Ils ont quitté le droit pour de nouveaux horizons

Ils ont quitté le droit pour de nouveaux horizons

18.01.2021

Gestion d'entreprise

Juristes en entreprise ou en cabinets d’avocats, ils se sont réorientés pour aller fouler d’autres territoires, portés par leur passion, tout en s’appuyant sur leur bagage. Récit.

Quel est le point commun entre une coach conférencière, la dirigeante d’un point de vente de services à la personne ouvert en franchise, un blogueur spécialiste de la mode masculine et une thérapeute (hypnose) ? Le droit ! Car tous ont vécu une vie de juriste en entreprise et ont jeté l’éponge pour s’épanouir dans d’autres domaines …

« J'aimais le droit mais au fil du temps, son côté parfois rigide ne me convenait plus. J'avais souvent l'impression d'être celle qui freine la créativité des entrepreneurs, des commerciaux… Celle qui recadre ! J'étais fatiguée de gérer les catastrophes. J'avais le sentiment de vivre dans les problèmes et les urgences... Le fun, la légèreté me manquaient ! », confie Virginie Delalande, CEO d’Handicapower.

Concilier vie privée, vie professionnelle

Lorsque Audrey Collet-Noël et son mari se réinstallent dans leur région d’origine, à Metz, la juriste d’entreprise, qui vient de quitter l’emploi qu’elle occupait dans un groupe de textile (Idkids Group), a du mal à retrouver un poste.  « Les offres proposent des emplois au Luxembourg, mais avec des enfants en bas âge, je ne m’imagine pas faire deux heures de route par jour, d’autant que le rythme imposé par le métier est difficilement conciliable avec la vie de famille », constate-t-elle alors. En revanche, Audrey Collet-Noël connait le secteur de la franchise grâce à son emploi précédent et la formule la séduit. « Je décide donc de me lancer en franchise et opte pour le réseau Vivaservices, enseigne de services à la personne », raconte-t-elle. Un secteur prometteur… Barbara Pham a elle aussi stoppé sa carrière de juriste pour s’occuper de ses enfants et suivre son mari dans ses déplacements. Contrainte de repartir de zéro à chaque déménagement, elle décide de créer sa propre activité, en indépendante. Après une première expérience aux commandes d’un site e-commerce pendant trois ans, elle se tourne aujourd’hui vers le coaching, l’accompagnement par l’hypnose et les formations en ligne par le biais de son site barbarapham.fr.

Utiliser le droit en soutien

Dans leur nouveau logiciel, le droit est toujours présent mais en fond d’écran. « Mes études et la pratique du droit m’aident, notamment au niveau de la rigueur, de l’analyse et de l’anticipation des évènements », glisse ainsi Audrey Collet-Noël. Pour Virginie Delalande, le droit encadre la vie professionnelle comme la vie privée : « nous signons régulièrement des contrats, validons des conditions générales, entamons des négociations... Le droit m'a donné une rigueur dans le travail, des qualités rédactionnelles ou de synthèse, une capacité à gérer le stress qui me servent régulièrement », analyse-t-elle.

L’aptitude à communiquer réunit ces anciens juristes. Si le droit sert aussi à Arnaud Chanteloup, il a surtout retenu le « plaisir d’écrire » qu’il met aujourd’hui à profit sur Verygoodlord.com, blog mode et art de vivre au masculin. « J’aimais la stimulation intellectuelle mais pas le rythme effréné, aujourd’hui je partage mes centres d’intérêts et je travaille avec des marques fidèles », se félicite celui qui exploite son blog depuis plus de cinq ans. Cette activité lui a permis de rencontrer des personnes venant d’horizons différents. Et d’explorer de nouveaux territoires : accessoires de mode, déco, etc. « La parole est le point commun de mes différentes vies professionnelles, un constat plutôt amusant pour une personne sourde de naissance comme moi, qui a mis 20 ans avant de pouvoir bien s’exprimer à l'oral », admet Virginie Delalande. En œuvrant dans le « care » au sens large, Audrey Collet-Noël et Barbara Pham ont choisi des activités tournées vers l’humain…

Quel bilan tirent-ils de leur reconversion ?  Un bilan positif, à l’unanimité ! Quatre ans après son installation en franchise, Audrey Collet-Noël se félicite de son choix. Devenue chef d’entreprise, elle emploie 35 personnes, projette de développer sa structure et de diversifier l’activité, avec notamment des services d’aides aux personnes dépendantes et en situation de handicap.

« Je suis très heureuse d'avoir osé sauter le pas. J'adore mon métier de conférencière, même si évidemment la Covid chamboule beaucoup de choses », lâche Virginie Delalande. Même satisfaction chez Arnaud Chanteloup : « je me sens libre, je vis de mes passions et j’ai même pu suivre ma compagne pendant six mois aux États-Unis ». La liberté !

Véronique Méot

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