Les salariés diplômés continuent de voir leur salaire augmenter après 54 ans

Les salariés diplômés continuent de voir leur salaire augmenter après 54 ans

29.11.2018

Gestion du personnel

Les salaires augmentent-ils vraiment avec l'âge ? Oui, et pour toutes les générations, explique une note publiée ce matin par France Stratégie. L'étude révèle que le rendement du diplôme se réduit au fil des générations, et qu'une baisse de rémunération s'engage en fin de carrière pour les salariés les moins qualifiés.

Plus on avance dans sa carrière, plus le salaire est élevé. Si ce postulat ne fait pas de doute, il mérite d'être détaillé plus amplement. Quid des différences entre femmes et hommes, entre diplômés et non-diplômés et même entre générations différentes ? France Stratégie s'est fondée sur les enquêtes Emploi réalisées par l'Insee entre 1990 et 2014 pour analyser les évolutions de salaire.

Huit "générations" différentes sont envisagées par l'étude. La première tranche est née durant la seconde moitié des années 1930, suivie par les personnes nées durant la Seconde Guerre mondiale. Les six autres tranches couvrent les générations du baby-boom, jusqu'aux personnes nées entre 1970 et 1975.

Un salaire multiplié par 1,7 durant la carrière

L'étude compare tout d'abord les salaires net réels, c'est-à-dire corrigés de l'inflation. Les résultats montrent qu'en moyenne, les salaire mensuels partent d'un niveau d'environ 1 350 euros à 25 ans. Ils augmentent ensuite rapidement durant les 10 à 15 années suivantes, pour stagner au-dessus de 2 000 euros. Les 10 dernières années de carrière sont marquées par une accélération amenant le salaire à culminer, en moyenne, autour de 2 300 euros.

L'enquête constate, de génération en génération, un profil de carrière "relativement invariant" : le salarié débute en moyenne sa carrière à 70 % du salaire moyen de l'ensemble de l'économie, atteint ce salaire moyen vers 30 ans, et le dépasse de 20 % en fin de carrière. En moyenne, un salarié peut espérer voir son salaire multiplié par 1,7 durant sa vie professionnelle. Cette progression salariale est moins marquée chez les femmes. L'écart entre femmes et hommes est à peine marqué en début de carrière, puis ne cesse de s'accroître. En fin de carrière, la salariée gagne en moyenne 110 % du salaire moyen, contre 130 % pour un homme. Une esquisse d'amélioration est constatée sur la plus jeune génération, pouvant s'expliquer par une baisse des discriminations envers les femmes, mais aussi par une part croissante des femmes dans les postes hautement qualifiés ou encore par la crise ayant touché les secteurs de l'industrie et du bâtiment, où les hommes sont surreprésentés.

Gestion du personnel

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.

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Déclassement du diplôme sur le marché du travail

De manière générale, les salariés n'ont pas vu, au fil des générations, leur rémunération augmenter, qu'ils soient hommes ou femmes. Cette stagnation peut s'expliquer par deux grands types de facteurs. Sur la période étudiée, le niveau global d'éducation a augmenté significativement, de même que le taux d'activité des femmes. Ces changements affectent l'évolution moyenne des salaires à la fois à la baisse et à la hausse : la plus grande proportion des femmes dans la population en emploi fait diminuer le salaire moyen (car ces dernières sont moins bien payées), tandis que des diplômes plus élevés et répandus entraînent des niveaux de salaire plus élevés.

Pourtant, le rendement du diplôme sur le salaire se réduit au fil des générations. Un effet qui se fait particulièrement ressentir chez les hommes en début de carrière. A chaque nouvelle "tranche" générationnelle, les courbes de salaire descendent d'un cran. "Le pourcentage d'hommes diplômés du supérieur ayant doublé en vingt ans, l'appareil productif a eu du mal à absorber cette rapide montée du niveau de qualification, avec pour conséquence un certain déclassement du diplôme à l'entrée sur le marché du travail", explique France Stratégie. Au final, les seuls gagnants en termes de progrès salariaux de génération en génération sont les salariés les moins diplômés, qui n'accusent pas de baisse de leur salaire relatif.

54 ans, un âge charnière

Une augmentation du salaire durant la carrière oui, mais jusqu'à quel âge ? Les chiffres de fin de carrière sont difficiles à étudier, car le nombre d'individus encore présents sur le marché du travail s'amenuise au fur et à mesure du temps. L'étude corrige cet "effet de sélection" en observant ce qu'il se passerait si tous les individus de l'échantillon étaient restés en emploi. On constate alors que les salaires des moins diplômés diminueraient en moyenne à partir de 54 ans. En revanche, les salaires des plus diplômés continueraient d'augmenter jusqu'à 60 ans avant de stagner.

Si le marché du travail devait intégrer l'ensemble des seniors hors de l'emploi, beaucoup d'entre eux devraient accepter une baisse de rémunération. A moins qu'un effort soit fait en valeur de la formation de ce public. Selon France Stratégie "un vigoureux effort de formation [...] en particulier autour de la cinquantaine" serait ainsi la "seule mesure à même de contrecarrer une baisse des salaires des seniors si l'on souhaite augmenter leur taux d'emploi".

Laurie Mahé Desportes
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