Chez Disneyland Paris, l'employeur prend en charge le coût du test Covid jusqu'à la mi-octobre

Chez Disneyland Paris, l'employeur prend en charge le coût du test Covid jusqu'à la mi-octobre

05.09.2021

Le CSE de Disneyland Paris a donné un avis favorable aux modalités d'application du passe sanitaire, nous explique son secrétaire, Jimmy Graziani. Il faut dire que le parc d'attraction prend en charge la réalisation de tests à l'entrée du site afin que les salariés non vaccinés puissent continuer à travailler.

Les parcs d'attraction font partie des établissements ayant l'obligation de contrôler les passes sanitaires de leurs clients et de leurs salariés, l'organisation de ce contrôle devant faire l'objet d'une information, sans délai, et d'une consultation du comité social et économique, celle-ci pouvant se faire après les décisions de l'entreprise, celle-ci n'ayant eu que peu de temps pour appliquer la loi (lire notre article). Chez Disneyland Paris, qui doit compter actuellement, sur 14 000 salariés, environ 11 000 travailleurs présents sur ses sites, la deuxième et dernière réunion du CSE sur le sujet, après la première réunion d'information du 20 juillet, a eu lieu le 17 août, sachant que le passe s'impose aux salariés depuis le 30 août et jusqu'au 15 novembre. "La réunion a duré assez longtemps car c'est un sujet sociétal et nouveau", rapporte le secrétaire du CSE, Jimmy Graziani. "Dans les organisations syndicales et au CSE, c'est comme ailleurs : ces questions font débat", observe Malek Belaiboud, élu CSE et responsable du syndicat UNSA.

L'entreprise, dont le parc a rouvert le 17 juin et qui pourrait bientôt n'avoir plus besoin de recourir à l'activité partielle (*) a tout d'abord informé les élus du personnel du périmètre dans lequel l'obligation d'avoir un passe sanitaire s'applique pour les salariés : il s'agit des parcs, du village Disney, des zones administratives opérationnelles (également appelées "Backstage"), des hôtels et restaurants, un périmètre dont l'accès pour les salariés intérimaires, sous-traitants et prestataires est aussi conditionné à la présentation du passe, les livraisons et interventions d'urgence faisant exception à ce principe.

 Une sorte de badge pour accéder à la bulle sanitaire

 

Ne font pas partie de ce périmètre, dénommé "bulle sanitaire" par l'entreprise, les bâtiments et zones du Val d'Europe et du chantier Jenga, des travaux menés sur le parc. Le Val d'Europe comprend les bâtiments administratifs, sachant que, selon Djamila Ouaz, responsable du syndicat CFDT (la 1ère OS), 2 000 salariés administratifs de l'entreprise restent actuellement en télétravail. Les salariés travaillant dans ces zones qui seraient amenés à se déplacer dans les autres parties où le passe est requis devront obligatoirement être munies d’un passe sanitaire.

"Nous avons obtenu une solution pratique pour les salariés qui ont le passe sanitaire et qui sont volontaires : l'entreprise peut réaliser une carte passe sanitaire comprenant un code non falsifiable. C'est une sorte de badge qui sert de preuve à l'entrée et qui évite d'avoir à chercher chaque jour son passe numérique", souligne Malek Belaiboud, de l'UNSA.

Un test sur place est possible pour accéder au site

Que se passe-t-il dans le cas où le salarié ne dispose pas du passe sanitaire à son arrivée sur site ? Il ne pourra pas y pénétrer, et l'entreprise applique ensuite ce que prévoit la loi : il peut télétravailler s'il est éligible au télétravail, il peut mobiliser des jours de congé pour régulariser sa situation si sa hiérarchie valide sa demande, et, à défaut de ces solutions, son contrat de travail et son salaire seront suspendus, un entretien devant avoir lieu après 3 jours de suspension pour envisager la suite. Quid d'une possibilité de reconversion temporaire à un autre poste, un cas évoqué par la loi ? "Cela peut être une piste, mais ce n'est clairement pas privilégié. L'entreprise souhaite que les "cast members" (nom des salariés chez Disney) restent opérationnels sur le parc, d'autant qu'il y a des difficultés à recruter dans les restaurants et les hôtels", nous explique le secrétaire du CSE, Jimmy Graziani, élu désormais sans étiquette (*).

