient près de 8,3 millions et leur rôle devrait aller croissant en raison du vieillissement de la population française.

13 entreprises et une branche professionnelle ont candidaté à ce palmarès. Preuve que les DRH commencent à se saisir de ce sujet. Ils s’appuient sur les dispositifs légaux, comme, par exemple, la loi du 13 février 2018 sur le don de jours de congés qui recueille de nombreux suffrages parmi les entreprises primées. Avec ce texte, le salarié peut soutenir un collègue aidant en renonçant anonymement et sans contrepartie à tout ou partie de ses jours de repos non pris, qu’ils aient été on non affectés sur un compte épagne-temps. Mais les DRH développent aussi leurs propres démarches, via l’aménagement du temps de travail (télétravail, flexibilité horaires), le conseil personnalisé (plateformes téléphoniques ou numériques) ou la sensibilisation et la formation des salariés et du management.

D’autres projets sont aussi à l’étude. La proposition de loi UDI-Agir visant à favoriser la reconnaissance des proches aidants, voté le 7 décembre, à l’Assemblée nationale, prévoit l’intégration dans la négociation collective des branches le thème de la conciliation entre la vie professionnelle et la vie personnelle des salariés proches aidants. Le texte a toutefois subi un revers important, selon le groupe centriste. Les députés, notamment LREM, ont abandonné l'idée d'indemniser les salariés qui prennent un congé de proche aidant. Ces derniers ont argué d’une négociation "grand âge et autonomie" en cours, prévue par le gouvernement  qui intègre la question des proches aidants.

Voici les trois initiatives primées.

Premier prix : branche des industries électriques et gazières

C’est un accord plutôt inédit. La branche des industries électriques et gazières, qui regroupe quelque 140 000 salariés et 160 entreprises, a signé, le 15 décembre 2017, avec quatre organisations syndicales (CFDT, CFE-CGC, CFTC et CGT), à l’exception de FO, un accord sur l’évolution des droits familiaux. "Certaines dispositions n’avaient pas évolué depuis 1946, souligne Claire Jourdain, l’une des deux directrices des affaires sociales de la branche et responsable adjointe relations sociales d’Engie. Nous avons voulu adapter les droits familiaux aux évolutions sociétales en tenant compte des aidants".
La branche propose tout d’abord, la mise à disposition d’une plateforme téléphonique d’orientation et de conseil, animée par l’institut de prévoyance Malakoff Médéric. Elle prévoit également une sensibilisation des responsables RH, du management et des médecins du travail à la situation d’aidants familiaux.
Mais la problématique des aidants n’a pas été abordée uniquement sous l’angle de l’information et de l’accompagnement. Car la branche assure également un soutien financier, en versant un complément de rémunération, aux salariés pour trois congés spécifiques. Seule condition ? Bénéficier d’une ancienneté de branche de trois mois. Ainsi, le salarié en congé de présence parentale ou en congé de solidarité familiale perçoit une indemnité lui assurant 80 % de son salaire net. Cette indemnité complémentaire est versée pendant 310 jours maximum pour le premier et durant trois mois maximum pour le second.
En outre, lorsqu’un salarié prend un congé de proche aidant à mi-temps sur la base d’un temps complet, l’employeur verse durant six mois, une rémunération complémentaire lui permettant de recevoir 70 % de sa rémunération brute. Il prend également en charge, durant ce laps de temps, les cotisations sociales et patronales de retraite sur la base des 30 % restants. L’objectif étant de "valider cette période au régime spécial des retraites à hauteur d’un temps plein". Aucune aide n’est, en revanche, versée pour un congé à temps plein.

Enfin, les parents d’un enfant en situation de handicap bénéficient d’un congé supplémentaire "parent-enfant handicapé" de huit jours par an jusqu’au 20 ans.

