Coronavirus : faut-il mettre à jour le document unique ?

Coronavirus : faut-il mettre à jour le document unique ?

16.03.2020

HSE

Face à la pandémie due au SARS-CoV-2, nous tenterons autant que possible dans nos prochaines éditions de répondre aux questions pratiques que vous vous posez, en tant que responsables de la santé et de la sécurité dans votre entreprise ou en tant qu'employeur. Aujourd'hui : faut-il mettre à jour le DUERP ? Oui, puisqu'il traduit votre évaluation des risques et la mise en place des mesures de prévention prises. Qui doivent commencer, désormais, par l'organisation massive du télétravail.

Le premier ministre a appelé samedi soir les entreprises et les administrations à engager "dès lundi et pour les prochaines semaines une action massive d’organisation du télétravail pour permettre au plus grand nombre de rester à domicile". La première mesure de prévention que doivent absolument mettre en place les entreprises est le confinement à domicile de tous les personnels pour qui c'est possible. Le ministère du travail l'a clairement indiqué hier soir dans un communiqué : "Le télétravail devient la règle impérative pour tous les postes qui le permettent" – soit au moins 4 emplois sur 10 selon le gouvernement.

Face au coronavirus, les entreprises ont un rôle essentiel, avec notamment deux batailles : s'organiser immédiatement pour limiter la propagation du virus SARS-CoV-2, et se préparer à vivre le pic de l'épidémie en organisant la continuité de l'activité, via les PCA (plans de continuité d'activité).

 

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Dans les prochains jours, nous tenterons de répondre aux questions pratiques que vous vous posez, en tant que responsables de la santé et de la sécurité dans votre entreprise ou en tant qu'employeur.

Soumettez-vous vos questions via les commentaires dans cet article, ou en nous interpellant sur twitter.

Nous répondrons au mieux à certaines, et dans la limite des connaissances et informations disponibles, qui évoluent très vite.

 

 

Faut-il mettre à jour le document unique en urgence ?

 

► Oui, il faut faire l'évaluation des risques

Le code du travail imposant à l'employeur de prendre les mesures nécessaires pour assurer la santé et la sécurité de son personnel, cela doit passer par une évaluation des risques… laquelle est transcrite dans le document unique. Donc oui, le document unique doit bien être mis à jour en raison de la pandémie.

"L’actualisation du document unique d’évaluation des risques prévue à l’article R. 4121-2 du code du travail est nécessaire du fait de l’épidémie actuelle liée au virus Covid-19", confirme la DGT, qui a édité un document "questions-réponses" le 28 février 2020 et l'a depuis mis à jour plusieurs fois – la dernière mise à jour datant du 9 mars.

► Adaptation constante en fonction du contexte

Il est précisé que l'évaluation des risques à pour but de "réduire au maximum les risques de contagion sur le lieu de travail ou à l’occasion du travail par des mesures telles que des actions de prévention, des actions d’information et de formation ainsi que la mise en place de moyens adaptés, conformément aux instructions des pouvoirs publics". Et aussi que l'employeur doit veiller à l'"adaptation constante" des actions de prévention "pour tenir compte du changement des circonstances".

Pour l'employeur, cela suppose d'organiser une veille sur l'actualité du Covid-19, de suivre de près l'évolution de la situation et les messages des autorités.

► Identifier les situation de travail et les risques

Comment s'y prendre ? Il s'agit d'identifier les situations de travail pour lesquelles les conditions de transmission du SARS-CoV-2 peuvent se trouver réunies. La combinaison de plusieurs critères permet d'analyser le risque et de décider des mesures de prévention à mettre en œuvre, point par point.

On peut lister plusieurs critères augmentant fortement le risque de transmission :

  • même lieu de vie / de travail,
  • contact direct à moins d'un mètre lors d'une toux ou d'un éternuement,
  • contact direct à moins d'un mètre lors d'une discussion (même sans toux) de plus de 15 minutes en l'absence de mesures de protection,
  • difficultés à se laver très souvent les mains.

► Décider des mesures de prévention

De ces situations d'exposition découlent les mesures de prévention : pas de réunion, pas de travail à deux sur un même poste (tri du courrier, par exemple), etc. Mais rappelons que le télétravail massif est désormais exigé. Ces mesures ne viennent que si le télétravail ne peut pas être mis en place. Comme pour tout risque, les mesures doivent d'abord être collectives et organisationnelles, et avant de, concrètement, fournir du gel hydroalcoolique.

En cas de contact avec le public, lorsqu'il n'est pas possible de les stopper, le document du ministère du travail distingue schématiquement deux situations de travail : lorsque les contacts sont brefs, et lorsqu'ils sont prolongés et proches. Pour les contacts brefs, les mesures dites "barrières" bien appliquées – et surtout le lavage des mains très fréquent – "permettent de préserver la santé de vos collaborateurs et celle de votre entourage". En cas de contact davantage prolongé (au-delà de quelques minutes), les mesures "barrière" doivent être complétées "par exemple par l’installation d’une zone de courtoisie d’un mètre, par le nettoyage des surfaces avec un produit approprié", mentionne la DGT.

Remarque : nous ne traitons pas ici les cas spécifiques, face au SARS-CoV-2, de tous les soignants ni des aides à domicile, notamment.

► Mode dégradé

L'évaluation des risques doit aussi permettre de prévoir, souligne le ministère du travail, la mise en sécurité des installations en mode dégradé si nécessaire. Par exemple la sécurité d'une ligne de production si tous les postes ne sont pas occupés comme en fonctionnement normal, ou s'il faut prévoir l'arrêt de la production avec des personnels en sous-effectifs.

Il ne faut pas oublier les risques secondaires, générés par le fonctionnement dégradé de l'entreprise. La DGT cite notamment la réorganisation du travail, l'affectation sur un nouveau poste de travail et le télétravail.

► Plans de prévention à mettre à jour pour les entreprises intervenantes

"Naturellement, est-il écrit dans le document d'aide du ministère, toute mesure le justifiant devra être répercutée vers les entreprises intervenant au sein de mon établissement dans le cadre de l’adaptation des plans de prévention qui devront également être mis à jour conformément aux dispositions de l’article R. 4513-4 du code du travail."

Ainsi pour les entreprises de nettoyage, par exemple, ou de sécurité.

► Avec le CSE, avec le service de santé au travail… et en informant les personnels

Le CSE "joue un rôle particulièrement important dans les situations de crises", remarque la DGT et "il devra ainsi être associé à la démarche d’actualisation des risques et consulté sur la mise à jour du document unique d’évaluation des risques". Ce travail de consultation et d'association devra sans doute se faire à distance, mais il ne faut pas le négliger pour autant. Les élus, sur le terrain, peuvent être précieux pour aider à l'analyse des situations de travail.

L'entreprise peut aussi se faire épauler par son service de santé au travail. Plusieurs ont envoyé ces derniers jours des courriers dans ce sens à leurs entreprises adhérentes.

L'actualisation du document unique doit être faite dans un objectif d'information et de formation de tout le personnel. Il ne faut pas l'oublier dans le contexte de confinement et de télétravail.

HSE

Hygiène, sécurité et environnement (HSE) est un domaine d’expertise ayant pour vocation le contrôle et la prévention des risques professionnels ainsi que la prise en compte des impacts sur l’environnement de l’activité humaine. L’HSE se divise donc en deux grands domaines : l’hygiène et la sécurité au travail (autrement appelées Santé, Sécurité au travail ou SST) et l’environnement. 

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Élodie Touret
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