A quoi va servir la nouvelle concertation sur la pauvreté ?

A quoi va servir la nouvelle concertation sur la pauvreté ?

06.12.2017

Action sociale

La ministre Agnès Buzyn et le délégué interministériel à la lutte contre la pauvreté des enfants et des jeunes, Olivier Noblecourt, ont présenté les six groupes de travail qui vont plancher jusqu'en mars 2018. Leurs conclusions alimenteront la stratégie de lutte contre la pauvreté que le gouvernement arrêtera en avril. Le tandem a explicité les objectifs de la concertation.

C'est parti ! Calendrier et méthode sont désormais calés. Le chef de l'Etat, Emmanuel Macron, a lancé le 17 octobre le chantier de la lutte contre la pauvreté. Quelques semaines plus tard, lundi 4 décembre, Agnès Buzyn, ministre des solidarités, et Olivier Noblecourt, délégué interministériel à la prévention et à la lutte contre la pauvreté des enfants et des jeunes, ont réuni au ministère les membres du Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (CNLE) pour leur présenter l’organisation de la concertation. Une conférence de presse s'est ensuite tenue pour présenter aux journalistes les binômes à la tête des six groupes de travail (voir encadré ci-dessous).

Leurs rapports de synthèse seront publiés à la mi-mars 2018. Dans la foulée, une réunion interministérielle sera organisée pour acter les décisions gouvernementales qui dessineront la nouvelle stratégie de lutte contre la pauvreté.

Agnès Buzyn justifie la nouvelle concertation

Avant d'en arriver là, quatre mois de travaux s'engagent donc sur le thème de la pauvreté. Un procédé qui n'est pas sans rappeler la large réflexion impulsée par Jean-Marc Ayrault en 2012 lors de la première année du quinquennat Hollande, qui a abouti au plan pluriannuel de lutte contre la pauvreté.

Interrogée sur la nécessité d'une nouvelle concertation d'ampleur alors que l'urgence exigerait d'agir au plus vite, la ministre a défendu ce travail préalable qu'elle juge indispensable. "Il était important que ce gouvernement montre son engagement à poursuivre ce qui avait déjà débuté avec le plan quinquennal précédent", a déclaré Agnès Buzyn [voir vidéo ci-dessous].

"On sentait de la part des différents acteurs, notamment de la part du CNLE, une forme d'inquiétude sur le fait que la feuille de route ministérielle avait l'air de se restreindre à la simplification des minima sociaux, à la lisibilité des systèmes et au non-recours aux droits, et qu'elle pouvait sembler un peu rudimentaire par rapport à la gravité de la situation et à la complexité des enjeux", a-t-elle ajouté.

Avant d'expliquer : "Il nous apparaissait donc important de prendre le temps de réfléchir à une action plus complète pour répondre aux problématiques d'aujourd'hui qui sont en train d'évoluer. La situation montre que le taux de pauvreté n'a pas augmenté depuis cinq ans, il s'est stabilisé autour de 13 à 14 % et pour autant on a des spécificités françaises qui se sont aggravées notamment autour de la pauvreté des jeunes avec beaucoup d'études qui montrent un déterminisme social". Cela nécessitait, selon la ministre "une réponse particulière car c'est un enjeu qui n'avait pas été suffisamment traité par le plan précédent".

 

 

 

 
Olivier Noblecourt veut miser sur la prévention et l'investissement social

Ce 4 décembre fut aussi la première sortie officielle du délégué interministériel à la prévention et à la lutte contre la pauvreté des enfants et des jeunes, Olivier Noblecourt, nommé à la mi-novembre à ce poste. L'ancien directeur de cabinet du maire de Grenoble a lui aussi tenu à défendre la méthode adoptée [voir vidéo].

Il a d'abord rappelé qu'il avait participé à la concertation de 2012-2013 sur l'élaboration du précédent plan, pour en saluer "les avancées considérables" notamment en matière de non-recours, un sujet "peu pris en compte par les politiques publiques antérieures" et qui "est devenu un enjeu central". Il est également convaincu qu'il faut poursuivre certaines "dynamiques" du précédent plan, comme celle sur le travail social.

Seulement, s'il est nécessaire de "s'adosser au plan pluriannuel", il faut aussi selon lui aller "plus loin" : "On veut une porte d'entrée forte sur l'enfance et la jeunesse avec une volonté de se situer clairement du côté de la prévention et de l'investissement social. C'est une évolution importante des politiques publiques de lutte contre la pauvreté qui nécessite la mobilisation de l'ensemble des acteurs. Ce n'est pas uniquement en pensant un plan de manière nationale et en cherchant après à le décliner que nous obtiendrons des résultats, mais c'est en essayant de faire en sorte que, dès la conception de la stratégie, les acteurs soient impliqués et soient aussi dépositaires de cette exigence de rompre le déterminisme de la pauvreté dans notre pays. C'est un défi qui doit être collectivement porté", a déclaré le délégué interministériel, pour qui, "l'enjeu est d'élaborer une stratégie et non un plan".

