Environnement : par rapport à ses promesses de campagne, qu'a fait Emmanuel Macron en un an ?

Environnement : par rapport à ses promesses de campagne, qu'a fait Emmanuel Macron en un an ?

04.05.2018

Environnement

Sortir la France des énergies fossiles, accélérer la mutation vers une énergie décarbonée, faire de l'économie circulaire un nouveau modèle économique, protéger la santé et l'environnement, accompagner les transitions, et préserver la planète. Pour ces 6 grandes promesses faite par Emmanuel Macron avant son entrée à l'Élysée, voyons où nous en sommes, un an plus tard.

Un an après son arrivée à l’Élysée, le 7 mai 2017, Emmanuel Macron entend toujours faire de la France un pays pionnier de la transition écologique. Le président de la République et son gouvernement envoient pourtant des messages pour le moins contradictoires. Retour sur les six grandes promesses du candidat Macron.

 Sortir la France des énergies fossiles

Même si l’essentiel reste à faire, la majorité présidentielle a toujours l’intention de fermer les dernières centrales électriques à charbon d’ici la fin du quinquennat. Des discussions ont été établies avec les quatre territoires concernés pour que la transition se fasse dans des conditions sociales acceptables et sauf coup de théâtre, l’engagement sera tenu.

La promesse de ne délivrer aucun nouveau permis d’exploration d’hydrocarbures est elle plus complexe à tenir : en faisant adopter une loi sur le sujet, le ministre de la transition écologique et solidaire Nicolas Hulot a pris les propos de campagne d’Emmanuel Macron au pied de la lettre en fixant à 2040 la date butoir… Même si celle-ci est toute théorique du fait des "droits de suite" acquis par certaines entreprises avant la publication de la loi. De fait, de nouveaux permis de recherche sont octroyés et publiés de manière récurrente au Journal officiel

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La mise en place d’une stratégie environnementale cohérente s’impose de plus en plus aux entreprises du fait de la complexité de la législation pour la protection de l’environnement et de la multiplicité des réformes. En effet, de nombreuses lois et réglementations ont récemment impacté les activités économiques (autorisation environnementale, concernant notamment les ICPE, loi de transition énergétique, loi biodiversité)

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  Accélérer vers une production d'énergie équilibrée et sans carbone

En période de concertation, la PPE (programmation pluriannuelle de l’énergie) ne s’est pas ouverte sous les meilleurs hospices. Au nom du principe de réalisme, l’objectif de plafonner à 50 % la production électrique d’origine nucléaire à horizon 2025 a officiellement été abandonné et au-delà de Fessenheim, aucune autre annonce de fermeture de centrale n’est à l’ordre du jour.

Surtout, le gouvernement souffle le chaud et le froid sur les renouvelables. Avec des calendriers d’appels d’offres plus précis pour offrir davantage de visibilité aux différentes filières, mais un net recul sur l’éolien en mer. Avec des mesures de simplification réglementaire pour la méthanisation ou l’éolien, mais des tergiversations sur le développement de l’autoconsommation photovoltaïque collective ou le doublement des fonds alloués à la chaleur renouvelable pourtant promis à maintes reprises.

 Faire de l’économie circulaire un nouveau modèle économique

La feuille de route gouvernementale sur le sujet vient tout juste d’être publiée… Avec des signes encourageants, mais encore beaucoup de propositions dont il est difficile aujourd’hui de mesurer l’impact.

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  Protéger la santé et l’environnement des Français

Si l’alignement de la fiscalité du diesel sur celle de l’essence a été acté, et si l’intégration d’au moins 50 % de produits bio, locaux ou avec un label de qualité dans la restauration collective est sur le point de l’être – à l’exception des cantines d’entreprise qui ne seront finalement pas concernées par l’obligation –, la grande "campagne de mobilisation pour sensibiliser les Français et les inciter à de nouvelles pratiques de consommation" n’a pas été initiée. En première lecture à l’Assemblée nationale, le projet de loi agriculture et alimentation devra en outre trancher le sort du glyphosate ou des perturbateurs endocriniens les plus néfastes.

 Accompagner les transitions

Plus fourre-tout, ce pan du programme environnemental du candidat Macron présente un bilan contrasté. Le soutien des territoires qui s’engagent dans la transition reste en particulier très hypothétique.

Lors du projet de loi de finances 2018, les collectivités ont demandé en vain une partie de la contribution climat-énergie ; le dispositif TEPCV imaginé lors de la précédente mandature n’a pas été reconduit ; et les contrats de transition écologique (CTE) envisagés pour davantage impliquer les entreprises peinent encore à se concrétiser.

"L’accompagnement des Français dans leur mobilité individuelle" est lui aussi à mi-chemin avec par exemple de nouvelles aides proposées pour accompagner la modernisation du parc de véhicules, mais une restriction des subventions à l’achat d’un vélo électrique.

Présenté fin avril, le plan de rénovation des bâtiments renouvelle enfin de nombreuses cibles à atteindre comme la diminution de 15 % de la consommation d’énergie finale en 2023 par rapport à 2010 ou l’éradication des passoires énergétiques, mais avec peu de mesures concrètes. Le projet de loi Élan qui se penche sur le logement ne compte d’ailleurs qu’un modeste article sur l’énergie.

 Préserver la planète

En prenant le contre-pied de Donald Trump avec son slogan "make our planet great again", puis en organisant un nouveau sommet international sur le climat à Paris en décembre 2017, Emmanuel Macron a sans conteste réussi à donner l’image d’un pays à la pointe en matière de lutte contre le réchauffement climatique… dans la ligne droite de ses prédécesseurs et en particulier de François Hollande avec la COP21.

Sous l’impulsion de Nicolas Hulot, la France tente désormais de mettre la biodiversité à l’agenda international, notamment en soutenant la plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) dont la prochaine session plénière sera accueillie à Paris dans tout juste un an. Reste à montrer l’exemple. Au-delà de quelques décisions symboliques comme la réintroduction d’ours dans les Pyrénées, le ministre peine pour le moment à faire de la biodiversité un sujet pris au sérieux.

Olivier Descamps

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