[Vidéo] Le CESE met le cap sur 2035 en se positionnant comme la chambre de la société civile

[Vidéo] Le CESE met le cap sur 2035 en se positionnant comme la chambre de la société civile

12.10.2021

Lors d'une "conférence des enjeux à l'horizon 2035", le conseil économique, social et environnement (CESE), récemment réformé, a débattu mardi 12 octobre des grandes problématiques que la France devra affronter sur le long terme. Compte-rendu et interview, en vidéo, de Thierry Beaudet, le nouveau président du conseil.

 

 

 

Thierry Beaudet, nouveau président du Conseil économique social et environnemental (CESE) depuis le mois de mai (lire notre article), a organisé mardi 12 octobre une conférence des enjeux, dispositif inédit destiné à poser les grands défis auxquels la société française est confrontée à l'horizon 2035. Alors que ce même jour, Emmanuel Macron a présenté le plan "France 2030" (lire notre brève dans cette même édition), le CESE a tenté de se positionner en organe démocratique du temps long, en assemblée de réflexion et de propositions sur les perspectives économiques, sociales et environnementales de l'horizon 2035. Les intervenants syndicalistes, sociologues et représentants du tissu associatif, se sont entendus sur l'idée que répondre aux enjeux de résilience, de transformation et de transition écologique passe inévitablement par la lutte contre la pauvreté et les inégalités. 

Laurent Berger : "Le CESE ne doit pas être une tribune mais le lieu des solutions"

Dans son introduction de la conférence des enjeux, le président du CESE Thierry Beaudet a précisé la définition de l'enjeu de résilience qui a occupé les participants toute la matinée (voir ci-dessus son interview vidéo). Ce thème a priori abstrait ,et qui fait appel à des notions psychologiques, se définit comme la capacité à se remettre d'un choc traumatique. Dans une perspective économique et sociale, il désigne les moyens permettant de construire une société meilleure qu'avant la crise sanitaire. Le défi de la résilience consiste donc à intégrer plus de cohésion sociale, plus de solidarité envers les personnes vulnérables, qu'il s'agisse des personnes âgées ou des salariés dits "de 2ème ligne" qui ont contribué à maintenir à flots certains services pendant les confinements. 

Or, la protection des populations vulnérables passe, selon Laurent Berger, par une meilleure documentation des discriminations, par l'abandon des logiques actuelles de dispositifs au profil de logiques d'accompagnement, et par l'utilisation d'indicateurs coconstruits avec le CESE et intégrant la complexité des transformations. Le secrétaire général de la CFDT a insisté à ce titre sur le rôle du conseil : "Le CESE ne doit pas être une tribune pour les opinions des uns et des autres, mais le lieu des propositions et des solutions".

A l'observation d'une intervenante indiquant que le vocable de "vulnérabilité" permet de ne plus utiliser celui de "pauvreté", Laurent Berger a souligné que 10 % de la population française vit aujourd'hui sous le seuil de pauvreté (1). "Et les deux choses qui nous ont permis de traverser la crise sanitaire sont le système de protection sociale et les services publics, qui sont le premier vecteur de réduction des inégalités", a-t-il conclu.

Yves Veyrier : "Il faut un CESE ambitieux"

De son côté, Yves Veyrier a insisté sur la nécessité de répondre d'abord à l'urgence sociale pour résoudre l'urgence climatique. Le secrétaire général de Force ouvrière a rappelé que les populations les plus aisées sont celles qui produisent le plus de carbone : "La majorité de la population mondiale est très peu responsable du réchauffement climatique, et elle est surtout très démunie". Le syndicaliste a également déploré que "l'économie régente la vie des gens, alors que les décideurs devraient au contraire choisir un modèle économique au service de la justice sociale".

Mettant en parallèle le manque de valorisation des métiers de service à la personne et les "pandora papers" (récent scandale d'évasion fiscale de personnalités politiques notamment, ndlr), Yves Veyrier a appelé à un CESE "ambitieux et pas seulement participatif, qui soit le lieu où l'on se saisisse des enjeux et des débats".

Le CESE muni de ces belles intentions saura-t-il s'enraciner dans la vie démocratique et inciter les citoyens à y participer ? Malgré son remaniement en 2021, son rôle auprès du gouvernement demeure purement consultatif. En revanche, réformé après le mouvement des gilets jaunes avec pour objectif de répondre au besoin citoyen d'être entendu par les instances dirigeantes du pays, il restera sans doute très à l'écoute des mouvements sociaux et mobilisations citoyennes dans les mois à venir, à quelques encablures des élections présidentielles et législatives.

(1) Selon l'Insee, le taux de pauvreté atteint même, en 2018, 14,8% de la population française, 9,3 millions de personnes vivant en France métropolitaine en dessous du seuil de pauvreté monétaire, fixé à 60 % du niveau de vie médian, soit 1 063€ mensuels.

 

Les débats de la conférence des enjeux sont disponibles sur le site internet du CESE.

Marie-Aude Grimont (texte) et Bernard Domergue (vidéo)

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