Malgré la crise, le marché comptable reste en croissance

30.06.2021

Gestion d'entreprise

Le chiffre d'affaires des activités comptables en France a augmenté de 1,70 % en 2020, selon les chiffres provisoires de l'Insee. C'est beaucoup moins que les années précédentes mais beaucoup plus que l'économie en général et les services marchands en particulier.

En 2020, la crise a relativement épargné le marché comptable français. C'est l'un des enseignements des données que Icône PDFl'Insee vient de diffuser concernant l'activité des services machands l'année dernière. Le chiffre d'affaires de la branche comptable — notion la plus pertinente pour mesurer le marché comptable (lire les explications dans l'encadré à la fin de l'article) — est estimé pour 2020 à 24,79 milliards d'euros. La progression s'élève ainsi à 1,70 % par rapport à 2019.

Cette croissance est certes modeste comparée aux années précédentes (+ 5,14 % en 2019 ; + 4,89 en 2018 ; + 2,80 % en 2017) mais elle est satisfaisante quand on observe celle de l'économie en général, le PIB ayant chuté en valeurs de 5,53 % — et de 8,2 % en volume. Il est également intéressant d'observer que cette croissance du marché comptable est largement supérieure à celle des services marchands (baisse en valeurs de 6,25 %), des activités juridiques (baisse en valeurs de 5,87 %) ou du conseil de gestion (baisse en valeurs de 2,31 %).

Hausse des prix ?

Comment expliquer ce phénomène ? Selon l'Insee, cela tiendrait essentiellement à l'effet prix. "En 2020, la production de la branche des activités comptables freine mais résiste (+ 0,3 % en volume après + 4,2 % en 2019), avance l'institut de la statistique. Le maintien des activités comptables à distance a été possible grâce à la transformation digitale mais la demande a été moins soutenue en raison des difficultés des entreprises clientes en particulier pour les plus petites structures. Les prix accélèrent (+ 1,4 % après + 0,9 % en 2019)", ajoute-t-il. Selon nous, il est difficile de se pronconcer sur l'effet prix car l'Insee est relativement opaque sur sa méthodologie et notamment sur le nombre d'entreprises retenu dans son échantillon.

Moins de nouvelles entreprises au régime réel

Concernant l'effet volume, il est difficile de se forger une opinion, pour l'année 2020, quand on raisonne à partir de l'évolution du nombre de clients. Ce nombre correspond, dans le contexte de la branche comptable, principalement — mais pas exclusivement — à celui des clients des cabinets comptables, c'est à dire au nombre d'entreprises au régime réel. D'un côté, on peut remarquer, et c'est une nouvelle tendance, que le nombre de créations d'entreprises au régime réel a diminué en 2020, de l'ordre de 13 000 soit environ 4 %. Mais cela ne constitue qu'une partie de l'évolution du nombre d'entreprises au régime réel. Du côté des liquidations d'entreprises (tous régimes confondus), leur nombre a baissé. Selon Altares, il est passé d'environ 35 100 à 23 300. Enfin, nous ignorons l'évolution du nombre de disparations d'entreprises hors liquidations judiciaires.

Le marché comptable croît depuis 2010

 

 

Source : Insee / actuel expert-comptable

(1) Les données sont définitives jusqu'en 2018, semi-provisoires pour 2019 et provisoires pour 2020

(2) A partir de 2017, le chiffre d'affaires est diffusé, pour toutes les unités, en se basant sur la définition de l'entreprise au sens économique, c'est à dire en raisonnant sur la notion de groupe pour toutes les sociétés qui ne sont pas indépendantes. Avant cette date, le chiffre d'affaires est déterminé essentiellement sur la base des unités légales, c'est à dire sans prendre en compte la notion de groupe (à l'exception de certains groupes qui, à partir de 2013, ont été intégrés à partir d'un traitement manuel ; à partir de 2016, une cinquantaine de groupes supplémentaires a été ajouté également par traitement manuel).

Comment l'Insee mesure l'activité comptable

L'activité comptable est regroupée dans le code Naf (nomenclature d'activité française) 69.2. Cela englobe notamment les services de tenue comptable, de vérification comptable, d’établissement financier, d’audit financier, de paie, d’établissement d’attestations ou encore de conseil fiscal (voir la liste des activités incluses).

La notion de branche d’activité regroupe des entreprises et des parties d'entreprises qui produisent la même catégorie de prestations (ou de biens). Cela signifie que la branche activités comptables prend en compte non seulement l'activité comptable réalisée par les cabinets comptables, libéraux comme associatifs, ainsi que celle des entreprises qui ne relèvent pas du secteur comptable — ces dernières entreprises peuvent appartenir au secteur conseil en gestion, à l'édition de logiciel ou bien être une société qui facturerait une activité comptable à une entité de son groupe non comptable.

Le secteur activités comptables englobe, quant à lui, toutes les entreprises et rien que les entreprises dont l’activité principale est comptable, c’est-à-dire appartenant à l'activité Naf 69.2. Cela comprend exclusivement les structures d’expertise comptable (y compris les AGC), d’audit légal des comptes et les organismes de gestion agréés et éventuellement certains autres prestataires de ce secteur telles qu'une entreprise dont l'activité principale est la paie (hors édition de logiciel).

Précision importante : l'Insee diffuse depuis l'exercice 2017 entièrement les données sur les secteurs d'entreprise selon la définition de l'entreprise au sens économique. Cela signifie que cet institut de la statistique prend en compte, à partir de cette année-là, la structure des groupes de sociétés afin de constituer des entreprises au sens économique (lire les explications ici), ce qui n'était fait auparavant que par exception pour certains groupes (à partir de 2013, ont été intégrés certains groupes à partir d'un traitement manuel ; à partir de 2016, une cinquantaine de groupes supplémentaires a été intégrée, également par traitement manuel). Le groupe est défini dans ce contexte comme un ensemble de sociétés liées entre elles par des participations au capital et parmi lesquelles l'une exerce sur les autres un pouvoir de décision étant précisé que pour l'Insee une filiale est une unité légale détenue à plus de 50 % par une autre unité légale. La généralisation de cette nouvelle méthodologie donne lieu à la consolidation de certaines données dites non additives (le chiffre d'affaires, les achats, les créances, les dettes, etc.) lorsqu'elles représentent des flux internes à l'entreprise.

 

Ludovic Arbelet

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