Paroles d'étudiants (8) : Ornella ou le choix de l'ouverture

Paroles d'étudiants (8) : Ornella ou le choix de l'ouverture

27.11.2015

Action sociale

Pour notre huitième portrait, nous avons pris le chemin de Reims pour rencontrer Ornella Mizzon, une étudiante en 3e année d'éducateur spécialisé de l'IRTS Champagne-Ardenne. A 29 ans, Ornella a déjà un parcours impressionnant ponctué notamment par un stage épique en Angleterre. Pour elle, être travailleur social rime avec l'ouverture.



Ce qui frappe, au bout de quelques minutes de conversation avec Ornella Mizzon, c'est la très grande clarté de sa pensée et la facilité avec laquelle elle déroule celle-ci. Chez cette femme de 29 ans, vous n'entendrez aucune expression traduisant son appartenance à la génération Y. Ses phrases reprennent la structure "sujet-verbe-complément" et elle n'excelle pas dans les digressions. Ornella va droit au but sans fioritures ni coquetterie.

"Chaque expérience est bénéfique"

Pourtant, question orientation professionnelle, Ornella a pris des détours avant d'arriver à son but. Elle s'est cherchée comme on dit. Cette Picarde a d'abord tâté un peu de droit, une année pas plus. "C'était très abstrait pour moi, trop éloigné des réalités de terrain", dit-elle. En même temps, elle explique que certaines choses apprises en fac lui sont aujourd'hui utiles. "Chaque expérience est bénéfique", ajoute-t-elle, avec son sens de la mesure. Elle opte ensuite pour des études d'assistante vétérinaire par amour pour les bêtes et enchaîne avec deux années de travail dans une clinique spécialisée en chirurgie.

Action sociale

L'action sociale permet le maintien d'une cohésion sociale grâce à des dispositifs législatifs et règlementaires.

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"Y a eu une étincelle"

Et puis, et puis, arrive ce qu'elle appelle "le déclic". Elle raconte. "Ma mère, professeur d'anglais devenue conseiller principal d'éducation (CPE), rencontrait un problème pour faire accompagner pendant deux à trois semaines un élève handicapé scolarisé dans l'établissement. Comme j'étais en vacances, j'ai accepté de faire cela bénévolement, ne voulant pas que Kevin, le jeune handicapé, soit pénalisé. Au départ, je ne savais pas comment faire avec lui, j'avais peur de lui faire mal. Mais j'ai appris. Et pendant cette période, il s'est passé quelque chose, y'a eu une étincelle".

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"Rapport à l'étranger"

Six ans après, Ornella semble revivre ce moment magique où elle a découvert que c'est ça qu'elle voulait faire : travailler dans le social. Quand on lui demande ses ressorts, elle vous parle des origines italiennes de sa famille (Mizzon), de son attirance pour l'Angleterre et, plus généralement, de son "rapport à l'étranger".

Des handicaps très diversifiés

Sa première entrée avec les métiers du social sera par la fonction d'auxiliaire de vie sociale (AVS) qu'elle va exercer pendant trois années. Elle a constitué au préalable un dossier auprès de l'Education nationale dans lequel on lui a demandé de répondre à la question suivante : "Vous accompagnez un enfant handicapé en primaire. Devez-vous annoncer aux parents un mauvais résultat de leur enfant que celui-ci ne veut pas dire?" Au cours de ces années, Ornella est en contact avec des handicaps de nature très différente : dyslexie, autisme, mais aussi retard scolaire.

Six mois de stage en Angleterre...

Ornella opte pour l'IRTS Champagne-Ardenne en raison de la possibilité de faire un stage à l'étranger. Cet institut entretient des relations avec des structures au Maroc, en Espagne, en Belgique, au Québec et en Grande-Bretagne qui lui permettent d'envoyer des stagiaires pour le stage de deuxième année. C'est dans ce dernier pays qu'elle va passer six mois au cours desquelles elle multiplie les expériences d'accompagnement social.

... et un conflit avec un directeur

Au départ, ce n'est pas vraiment un choix, mais une nécessité, consécutif à un désaccord important avec la direction du premier établissement où elle effectue son stage. "A Plymouth, j'étais avec une autre étudiante de l'IRTS dans un foyer s'occupant de personnes déficients intellectuels. Nous avons fait remonter un certain nombre de remarques sur les insuffisances de cet accompagnement qui ressemblait plus à de l'occupationnel. Cela n'a pas plu au directeur qui nous a demandé de ne pas continuer notre stage."

Au pied levé, l'IRTS va se débrouiller pendant les vacances de fin d'année pour trouver d'autres lieux de stage à Plymouth. Pendant les trois mois restants, Ornella et sa camarade vont travailler dans trois structures différentes, dont une s'occupant de réfugiés politiques. "Cela a été une expérience unique, une chance pour nous", estime-t-elle (voir la vidéo).

Une formation différente outre-Manche 

Cette plongée en Angleterre lui a permis de mesurer les différences de conception entre nos deux pays séparés par la Manche. Schématiquement, la France dispense une formation identifiant des métiers spécifiques alors que nos voisins grands-bretons développent une approche plus transversale et orientée davantage sur le rapport à la loi.

"Gérer au quotidien l'incertitude"

Pour son stage en France, elle a choisi d'aller dans un foyer de l'enfance à Châlons-en-Champagne. C'est pour elle l'occasion de travailler notamment avec des jeunes venus de l'étranger, du Pakistan, de l'Afghanistan et de se confronter avec la problématique des mineurs isolés étrangers (MIE), comme elle l'explique dans la 3e partie de la vidéo. Elle a appris, ici comme en Angleterre, un point fondamental qui lui servira sans doute de boussole pendant sa carrière : "Il faut gérer au quotidien l'incertitude".

 

 

Retrouvez nos précédents portraits :

Le 9 octobre : Coralie, passion EJE (lire ici)

Le 16 octobre : Aurélien, un homme dans un "monde de femmes" (lire ici)

Le 23 octobre : Julien ou la passion pour les jeunes "cabossés" (lire ici)

Le 30 octobre : Emilie, l'AS qui voulait changer le monde (lire ici)

Le 6 novembre : Yoann, en Deis et en quête de sens (lire ici)

Le 13 novembre: Ophélie, le travail social sans tabou (lire ici)

Le 20 novembre : Céline, assistante sociale sur le tard (lire ici)

 

Prochain portrait :

Le 4 décembre : Laurène, étudiante AMP à l'IFTS d'Echirolles (Isère)

 

Noël Bouttier
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