Travail sur site et télétravail : la situation va-t-elle changer dans les entreprises ?

Travail sur site et télétravail : la situation va-t-elle changer dans les entreprises ?

08.06.2021

Représentants du personnel

A partir du 9 juin, avec l'assouplissement des consignes de télétravail décidé par le gouvernement, les entreprises qui recouraient massivement au télétravail peuvent envisager une reprise du travail sur site. Le feront-elles ? Leur CSE sera-t-il consulté ? Réponses d'élus et de délégués syndicaux de sept entreprises de secteurs différents, de HP à Orange en passant par Michelin, IBM ou Renault.

Le protocole sanitaire destiné aux entreprises ne demande plus aux employeurs d'appliquer le télétravail dès que les tâches et les postes le permettent. Désormais, les entreprises peuvent fixer, "dans un dialogue social de proximité", un nombre de jours télétravaillés par semaine. Cela signifie qu'un employeur peut permettre plus qu'une journée de présence sur site par semaine pour les salariés dont les tâches sont réalisables à distance, et ce même si le protocole continue d'expliquer que le télétravail constitue une bonne prévention comme la contamination à la Covid-19. Les entreprises vont-elles profiter de cet assouplissement pour faire revenir une partie de leurs salariés sur site, vont-elles nouer des discussions voire une négociation sur cette question ? Nous avons recueilli les réponses d'élus de CSE et de délégués syndicaux. 

 

 
TÉLÉTRAVAIL ET PRÉSENCE SUR SITE
Après le 9 juin, la situation va-t-elle changer dans votre entreprise ? 

Le CSE a-t-il été consulté ? Des négociations ont-elles ou vont-elles avoir lieu ?  

HEWLETT-PACKARD (HP)
Jean-Paul Vouiller, secrétaire du CSE et coordinateur CFTC
"Nous sommes une filiale américaine et les Américains sont très stricts, ils ne veulent pas prendre le risque d'un cluster. Tous les sites français de HP sont fermés. Il est question d'une réouverture, mais seulement fin juin et à 20% des capacités, sur la base du volontariat, pour les plus gros sites, avec ensuite un passage à 50% et 100%. Mais aucune date précise n'est pour l'instant fixée".  "Nous n'avons pas eu de consultation du CSE car nous avions déjà rendu des avis sur des réouvertures. L'événement principal chez nous, c'est la signature la semaine dernière d'un accord de télétravail hybride qui concernera tous les salariés, et pour lequel nous nous sommes calqués sur l'accord national interprofessionnel de fin 2020. Plus de 96% du personnel d'HP pourra, s'il le souhaite, travailler 15 jours par mois en télétravail. Au niveau des frais, nous avons obtenu des tickets restaurant, une indemnité forfaitaire de 515€ bruts, la prise en charge de l'écran, casque, souris, clavier, etc."

 

