Licenciement d'un délégué du personnel pour inaptitude professionnelle : exemple jurisprudentiel de la procédure à suivre

14.05.2019

Gestion du personnel

A travers cet arrêt d'illustration, la Cour de cassation nous livre une application de divers principes, l'occasion d'apporter de la matière aux exemples d'application des dispositions liées au statut protecteur des représentants du personnel et à la réalisation de la consultation des délégués du personnel en matière de reclassement pour inaptitude.

Dans cette affaire, un salarié livreur installateur qui travaillait pour une entreprise de commerce d’appareils ménagers s’est vu déclarer inapte à la suite d’un accident du travail. Ce salarié était l’unique délégué du personnel de l’entreprise. Déclaré inapte le 6 octobre 2011, l’employeur lui a fait parvenir par lettre recommandée le 20 octobre 2011 une convocation en sa qualité de délégué du personnel, afin de procéder à la consultation sur les possibilités de reclassement, ainsi qu’une convocation, en sa qualité de salarié inapte, en vue de réaliser l’entretien préalable au licenciement. Il est licencié pour impossibilité de reclassement le 10 janvier 2012, après une autorisation administrative du 2 janvier 2012, qui a fait l’objet d’une annulation par le tribunal administratif le 8 janvier 2015. Cet arrêt touchant au domaine du statut des représentants du personnel, aux prérogatives des délégués du personnel et aux règles relatives au licenciement pour inaptitude professionnelle était une bonne occasion pour la Cour de cassation de nous rappeler différents principes.

La consultation des délégués du personnel doit intervenir avant la mise en œuvre de la procédure de licenciement
Une fois l’inaptitude constatée par le médecin du travail, l’employeur doit consulter les délégués du personnel de l’entreprise sur l’éventuel reclassement du salarié (C. trav. L. 1226-10). Mais, à quel moment cette consultation doit-elle intervenir ? Cette question a donné lieu à de nombreuses précisions jurisprudentielles. Ainsi, par cet arrêt, la Cour de cassation vient confirmer sa jurisprudence en la matière, en précisant qu’en cas d’impossibilité de reclassement, ou de refus de la part du salarié du poste qui lui est proposé (ce qui était le cas en l’espèce), la consultation des délégués du personnel doit intervenir avant que la procédure de licenciement ne soit engagée, (Cass. soc., 8 avr. 2009, n° 07-44.307, n° 748 F - P + B), c’est-à-dire avant la convocation du salarié à l’entretien préalable (Cass. soc., 16 mars 2016, n° 14-13.986). En l’espèce, puisque l’employeur avait envoyé le même jour la convocation pour la consultation du délégué du personnel sur les possibilités de reclassement et la convocation à un entretien préalable au licenciement, il en résultait que la procédure de licenciement avait été engagée avant que l’avis du délégué du personnel n’ait pu être recueilli.
Si le salarié inapte est le seul délégué du personnel, il est consulté sur son propre reclassement
Dans cet arrêt, le salarié déclaré inapte à la suite d’un accident du travail se trouve être l’unique délégué du personnel de l’entreprise. Cette affaire est donc l’occasion de confirmer le caractère obligatoire de cette consultation.
Remarque : la jurisprudence a de nombreuses fois conclu au caractère obligatoire de cette consultation, jugeant par exemple que l’employeur ne saurait se soustraire à son obligation au motif de l’absence de délégués du personnel dans l’entreprise dès lors que leur mise en place est obligatoire et qu’aucun procès-verbal de carence n’a été établi (Cass. soc., 2 avr. 2003, n° 01-41.782).
Hors de question donc de se soustraire à cette obligation au motif que le salarié inapte soit le seul délégué du personnel. Il apparaît dès lors logique qu’il soit consulté, même s’il s’agit de son propre reclassement.
L’indemnité pour violation du statut protecteur est à distinguer de l’indemnité prévue en cas d’annulation de l’autorisation administrative
Puisque la décision administrative autorisant le licenciement du salarié a été annulée par le tribunal administratif, le salarié a formulé une demande indemnitaire fondée sur l’article L. 2422-4 du code du travail.
Remarque : cet article prévoit qu’en cas d’annulation d’une décision d’autorisation devenue définitive, le représentant du personnel a droit au paiement d’une indemnité correspondant à la totalité du préjudice subi au cours de la période écoulée entre son licenciement et l’expiration du délai de deux mois à compter de la notification de la décision (au cours duquel il peut formuler sa demande de réintégration).
Or, l’employeur refusait de verser cette indemnité, et arguait notamment que cette indemnité n’était due qu’en cas de violation du statut protecteur. Or, la jurisprudence en la matière prévoit qu’il n’y a pas violation du statut protecteur lorsque le licenciement est effectivement intervenu après une autorisation, peu importe qu’elle ait été annulée ou pas par la suite (Cass. soc., 6 avr. 2016, n° 14-13.484, n° 748 FS - P + B). C’est ce sur quoi se basait l’employeur pour contrer cette demande. Cependant, la Cour de cassation, en accord avec le salarié, vient rappeler que l’indemnité due au titre de la violation du statut protecteur, qui est d’ailleurs une indemnité d’origine purement jurisprudentielle, est à distinguer de l’indemnité prévue par l’article L. 2422-4 du code du travail. En effet, cette dernière est due, comme le rappelle la Cour de cassation, dès lors que l’annulation de l’autorisation administrative est devenue définitive.

Gestion du personnel

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.

Découvrir tous les contenus liés
Juliette Renard, Guides RH
Vous aimerez aussi