[Vidéo] Retraite, conditions de travail, chômage : la grogne des élus du personnel

[Vidéo] Retraite, conditions de travail, chômage : la grogne des élus du personnel

09.10.2018

Représentants du personnel

Pour les militants CGT, FO et Solidaires qui ont manifesté hier à Paris, le gouvernement devrait s'inquiéter de la dégradation des conditions de travail. Les leaders syndicaux haussent le ton sur la négociation de l'assurance chômage et la réforme des retraites à venir.

 

Représentants du personnel

Les représentants du personnel sont des salariés élus ou désignés chargés de représenter les salariés de l’entreprise avec des missions spécifiques selon l’instance représentative du personnel (IRP) à laquelle ils appartiennent. Il y a quatre grandes IRP : les DP, le CE, CHSCT et les délégués syndicaux.  Au 1er janvier 2020, l’ensemble des IRP (hormis les délégués syndicaux) devront fusionner au sein du CSE.

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Les militants CGT, FO et Solidaires étaient invités ce mardi à se réunir dans les principales villes de France pour manifester contre "la destruction du modèle social, favorisant les inégalités et la casse des droits collectifs". Un mot d’ordre particulièrement large, relayé par les responsables confédéraux (voir notre vidéo ci-dessus), regroupant des motifs de mécontentement tels que la mise en œuvre de la réforme de la formation professionnelle, la renégociation de l’assurance chômage, la réforme à venir des retraites, les recherches d’économies dans la fonction publique, etc. Nous avons demandé aux représentants du personnel présents hier après-midi boulevard du Montparnasse à Paris de détailler leur principal grief contre la politique menée par le gouvernement.

"Je viens m’opposer au bulldozer Macron"

"C’est assez simple, je suis là pour m’opposer au bulldozer Macron, à la casse sociale en cours, affirme Mathieu Maréchal, délégué syndical central FO de la société d’intérim Randstad. Le président de la République ne prend pas l’argent dans les bonnes poches. Alors qu’il y a des milliards d’euros perdus à cause de l’évasion fiscale, c’est sur les retraités qu’il met la pression. Je suis aussi ici pour défendre les conditions de travail des intérimaires, poursuit l’élu de CE et délégué du personnel. Les intérimaires sont précaires et n’osent pas se plaindre.

Pour un intérimaire, tout doit toujours aller bien

 

Quand ils sont malades, ils ne disent rien. Tout doit toujours bien aller sinon la mission se termine". Le militant FO s’inquiète également  de la suppression de toute charge salariale lorsque la rémunération est égale au Smic : "Dans notre secteur 72% des salariés sont ouvriers. Ces allégements pour les employeurs sont de véritables trappes à bas salaires". Et ce n’est pas le passage prochain au comité social et économique (CSE) qui va rassurer Mathieu Maréchal : "J’ai justement cette semaine l’une des dernières réunions de négociation et…rien. Pas d’élus supplémentaires, pas d’heures de délégation bonus, pas de représentant de proximité, etc. Impossible d’obtenir autre chose que le plancher des ordonnances Macron. Nous sommes plus de 100 000 salariés intérimaires et en structure, la direction sait que l’accord va être scruté de près et tient à donner l’exemple par le bas", déplore-t-il.

J'ai cessé mes fonctions prud'homales. Je ne voulais plus appliquer ces réformes

 

D’abord ramoneur, Paul Astre s’est reconverti il y a 35 ans pour devenir infirmier : "Je suis passé du noir au blanc, ironise-t-il. Je viens aujourd’hui défendre la santé et la psychiatrie, et manifester ma solidarité pour mes homologues de la fonction publique hospitalière. On nous submerge de protocoles et de contraintes légales, à croire que la priorité, c’est de protéger l’institution plutôt que le patient". Conseiller prud’homal pendant près de quinze ans, ce militant SUD nous explique avoir mis fin à ses fonctions il y a quelques mois : "Le problème c’est qu’en tant que magistrat, il faut appliquer la loi. Or après les attaques contre le code du travail menées par la loi Rebsamen de 2015, la loi El Khomri de 2016, les ordonnances Travail de 2017, je ne voulais tout simplement plus participer au respect de ces textes, peste Paul Astral. Mais je reste défenseur syndical !"

"La retraite à 63 ans, c’est inacceptable"

Pour la militante CGT Pascaline Manesco, participer à cette mobilisation relève de l’obligation morale : "Nos droits actuels sont le fruit des luttes passées. Il n’est pas acceptable de rester les bras croisés devant la régression sociale en cours. Je pense notamment au recul du départ à la retraite à taux plein à 63 ans et au développement de la retraite par points". Membre de la direction des ressources humaines de la ville de Nanterre, la syndicaliste déplore une montée des risques psychosociaux : "J’assiste aux réunions de CHSCT, et pour faire autant avec moins de moyens, la pression sur les agents publics est nécessairement accrue".

Julien François
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