Sur le pavé, la révolte des salariés du travail social et de la santé [vidéo]

Sur le pavé, la révolte des salariés du travail social et de la santé [vidéo]

09.03.2017

Action sociale

L'intersyndicale CGT-FO-Sud a (en grande partie) réussi son pari. Entre 10 000 et 15 000 personnes ont manifesté le 7 mars à Paris (et plusieurs milliers dans une quarantaine de rassemblements en régions) pour protester contre le manque de moyens. A côté des gros bataillons de l'hôpital, le secteur du travail social et du médico-social était très présent sur le pavé parisien.

 

 

Les dieux étaient, semble-t-il, de la partie ce 7 mars dans la capitale. Après un lundi pluvieux, le mardi offrait un soleil, certes un peu frisquet, pour la manif des personnels de la santé, du social et du médico-social (sans oublier les organismes sociaux). Les fédérations santé-sociaux des trois syndicats FO, CGT et Sud appelaient à la mobilisation des salariés pour dénoncer le ras-le-bol général sur les conditions de travail, les salaires et les incertitudes sur le maintien des conventions collectives, la naissance de Nexem attisant les inquiétudes des syndicats (lire notre compte-rendu de la conférence de presse du 5 février).

Fanfare, drapeaux violets et sonos à fond

Sur la place Denfert-Rochereau, l'organisation est bien huilée. Vêtus d'une chasuble rouge, les militants de Force ouvrière où les "hospitaliers" sont largement dominants ouvrent le bal avec une fanfare. Suivent les drapeaux violets du syndicat Sud puis les sonos tonitruantes de la CGT qui déploient également plusieurs milliers de manifestants venus de toute la France. Mais dans ce cortège bien huilé se sont glissés notamment des étudiants et professionnels en orthophonie particulièrement mobilisés (voir le témoignage dans la vidéo) et des professionnels libéraux.

Action sociale

L'action sociale permet le maintien d'une cohésion sociale grâce à des dispositifs législatifs et règlementaires.

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Inquiétudes tout azimut

Les quelques rares pétards et les slogans ("y'a trop de travail à l'hôpital, y'a trop de chômeurs à l'extérieur") scandés sans grande conviction ont bien du mal à animer une manifestation qui se déploie tranquillement jusqu'aux Invalides, en passant par le ministère des affaires sociales et de la santé transformé en bunker. L'ambiance est modérément joyeuse comme si la lassitude semblait emporter tous les enthousiasmes. Il faut dire que les problèmes d'épuisement des équipes, de faibles rémunérations et d'incertitudes sur l'avenir des conventions collectives ne sont pas nouveaux. Pour les manifestants qui furent nombreux à voter pour François Hollande en 2012, le quinquennat qui se termine n'a pas permis, bien au contraire, d'améliorer la situation des personnels et la prise en charge des patients ou usagers. La volonté de certains candidats (en particulier François Fillon et Emmanuel Macron) de réduire le nombre de fonctionnaires n'est pas vraiment de nature à redonner de l'espoir à des personnels qui en manquent singulièrement.

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Depuis 2012, la ministre Marisol Touraine a engagé des actions pour améliorer la prise en charge de handicaps jusque-là négligés comme l'autisme. Tout le monde s'en réjouit, mais note aussi que cette ambition forte ne s'est pas accompagnée de créations de postes (ou en nombre insuffisant). Une orthophoniste travaillant dans un centre d'action médico-sociale précoce (Camsp) de Blois raconte que son centre fait face à un afflux d'enfants présentant un handicap lourd qui ne peuvent pas être accompagnés de façon satisfaisante par manque de personnels. Pour certains diagnostics notamment dans le champ de l'autisme, il faut patienter jusqu'à décembre prochain...

Minutage et burn-out

Dans les Ehpad (lire notre grande enquête), le ras-le-bol s'exprime très fortement. Une aide-soignante qui travaille dans un établissement géré par le groupe Korian qui occupe des responsabilité importantes au sein des instances représentatives (en tant qu'élue CGT) parle d'un minutage permanent des taches qui épuise les salariés et contribue à multiplier les situations de burn-out.

Vers un vote FN important ?

Même si la mobilisation n'a pas atteint les "35 000 personnes" revendiquées par la CGT, elle est tout de même incontestable. Et elle intervient à quelques semaines d'un scrutin présidentiel totalement incertain où de nombreux professionnels désespérés par la dégradation continue de leurs conditions de travail et le manque de considération pourraient en désespoir de cause voter Marine Le Pen. Interrogée par l'Obs (voir la vidéo), une infirmière en psychiatrie en hôpital public exprimait ainsi sa rage : "Ces gens-là [Marisol Touraine et François Fillon, NDLR] vont se faire soigner dans des cliniques privées et ont un rendez-vous de suite. Moi, j'ai fait ce métier pour soigner tout le monde, les pauvres et les riches. Ces gens-là sont hors de la réalité. Qu'ils viennent voir !"

Noël Bouttier
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