 

 

 

 

"Ce n'est pas exclusif des personnes âgées"

Pourquoi le gouvernement est-il si attaché à la problématique de l'enfance et de la jeunesse ?

Parce que "les enfants pauvres d'aujourd'hui seront les pauvres de demain", a répondu Agnès Buzyn, qui se refuse à tout "déterminisme social" et à toute "forme d'assignation à résidence".

"C'est un angle assumé, et expliqué aux grandes associations (qui souhaitaient que l'ensemble des publics soient traités), qui va permettre d'identifier des dispositifs particuliers pour essayer de lutter contre ce déterminisme parce qu'une société qui est incapable de donner des perspectives aux trois millions d'enfants pauvres d'aujourd'hui, c'est une société qui court de grands risques de fractures sociales graves dans 15 ou 20 ans", est convaincue la ministre. Qui rassure tout de même : "Si nous avons choisi de centrer la concertation sur un angle particulier qui est la lutte contre la pauvreté des enfants et des jeunes, la stratégie que nous souhaitons mettre en oeuvre a bien pour vocation de couvrir l'ensemble des publics qui sont dans la précarité et dans l'exclusion, ce n'est pas exclusif des personnes âgées ou des grands exclus que nous connaissons aujourd'hui".

 

Six groupes de travail
  • Groupe de travail n° 1 : "Eradiquer la pauvreté des enfants". Co-présidents : Nathalie Casso-Vicarini (présidente de l’association Ensemble pour l’éducation de la petite enfance) et Frédéric Leturque (maire d’Arras, conseiller régional).
  • Groupe de travail n° 2 : "Prévenir la vulnérabilité des jeunes et favoriser leur insertion". Co-présidents : Antoine Dulin (vice-président du Cese) et Fiona Lazaar (députée du Val d'Oise).
  • Groupe de travail n° 3 : "Développer l’accompagnement global et les leviers de prévention de la pauvreté". Co-présidents : Olivier Véran (député) et Véronique Fayet (présidente du Secours Catholique).
  • Groupe de travail n° 4 : "Accès aux droits et aux services, lutte contre le non-recours". Co-présidents : Matthieu Angotti (directeur général du CCAS de Grenoble) et Aurore Bergé (députée).
  • Groupe de travail n° 5 : "Un accompagnement renforcé dans la lutte contre l’exclusion". Co-présidents : Christine Laconde (directrice du Samu Social Paris) et Alain Régnier (préfet).
  • Groupe de travail n° 6 : "Piloter la lutte contre la pauvreté à partir des territoires". Co-présidents : Joëlle Martinaux (présidente de l’Unccas) et Mathieu Klein (président du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle).
 
A l'issue de la conférence de presse, "micro tendu" aux responsables des groupes de travail [interviews vidéos] :
 

 

"Nous allons notamment aborder les difficultés des jeunes sortant de l'ASE et de la PJJ, et les contrats jeunes majeurs", ont précisé Antoine Dulin (vice-président du Cese) et Fiona Lazaar (députée LREM du Val d'Oise).

 

 

 

 

"Cette approche globale, cette politique à 360 °, nous convient bien", dixit Véronique Fayet (présidente du Secours Catholique).

 

 

 

"Je vais mettre à profit mon parcours... sans être pour autant dans la nostalgie de ce qui a déjà été fait", détaille Matthieu Angotti (directeur général du CCAS de Grenoble).

 

 

 

"Ce sont des sujets qui me tiennent à coeur et sur lesquels il y a beaucoup à faire", souligne Christine Laconde (directrice du Samu Social Paris).

"Dans notre pays, souvent, on pense pour les gens", regrette Alain Régnier (préfet).

 

Calendrier de la concertation

La concertation s’organisera à la fois au plan national et territorial autour de :

  • dix journées de concertation dans les territoires, de décembre 2017 à mars 2018, afin d’identifier les besoins et les expériences réussies ;
  • les six groupes de travail thématiques qui produiront des propositions d’actions courant mars 2018 ;
  • la mobilisation d’experts, notamment le CNLE qui sera sollicité tout au long de la concertation ;
  • l’ouverture aux citoyens d’un espace d’expression sur le site internet de la délégation interministérielle en janvier 2018.

Mi-mars 2018 : publication des rapports de synthèse des groupes de travail.
Début avril : remise officielle de la stratégie actée par le gouvernement au Président de la République, organisation d’une journée de présentation au Conseil économique, social et environnemental (Cese).

 

Action sociale

L'action sociale permet le maintien d'une cohésion sociale grâce à des dispositifs législatifs et règlementaires.

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Linda Daovannary
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