PSA
Christine Virassamy, déléguée syndicale centrale CFDT
"Nous n'avons guère de visibilité, la direction ne nous ayant pas renseignés sur les recommandations gouvernementales. Mais tous les cadres occupent des postes télétravaillables à 100 %." "Nous appliquons l'accord motivation bien-être qui prévoit la possibilité d'un télétravail à 70 % du temps. Nous n'avons donc pas prévu de négociations particulière pour l'instant. Nous sommes plus mobilisés sur les négociations de l'accords APLD qui vont commencer le 17 juin."
ORANGE
Laurent Bandelier,
délégué syndical central CFDT
"A partir du 9 juin, l'entreprise desserre un peu le robinet pour laisser davantage les salariés venir sur site. On va passer progressivement de 1 à 2 puis 3 jours par semaine. Mais certains, dont je fais partie, sont en télétravail depuis des mois, et les salariés sont partagés : certains sont ravis de revenir voir les collègues, d'autres n'ont pas envie de reprendre les transports. Comme il faut du temps pour relancer les restaurants d'entreprise, je pense que la reprise massive aura plutôt lieu en juillet et même surtout en septembre".  "Autant nous sommes, tous les syndicats d'Orange, fâchés avec la direction au sujet des NAO, autant il faut reconnaître que nous avons bien échangé au sujet de la Covid, et de façon régulière. Le CSE n'a pas été formellement consulté récemment mais nous n'en avions pas ressenti le besoin. Maintenant, il va nous falloir renégocier notre accord télétravail de 2013. Et la crise sanitaire a changé la donne : 56 000 personnes ont télétravaillé l'an dernier, donc des personnes ont découvert le télétravail, et l'entreprise a aussi pris conscience que certains métiers étaient aussi télétravaillables". 
IBM
Michael Hauff,
délégué syndical central UNSA, élu du CSE, secrétaire de la CSSCT
"Depuis mars 2020 nous sommes en télétravail d'office, et les critères de reprise sur site sont fixés au niveau mondial en fonction du taux d'incidence dans chaque pays. Aujourd'hui notre jauge est fixée à 14 % du personnel. De plus, 50 % des postes sont actuellement condamnés, les locaux ne peuvent pas accueillir plus de population pour l'instant". "Notre accord sur le télétravail a été signé le 21 décembre 2021. Nous n'envisageons pas d'autres négociations pour l'instant".
RENAULT LARDY
(centre d'ingénierie, Essonne)
Florent Grimaldi, 
délégué syndical CGT
"Pas de changement pour nous. Renault maintient la même jauge pour notre site, à savoir 40% de présence sur place. Les salariés qui devaient télétravailler pouvaient déjà, depuis quelque temps, revenir une fois par semaine". "Le CSE n'a pas été consulté sur un retour des salariés plus massif sur le site. La nouveauté, c'est le projet d'accord sur le télétravail qui est mis à signature. Il prévoit de nouveau une indemnité pour les salariés (Ndlr : 10€ par mois et une enveloppe de 200€ pour l'équipement), mais il supprime la flexibilité qui bénéficiait aux salariés, qui ne peuvent plus choisir de faire un seul jour de télétravail, ils doivent choisir entre 2 ou 3 jours de télétravail par semaine. En fait, Renault table sur 56 millions d'euros d'optimisation immobilière avec les bureaux partagés. Ajoutée à la logique des suppressions d'emplois sur nos sites (lire notre article sur les fonderies), cette optimisation ne nous rend pas très optimistes". 
MICHELIN
(Clermont-Ferrand)
Patrick Bernard, 
secrétaire (CFDT) du CSE
"Pas de retour massif chez nous, le télétravail reste important. Les chefs de service vont inciter les salariés à revenir progressivement au travail, mais cela va se dérouler jusqu'à la rentrée. Cela nous convient car le télétravail a permis à la fois de prévenir l'épidémie, d'assurer la continuité de l'activité et le maintien des salaires (..) Le personnel de production n'a pas encore retrouvé les douches. Côté élus, nous renouons avec les réunions en présentiel, mais ce n'est pas systématique".   "Nous n'avons pas eu de consultation du CSE sur un changement global à l'égard du télétravail. En revanche, des négociations sont programmées pour faire évoluer notre accord télétravail. L'expérience de la crise sanitaire a montré que certaines réticences du management sur le télétravail (refus du mercredi, supposé être la journée des enfants, par exemple) étaient infondées. Le télétravail a aussi permis de réaliser des gains de productivité dans certains services..."
CARREFOUR
Edwige Bernier, secrétaire (CFDT) du CSE de Carrefour de Sallanches (Haute-Savoie)
 "Lors du premier confinement, seuls 3 de nos cadres ont télétravaillé : le directeur, le DRH et le responsable du pôle administratif. Le retour au présentiel va donc peu changer les choses, comme dans toute la grande distribution."

"A chaque changement gouvernemental, nous avons fait des réunions de CSE, au rythme de 4 à 5 par mois. Désormais le rythme va ralentir un peu, à 1 ou 2 par mois. Nous n'avons pas de négociation prévue."

 

Représentants du personnel

Les représentants du personnel sont des salariés élus ou désignés chargés de représenter les salariés de l’entreprise avec des missions spécifiques selon l’instance représentative du personnel (IRP) à laquelle ils appartiennent. Il y a quatre grandes IRP : les DP, le CE, CHSCT et les délégués syndicaux.  Au 1er janvier 2020, l’ensemble des IRP (hormis les délégués syndicaux) devront fusionner au sein du CSE.

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Bernard Domergue et Marie-Aude Grimont
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