Deuxième prix : La Poste

L’entreprise a mis en place un dispositif complet d’offre sociale. Tout d’abord, les postiers peuvent avoir accès à une plateforme téléphonique d’écoute, de conseils et d’orientation, via Domiserve, une filiale du groupe : le guichet des aidants. "Après un diagnostic de la situation, des solutions adaptées sont proposées pour soulager matériellement et psychologiquement tant l’aidé que l’aidant et l’accompagner dans ses démarches administratives", indique Valérie Leroux, responsable activités sociales, solidarité de La Poste. Un label, proposé par le guichet est délivré sous conditions : le certificat d’aidant. Il permet à son titulaire d’accéder à des aides dédiées : Cesu bonifié, aide à domicile pour l’aidé, prestation d’aide au répit, réduction sur certaines prestations (télé-assistance, formation aux gestes préservant l’aidant et l’aidé, diagnostic d’ergothérapeute). Un service de recherche de places en maison de retraite est également proposé à tous les postiers. Depuis sa création, en mai 2016, le guichet a reçu 9 306 appels, 1 700 certificats ont été délivrés.

Côté RH, La Poste a conclu un accord, en septembre dernier, portant sur la conciliation entre la vie professionnelle et la vie personnelle des postiers aidants. Parmi les mesures, la création d’un fonds de solidarité qui permet de donner des congés supplémentaires aux postiers qui aident un proche. Ils pourront obtenir jusqu’à 25 jours par an, renouvelable une fois. Le fonds est alimenté par l’entreprise, à hauteur de 1000 jours par an.

En outre, l’accord prévoit la mise en place de trois jours d’autorisation d’absence par an pour accompagner le proche à l’occasion de démarches médicales ou administratives ; la possibilité de télétravailler  (25 jours de télétravail flottants); des facilités dans l’organisation de leur temps de travail ainsi qu’un accompagnement personnalisé "s’ils ont un besoin d’évolution professionnelle, notamment effectuer une mobilité géographique et un accès au travail à temps partiel". Cet accord social est conclu pour une durée de trois ans.

Troisième prix : Matmut

C’est en négociant un accord triennal sur le handicap, en 2018, que le groupe Matmut s’est penché sur la problématique des salariés aidants. "Les femmes sont souvent les premières concernées. Or, notre groupe compte plus de 60 % de personnel féminin, constate Olivier Ruthardt, directeur général adjoint ressources humaines et relations sociales. D’où notre volonté de proposer un accompagnement spécifique". Outre des aménagements du rythme et de la charge de travail, l’octroi de jours supplémentaires et une sensibilisation des salariés et des managers, l’accord, applicable en janvier 2019, et signé à l’unanimité par les cinq organisations syndicales représentatives, prévoit la création d’un fonds de solidarité, alimenté par des dons des salariés provenant de leur compte épargne temps (CET).

Concrètement, l’accord prévoit qu’un salarié, quelle que soit son ancienneté, peut renoncer à tout ou partie de ses jours de repos non pris, au bénéfice d’un autre collaborateur de l’entreprise qui assume la charge d’un enfant, d’un petit-enfant, d’un parent, d’un cousin, d’un oncle ou d’une tante malade, dépendante ou présentant un handicap. Le don est également étendu aux salariés dont le parent ou le conjoint (marié, concubin ou partenaire lié par un Pacs) est handicapé ou gravement malade.

Chaque salarié peut céder un nombre de jours de repos sans limitation provenant de son CET, avec abondement de l’employeur de 20 %, au bénéfice d’un aidant qui peut recevoir jusqu’à 40 jours par an, renouvelables.

Par ailleurs, l’accord donne aux salariés parents d’enfants handicapés travaillant à temps partiel la possibilité de cotiser à hauteur d’un salaire représentant un temps plein au titre de l’assurance vieillesse.

 

Le jury
Le jury, présidée par Blandine Langlois, DRH du groupe les Echos-Le Parisien, était composé de 21 professionnels et experts aux compétences "pluridisciplinaires". Parmi les membres, Benoît Durand, directeur délégué de France Alzheimer ; Nadège Plou, DRH de Korian; Pascale Coton, vice-présidente CFTC/Cese ; Géraldine Fort, déléguée générale de l’Orse (Observatoire de la responsabilité sociale de l'entreprise); Hervé Garnier, secrétaire national de la CFDT ; Christophe Roth, délégué national santé au travail et handicap de la CFE-CGC…

 

Gestion du personnel

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.

Découvrir tous les contenus liés
Anne Bariet
Vous aimerez aussi