Les études convergent sur la croissance structurelle des activités comptables en France

Les études convergent sur la croissance structurelle des activités comptables en France

26.10.2020

Gestion d'entreprise

Les dernières statistiques fournies par l'Insee montrent que le chiffre d'affaires tant du secteur comptable que de la branche comptable reste en augmentation. Une tendance cohérente avec les données cumulées issues de l'Ordre des experts-comptables et du H3C même si des écarts existent sur la taille des activités comptables en valeurs absolues.

En 2019, la croissance du marché comptable est restée soutenue en France. Le chiffre d'affaires de la branche comptable — notion la plus pertinente pour mesurer le marché comptable (lire l'encadré ci-dessous à ce sujet) — est estimé à 24,55 milliards d'euros, soit une augmentation de 5,1 % par rapport à 2018, selon les données provisoires que l'Insee a publiées cet été. Résultat : ce marché croit structurellement plus vite que l'économie en général. Entre 2008 et 2019, l'activité de la branche comptable a augmenté de 67,12 % contre seulement 21,75 % pour le PIB en valeurs.

Le chiffre d'affaires de la branche comptable approche 25 milliards d'euros en 2019
 
Sources : Insee, Conseil supérieur de l'Ordre des experts-comptables, Haut conseil du commissariat aux comptes / actuel expert-comptable

(1) A partir de 2017, le chiffre d'affaires est diffusé, pour toutes les unités, en se basant sur la définition de l'entreprise au sens économique, c'est à dire en raisonnant sur la notion de groupe pour toutes les sociétés qui ne sont pas indépendantes. Avant cette date, le chiffre d'affaires est déterminé essentiellement sur la base des unités légales, c'est à dire sans prendre en compte la notion de groupe (à l'exception de certains groupes qui, à partir de 2013, ont été intégrés à partir d'un traitement manuel ; à partir de 2016, une cinquantaine de groupes supplémentaires a été ajouté également par traitement manuel).

(2) Les données sont définitives jusqu'en 2017, semi-provisoires pour 2018 et provisoires pour 2019

(3) ce chiffre d'affaires englobe celui des experts-comptables et des AGC (associations de gestion et comptabilité)

 
Croissance structurelle du secteur comptable supérieure à celle de l'économie en général

La tendance est-elle la même pour les cabinets comptables — la question se pose car la branche comptable est susceptible d'intégrer l'activité comptable d'autres acteurs que les cabinets lorsqu'elle est réalisée à titre accessoire — ? Un premier moyen de se faire une idée repose sur l'analyse de l'Insee sur le secteur comptable, notion qui regroupe théoriquement grosso modo les structures d'expertise comptable et de commissariat aux comptes (lire l'encadré ci-dessous à ce sujet). Fin septembre, l'Insee a publié les données pour l'exercice 2018 — elles sont issues de la base Esane. On y apprend que Fichierle chiffre d'affaires 2018 du secteur comptable est estimé à 19,88 milliards d'euros contre 18,54 milliards d'euros Fichieren 2017, soit une augmentation de 7,23 % — à noter que l'Insee a modifié le chiffre de 2017 depuis sa première publication. Sur long terme, la tendance est elle aussi à une augmentation structurelle de l'activité du secteur comptable. Entre 2008 et 2018, le chiffre d'affaires a progressé de 35,22 %. C'est plus que celle de l'économie en général. Le PIB en valeurs a augmenté d'environ 18,5 % sur cette période.

Les cabinets ne monopolisent pas l'activité du secteur comptable

D'autres sources de données proviennent de l'institution des experts-comptables et du régulateur des commissaires aux comptes. L'Ordre des experts-comptables nous a fourni les récents chiffres d'affaires réalisés par les cabinets en nous précisant, après plusieurs échanges, que cela couvre l'activité des experts-comptables et celle des associations de gestion et de comptabilité (AGC). Pour 2019, le chiffre d'affaires d'affaires s'élève ainsi à 15,8 milliards d'euros contre 15,2 en 2018, soit une progression de 3,95 %. Entre 2016 et 2019, le chiffre d'affaires a ainsi cru de 12,06 %. De son côté, le H3C indiquait en 2019 dans Icône PDFson étude sur le marché du contrôle légal des comptes que le chiffre d'affaires des commissaires aux comptes, tous services compris, est passé de 2,43 milliards d'euros en 2015 à 2,62 milliards d'euros en 2018, soit une progression de 7,8 %. On voit donc par ces sources de données que les activités d'expertise comptable et de commissariat aux comptes sont en croissance ces dernières années. On s'aperçoit aussi qu'il existe (voir ci-dessous), s'agissant de l'année 2018, un écart de l'ordre de deux milliards d'euros entre le chiffrage du secteur comptable par l'Insee et celui cumulé des structures d'expertise comptable et de commissariat aux comptes :

