Lors du 24ème congrès confédéral de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly a cédé vendredi dernier, non sans critiques, sa place de secrétaire général à Pascal Pavageau. Retour sur une semaine mouvementée pour le troisième syndicat du privé.
Pour son 70ème anniversaire et son 24ème congrès confédéral, Force ouvrière aura connu la semaine dernière à Lille les montagnes russes. Après le calme du premier jour et son discours d'ouverture, les vifs reproches en milieu de semaine contre le bureau confédéral sortant, puis la fronde des FO métaux fidèles au bilan de Jean-Claude Mailly, et enfin l'unité retrouvée in extremis autour de la résolution générale pour la mandature à venir.
Et celui qui était alors encore secrétaire général d'insister : "Tout le travail accompli pendant la période sur les ordonnances l'a été avec l'unanimité du bureau confédéral. Je peux comprendre que certains camarades aient été déstabilisés. Mais nous considérons que notre comportement a été le plus efficace dans le contexte donné, la meilleure tactique à adopter pendant la période. (...) C'est mal me connaître de penser que quelqu'un pourrait m'envoûter. J'ai connu pendant mes 14 ans de secrétaire général quatre présidents de la République. Je n'ai été ni chiraquien, ni sarkozyste, ni hollandais, pas plus que je ne suis aujourd'hui macroniste, parce que nous ne défendons pas les mêmes intérêts". Cet argumentation n'aura toutefois convaincu qu'une très courte majorité d'adhérents, qui n'ont adopté jeudi le rapport d'activité des trois dernières années qu'à 50,54 % des suffrages exprimés, et en tenant compte des abstentions. Un coup très dur pour le bureau confédéral sortant.
Seul 44,15% de votes en faveur du rapport d'activité |
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Sur le rapport d'activité, les 13 579 voix exprimées se sont réparties ainsi :
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Avant de saluer le courage des militants : "S'engager dans une organisation syndicale, c'est aujourd'hui malheureusement un risque. On risque son emploi, on risque sa rémunération, sa carrière, juste pour avoir défendu ses collègues ou revendiqué du progrès social. Comment est-ce possible d'avoir atteint le stade dans notre pays où être militant associatif est honorable mais être militant syndical est "has been" ? Défendre les baleines, c'est beau. Mais défendre les femmes et les hommes, ça l'est au moins tout autant. (...) Soyez fiers d'être des militants libres, indépendants et engagés. Soyers fiers de tant donner pour tous les travailleurs. Soyez fiers d'obtenir de nouveaux droits sans jamais rentrer dans une logique de donnant-donnant".
Maintenant on va toucher un petit pécule et charge à chacun de se débrouiller seul avec la responsabilité de se trouver une formation rentrant dans son enveloppe, et de plus en plus, sur son temps personnel. Et cela exclut d'emblée 20% de la population. Avec le gouvernement c'est "pas de smartphone, pas de formation". Le gouvernement fait aussi du chômage une question individuelle. Plutôt que de s'attaquer aux causes du chômage, le gouvernement impute au chômeur la responsabilité individuelle de ne pas retrouver d'emploi. C'est enfin l'esprit de la retraite par points : en individualisant la fin du parcours professionnel, on individualise l'ensemble du parcours. Alors, nous irons aux concertations, parce que la politique de la chaise vide ce n'est pas Force ouvrière, mais nous irons avec le mandat clair de la défense de nos régimes, de la défense de nos droits associés à un statut collectif face à un projet purement idéologique", prévient-il.
Et FO d'accuser le gouvernement d'avoir choisi le camp des plus fortunés : "C'est une politique pour les 10% premiers de cordée, au détriment des 90% derniers de corvée. Nous sommes face à de faux robins des bois car prenant aux pauvres pour donner aux riches. (...) Nous allons résister, nous allons revendiquer, nous allons conquérir de nouveaux droits mes camarades", conclut-il.
Jean-Claude Mailly tacle son successeur sur Twitter |
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Jean-Claude Mailly, qui a décidé de ne pas assister à la dernière journée du congrès, n'en a pas moins vertement critiqué sur Twitter le premier discours de Pascal Pavageau :
Au micro de RMC lundi après-midi, Jean-Claude Mailly a justifié cette attaque : "Quand vous voyez que votre successeur a voté contre le rapport de l'activité à laquelle il a participé, ça surprend". Lors d'un échange avec la presse quelques minutes après la clôture du congrès, vendredi en fin d'après-midi, Pascal Pavageau était visiblement affecté par cette accusation : "Forcément, cela me blesse. Mais il n'y a ni hypocrisie ni duplicité dans les résolutions qui viennent d'être votées par les délégués", a-t-il réagi.
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