Pour protéger des produits phytos, les EPI tentent (enfin) d'évoluer

Pour protéger des produits phytos, les EPI tentent (enfin) d'évoluer

08.11.2017

HSE

Avis, révision de la norme ISO 27065, recherche de nouveaux tissus avec les fabricants... depuis quelques années, les ministères du travail et de l'agriculture s'attaquent au défi du port des équipements de protection individuelle par les utilisateurs de phytos. Un tiers des agriculteurs n'a pas d'EPI ; moins d'un sur cinq "se protège correctement".

Lors du dernier salon Préventica, en juin 2017, le ministère du travail annonçait plancher sur les EPI destinés aux agriculteurs. À l'occasion de l'édition strasbourgeoise du salon, qui se tient du 7 au 9 novembre, le ministère de l'agriculture a exposé les avancées obtenues en la matière. Il faut dire que le défi est de taille puisque d'après les chiffres avancés par Olivier Briand, chargé de mission risque chimique au ministère, un tiers des agriculteurs ne possèdent pas d'EPI, et moins d'un sur cinq "se protège correctement". Le problème : les équipements en eux-mêmes. Il y a encore peu, il n'étaient pas adaptés, aux contraintes climatiques par exemple, et simplement dérivés de ceux utilisés dans l'industrie chimique. À cette carence s'ajoutent les mauvaises conditions d'emploi des équipements, qui s'expliquent par des notices d'utilisation pas toujours claires et pas assez précises. Enfin, Olivier Briand évoque le souci de leur perception par le grand public : les agriculteurs déplorent d'être vus comme des cosmonautes par les riverains.

Le ministère a donc décidé de s'atteler au problème, pour le moment en se concentrant sur les EPI vestimentaires, qui répondent donc au risque de contamination cutanée, et non par inhalation. Le but : concevoir des tenues spécifiques au secteur, proportionnées au risque, mais surtout confortables. En effet, en attendant la révision de la norme ISO 27065 – finalement publiée en septembre dernier après quatre ans de travaux – le ministère du travail avait publié en juillet 2016 un avis dans lequel il demandait aux fabricants de contrôler le confort de l'équipement, en plus des exigences essentielles de santé et de sécurité habituelles pour tout EPI. Un confort qui passe notamment par le caractère "respirant" des équipements. 

 

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Moins chers que les combinaisons à usages uniques

À croire Olivier Briand, l'administration et les fabricants d'EPI ont donc travaillé main dans la main pendant plusieurs années pour mettre sur pied ces nouveaux équipements, utilisables pendant toute une campagne agricole, et moins coûteux que des combinaisons à usage unique (entre 60 et 70 euros pour les premiers, contre 8 à 15 euros à chaque utilisation pour les seconds). De nouveaux tissus, la plupart composés de polyester et de coton, ont été présentés à l'occasion du salon Préventica. Ces vêtements peuvent être lavés entre 15 et 30 fois, dans la machine familiale, mais à certaines conditions. Un guide consacré aux bonnes pratiques d'utilisation et de traitement de ces EPI est justement en train d'être élaboré par le ministère. Dans quelques mois, les équipements usagés pourront être déposés par les utilisateurs auprès des distributeurs, pour être récupérés par la filière déjà existante de traitements des produits phytosanitaires.

 

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EPI adaptés aux produits... et produits adaptés aux EPI. Aujourd'hui, avant leur mise sur le marché, les nouveaux produits phytosanitaires sont testés de manière à vérifier que les utilisateurs en sont protégés s'ils portent les EPI certifiés. 

Enfin, d'après Olivier Briand, la France ambitionne d'harmoniser l'utilisation des équipements au niveau européen : tel EPI pour protéger de tel produit. Le projet n'en est à qu'à ces balbutiements : France et Allemagne, toutes deux équipées d'un document de référence en la matière, cherchent actuellement à se mettre d'accord sur un document unique, qu'elles présenteront ensuite aux autres États membres. 

HSE

Hygiène, sécurité et environnement (HSE) est un domaine d’expertise ayant pour vocation le contrôle et la prévention des risques professionnels ainsi que la prise en compte des impacts sur l’environnement de l’activité humaine. L’HSE se divise donc en deux grands domaines : l’hygiène et la sécurité au travail (autrement appelées Santé, Sécurité au travail ou SST) et l’environnement. 

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Pauline Chambost
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