- chiffre d'affaires déclaré par les experts-comptables et les AGC pour l'année 2018 (source : CSOEC) : 15,2 milliards d'euros

- chiffre d'affaires réalisé par les commissaires aux comptes pour l'année 2018 (audit légal des comptes et autres services ; source Icône PDFH3C) : 2,62 milliards d'euros

- Ecart avec le chiffre d'affaires du secteur comptable estimé par l'Insee pour 2018 : 19,88 - 15,2 - 2,62 soit 2,06 milliards d'euros

Comment expliquer cet écart ? Cela tient à plusieurs facteurs. Premièrement, au fait que l'Insee intègre dans sa mesure du secteur comptable l'activité des organismes de gestion agréés (OGA). Les derniers chiffres publics à ce sujet s'élèvent à 243 millions d'euros pour l'année 2012 (source : Icône PDFCour des comptes). Il semble donc très peu probable que cela explique l'écart de 2 milliards d'euros en 2018. Il reste donc à chercher du côté d'autres structures dont l'activité principale est comptable à la condition qu'elles n'appartiennent pas à un groupe dont l'activité principale est comptable. Il peut s'agir en théorie des prestataires de services de paie à la condition que l'activité principale soit la prestation de service et non pas l'édition de logiciel. Il peut s'agir aussi d'une entité qui fournirait des services de tenue comptable à titre principal.

Comment l'Insee mesure l'activité comptable

L'activité comptable est regroupée dans le code Naf (nomenclature d'activité française) 69.2. Cela englobe notamment les services de tenue comptable, de vérification comptable, d’établissement financier, d’audit financier, de paie, d’établissement d’attestations ou encore de conseil fiscal (voir le document pour la liste des activités incluses).

La notion de branche d’activité regroupe des entreprises et des parties d'entreprises qui produisent la même catégorie de prestations (ou de biens). Cela signifie que la branche activités comptables prend en compte non seulement l'activité comptable réalisée par les cabinets comptables, libéraux comme associatifs, ainsi que celle des entreprises qui ne relèvent pas du secteur comptable — ces dernières entreprises peuvent appartenir au secteur conseil en gestion, à l'édition de logiciel ou bien être une société qui facturerait une activité comptable à une entité de son groupe non comptable.

Le secteur activités comptables englobe, quant à lui, toutes les entreprises et rien que les entreprises dont l’activité principale est comptable, c’est-à-dire appartenant à l'activité Naf 69.2. Cela comprend exclusivement les structures d’expertise comptable (y compris les AGC), d’audit légal des comptes et les organismes de gestion agréés et éventuellement certains autres prestataires de ce secteur telles qu'une entreprise dont l'activité principale est la paie (hors édition de logiciel).

Précision importante : l'Insee diffuse depuis l'exercice 2017 entièrement les données sur les secteurs d'entreprise selon la définition de l'entreprise au sens économique. Cela signifie que cet institut de la statistique prend en compte, à partir de cette année-là, la structure des groupes de sociétés afin de constituer des entreprises au sens économique (lire les explications ici), ce qui n'était fait auparavant que par exception pour certains groupes (à partir de 2013, ont été intégrés certains groupes à partir d'un traitement manuel ; à partir de 2016, une cinquantaine de groupes supplémentaires a été intégrée, également par traitement manuel). Le groupe est défini dans ce contexte comme un ensemble de sociétés liées entre elles par des participations au capital et parmi lesquelles l'une exerce sur les autres un pouvoir de décision étant précisé que pour l'Insee une filiale est une unité légale détenue à plus de 50 % par une autre unité légale. La généralisation de cette nouvelle méthodologie donne lieu à la consolidation de certaines données dites non additives (le chiffre d'affaires, les achats, les créances, les dettes, etc.) lorsqu'elles représentent des flux internes à l'entreprise.

 

Ludovic Arbelet

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