Le salarié peut bénéficier d'un test gratuit réalisé sur place 

 

Mais -et c'est sans doute peu commun dans les entreprises- chez Disney, le salarié sans passe sanitaire peut aussi, s'il le souhaite, être orienté par les services de sécurité qui contrôlent les accès et dont les effectifs ont été renforcés, vers le centre de test dont dispose l'entreprise sur place. Si le test du salarié est négatif, le "cast member" pourra alors travailler. A noter que l'employeur s'engage à prendre en charge le coût de ce test jusqu'à mi-octobre. "C'est quand même un effort exceptionnel de l'entreprise, très appréciable pour des salariés qui habitent souvent à 20-30 km du parc et qui n'auraient pas le temps d'aller se faire tester ailleurs", commente Malek Belaiboud, élu CSE UNSA.

Il en coûtera ensuite 25€ au salarié pour se faire tester. "Nous avons une tente à l'entrée du site pour la réalisation de ces tests. L'entreprise met les moyens à la fois pour assurer la fréquentation du parc et pour permettre aux salariés non vaccinés de continuer à travailler. C'est une façon de respecter ceux qui ne veulent pas se faire vacciner", se félicite le secrétaire du CSE. 

Ne perdre ni public ni salariés ?

Cette gratuité de la part de l'employeur s'explique-t-elle par la crainte d'un fort absentéisme de salariés non vaccinés ? "Je pense surtout que l'entreprise, qui nous a toujours tenus au courant et informés sur la crise sanitaire, veut donner le temps aux salariés de pouvoir se faire vacciner tout en continuant à travailler en attendant grâce au test", nous répond la représentante CFDT au CSE. Il faut dire que le parc d'attractions propose même à son public (mais c'est payant) de profiter de son centre (géré par Loxamed, un prestataire externe, voir ici) pour que les non détenteurs de passe sanitaire puissent réaliser sur place un test afin de pouvoir entrer en cas de contact négatif.

La vie n'a pas de prix 

 

Pour sa part, Djamila Ouaz (CFDT) a une position "sans ambiguïté" au sujet du passe sanitaire et de la vaccination : "Où commence et où finit la liberté ? C'est un débat sans fin. Mais j'ai dit à ma section syndicale que la première condition de la liberté consiste à être soi-même non porteur de maladies pour les autres. La vie n'a pas de prix", tranche la militante syndicale. Cette dernière, qui n'a pas connaissance de cas de salarié dont le contrat de travail aurait été suspendu faute de passe, se dit confiante quant à la vaccination des salariés non encore immunisés contre la Covid : "La raison va finir par l'emporter. D'ailleurs, quelle est la perspective d'un salarié soumis au passe sanitaire mais refusant de se faire vacciner ? Multiplier les tests ? Sa situation n'est pas tenable à terme".

Des salariés anti passe et anti vaccination ? "Il y en a quelques uns, certains nous ont demandé par exemple pourquoi ils ne pouvaient pas aller réaliser un test PCR sur leur temps de travail alors qu'il est possible d'aller se faire vacciner sur son temps de travail. Mais franchement, je m'attendais à davantage de réactions. Nous n'avons pas vu de mouvement de colère", nous répond Dorothée Argence, de la CFE-CGC. 

Au CSE, il y a eu 11 voix pour, 12 abtentions, 3 contre 

 

Jimmy Graziani, le secrétaire du CSE, admet l'existence de débats autour du passe sanitaire, certains salariés restant réfractaires à la vaccination. Mais pour lui, il faut bien que l'entreprise se conforme à la loi et au décret imposant le passe, et que les instances représentatives débattent dans ce cadre : "De plus, chez nous, nous avons un service de santé important qui fait de l'information et de la sensibilisation sur le sujet". 

Lors de la réunion du CSE le 17 août, le CSE a donné un avis favorable au dispositif présenté par l'employeur, avec 11 voix pour, 12 abstentions et 3 contre.  Pour le secrétaire du CSE, en rupture de ban avec le syndicat CGT de son entreprise (**), la crise sanitaire, qui a bousculé le monde du travail du fait du caractère inédit des changements provoqués (gestes barrière, télétravail, activité partielle, etc.), a aussi percuté les organisations syndicales (OS) : "Cette crise a mis en évidence la capacité ou non des OS de prendre leurs responsabilités, de représenter les salariés et d'être à leur écoute".

 

(*) Un accord sur l'APLD, l'activité partielle de longue durée, a été signé par les OS, sauf par la CGT, voir ici l'avis de ce syndicat.

(**) Le secrétaire du CSE, Jimmy Graziani, a été élu en novembre 2019 sur la liste CGT (2e OS derrière la CFDT), mais il siège désormais sans étiquette. Entré il y a 20 ans chez Disney, cet ancien policier a travaillé dans le service d'investigation de l'entreprise et au sein de la communication opérationnelle. Depuis deux ans, il se consacre à temps plein à son mandat. NDLR : sollicitée, la CGT n'était pas disponible vendredi pour répondre à nos questions.

Bernard Domergue

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