Les syndicats mitigés sur la nomination d'Elisabeth Borne

Les syndicats mitigés sur la nomination d'Elisabeth Borne

17.05.2022

Tous reconnaissent sa parfaite connaissance des dossiers. Elisabeth Borne fait donc l'unanimité auprès des syndicats sur ce point. Ceux qui ont côtoyé de près la nouvelle Première ministre déplorent en revanche l'absence de réelle négociation, notamment sur le dossier houleux de l'assurance chômage.

Ministre des transports, de l'écologie puis du travail, Elisabeth Borne a finalement tracé sa route jusqu'à Matignon (1). Si sa nomination lundi soir par Emmanuel Macron (lire notre article) a mis fin à plusieurs jours de rumeurs, elle a aussi déclenché de nombreuses réactions politiques dans l'opposition. Mais côté syndicats, on retient surtout une personne ouverte au dialogue social et qui connaît parfaitement le fonctionnement de l'Etat et les sujets sociaux.

Une compétence indéniable 

Les syndicats le reconnaissent : en contact avec Elisabeth Borne sur le chômage ou les retraites, tous ont constaté ses compétences. "Quand on discute de certains sujets, la conversation peut devenir technique et politique. Donc c'est pratique d'avoir en face de soi quelqu'un qui s'y connaît", avance Michel Beaugas, secrétaire confédéral de Force Ouvrière. Cyril Chabanier ajoute "qu'elle nous donnait toujours des réponses. C'était oui ou c'était non, et ce n'était pas forcément ce que nous souhaitions, mais elle ne laissait pas les sujets en suspens". Le président de la CFTC a également apprécié la double compétence de la nouvelle Première ministre sur le travail et l'écologie : "Il va falloir s'occuper de la transition écologique et sociale, et nous disons depuis longtemps à la CFTC que ce sont les deux faces d'une même pièce".

Laurent Berger (CFDT) est en revanche resté très discret sur la nomination d'Elisabeth Borne. Interrogée sur la station de radio FranceInfo, Marylise Léon a refusé de commenter sa personnalité ni son style. Elle attend surtout de connaître la méthode. Les syndicats se montrent en revanche moins satisfaits des négociations qui ont eu lieu sur l'assurance chômage.

Des concertations mais pas de réelle négociation

"Avec Elisabeth Borne, l'espace de négociation était nul !", affirme François Hommeril. Mais pour le leader de la CFE-CGC, "ce n'était pas forcément la volonté personnelle d'Elisabeth Borne, elle n'avait aucune marge de manoeuvre". Il reconnaît également que sur le sujet de la dégressivité des allocations chômage des cadres, l'ancienne ministre du travail a écouté, respecté et compris ses positions. Il souhaite désormais "un nouvel espace de discussion où l'on puisse s'engager et des signes d'ouverture du gouvernement, sinon ce sera un échec".

Eric Chevée, vice-président chargé des affaires sociales de la CPME admet quant à lui "des discussions loyales et transparentes, mais on ne négocie pas, on a tout juste une concertation". Un point de vue partagé par Roger Dillenseger, ancien secrétaire général de l'UNSA Ferroviaire qui a traité avec Elisabeth Borne la réforme de la SNCF en 2017-2018 : "C'est une personne très rigoureuse, intransigeante voire coriace à la négociation. Elle a su parfaitement s'entourer dans ce dossier et elle connaissait très bien les transports. Nous avons beaucoup dialogué, concerté, mais nous n'avons jamais négocié". Même sentiment chez Denis Gravouil, négociateur CGT de l'assurance chômage : "Elle n'a pas écouté une ligne de nos propositions d'amendements".

Dans l'attente du nouveau ministre du travail

Les syndicats attendent désormais la formation du gouvernement au complet. Ils sont particulièrement impatients de connaître le nom du futur(e) ministre du travail. Si François Hommeril (CFE-CGC) souhaite bonne chance à Elisabeth Borne pour son "casting", il espère que "la raison revienne au sujet des retraites car il ne faut pas mentir aux gens". Michel Beaugas (FO) assure : "On travaillera avec tout le monde sur la base de nos propres revendications qui ne changent pas d'une personne à l'autre". Cyril Chabanier (CFTC) attend aussi les noms des ministres de l'Economie et de la santé, "ceux avec lesquels on travaille le plus". Eric Chevée (CPME) espère quant à lui un ou une ministre du travail qui ne soit pas DRH "car les DRH abordent les relations avec les entreprises sous l'angle des grands groupes. En revanche, un(e) ministre avec du poids politique peut davantage peser dans les arbitrages".

La composition du gouvernement devrait être connue dans les prochains jours.

(1) Hier, Elisabeth Borne a nommé Aurélien Rousseau directeur de son cabinet. Ancien directeur général de l’Agence régionale de santé d’Île-de-France, il a travaillé sur la loi Travail sous le quinquennat de François Hollande et exercé des missions à la mairie de Paris.

Marie-Aude Grimont

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