La pauvreté frappe aussi les seniors

La pauvreté frappe aussi les seniors

20.09.2018

Action sociale

Selon une étude de la Drees, un tiers des seniors sans emploi ni retraite vivent en dessous du seuil de pauvreté. L'addition pourrait être plus lourde si les transferts sociaux n'intervenaient pas. Ces personnes pauvres sont plus souvent des femmes, peu diplômées et présentant des problèmes de santé.

L'accent mis par le gouvernement sur la pauvreté des enfants et des jeunes a quelque peu éclipsé la situation des personnes plus âgées. Cette étude de la Drees montre que le phénomène est loin d'être marginal, surtout dans la catégorie des personnes ne percevant ni un salaire ni une retraite (NER). Il faut dire que cette situation est vécue par plus de 10 % de la tranche des 53-69 ans, soit 1,4 million de personnes. A cela, deux explications principales : le taux d'emploi des 55-59 ans est le plus bas (69 % au lieu de 80 % pour les 50-54 ans) ; le recul de l'âge de retraite à 62 ans. La Drees explique que « ces situations hors de l'emploi et hors de la retraite autour de 60 ans constituent potentiellement des poches de pauvreté. »

Des femmes peu diplômées

Qui compose ce groupe des « ni en activité ni en retraite » ? Les femmes en représentent les deux tiers. Les membres du groupe sont plus jeunes en moyenne : 58 ans au lieu de 61 ans. Ils se déclarent plus souvent en mauvaise santé : dans 29 % des cas contre 11 % pour l'ensemble des seniors. Ils sont également moins bien formés que les autres : la moitié ne détiennent aucun diplôme (contre 27 % des seniors qui travaillent). Sur le plan socioprofessionnel, les ouvriers et employés sont sur-représentés. 

Action sociale

L'action sociale permet le maintien d'une cohésion sociale grâce à des dispositifs législatifs et règlementaires.

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Découragement

Seul un quart des membres de ce groupe sont inscrits à Pôle emploi, témoin d'un « sentiment d'éloignement du marché du travail et de découragement ». Un tiers d'entre eux estiment qu’ils ne retrouveront pas de travail. Certains pensent que leurs problèmes de santé constituent les principaux obstacles à la recherche d’emploi. Les ménages dont au moins un membre est NER reçoivent quasiment la moitié de leurs ressources en revenus de remplacement (pensions d’invalidité, allocations chômage et préretraites). Quant aux prestations sociales comme les aides au logement et les minima sociaux, elles sont perçues par trois ménages sur quatre. Le RSA, quant à lui, représente 9 % du revenu des ménages NER. La plus forte proportion de personnes malades ou handicapées se retrouve dans le nombre élevé d’AAH qui est touchée par 30 %  de cette population.

Loi santé du 26 janvier 2016

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Un tiers de pauvres

Question revenus, cette catégorie des « ni en activité ni en retraite » a un niveau de vie médian de 1 270 euros par mois. Ce chiffre est inférieur à celui des seniors en activité (2 090 €) ou des retraités (1 860 €), mais est plus élevé que les 25-52 ans sans emploi (1 050 €). Un tiers de cette population vit en-dessous du seuil de pauvreté. Là encore, c’est bien supérieur à la situation des seniors retraités (6 %), mais inférieur au taux de pauvreté des 25-52 sans emploi (47 %). Cette catégorie des seniors NER est loin d’être homogène car un quart d’entre eux se situent parmi les 40 % de ménages les plus favorisés.

Des transferts sociaux efficaces

L’étude a mesuré quel serait le nombre de personnes touchées par la pauvreté s’il n’y avait pas les transferts sociaux et fiscaux. On atteindrait alors le seuil des 45 % parmi les seniors NER. L’étude propose également un portrait-robot du senior NER pauvre. Il est souvent seul ou vit avec un conjoint qui est également sans travail ni retraite. Dans cette dernière configuration, 55 % des personnes sont en-dessous du seuil de pauvreté. La situation est encore plus grave pour les seniors seuls qui ne sont pas en situation de handicap (72 % sont en-dessous du seuil de pauvreté). Pour les personnes seules handicapées, l’effet de la redistribution est très fort puisqu’elle permet de ramener le taux de pauvreté de 84 % à 48 %.

Noël Bouttier
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