Mon CSE au temps du coronavirus : "Entre deux réunions, j'essaie de me vider la tête"

► C’est reparti pour une nouvelle semaine, avec des journées bien remplies par les réunions à distance et les appels téléphoniques. La journée commence par une visioconférence de la commission vacances du CSE. Elle dure 3 heures, avec une pause régulièrement. Ce type de réunions à distance, ça réclame énormément de charge mentale, c’est beaucoup plus fatiguant qu’une réunion normale. Une quinzaine de personnes participent aux échanges. Le personnel permanent du CSE en charge des vacances expose aux élus la situation pour les voyages annulés du fait de la crise sanitaire. Nous choisissons aussi les destinations 2020-2021 car nous devons nous positionner sur les avoirs proposés par nos prestataires. D’habitude, le choix est large, là, vu la situation, c’est plus restreint.

Dans l’après-midi, j’ai une conférence téléphonique avec les militants UNSA d’IBM. Nous faisons un tour de la situation et des négociations. Il y a un plan de départs volontaires sur le site de Montpellier avec 40 personnes concernées. Vendredi, nous aurons un comité social et économique central avec la présentation de l’expertise. A Montpellier, il y a aussi une partie usine avec du reconditionnement mais cette activité a été fortement réduite avec la crise sanitaire.

En fin de journée, je traite mes mails, j’en ai reçu au moins 200. 

► Le matin, j’ai une réunion sur la comptabilité du CSE avec le service comptable de l’instance et avec les salariés du comité qui achètent les prestations sociales et culturelles. Nous faisons un point sur le remboursement du CSE aux salariés suite à l’annulation des activités et des voyages. Nous vérifions si les avoirs reçus suite à l'annulation des voyages sont bien conformes Nous épluchons aussi les avoirs reçus des prestataires qui ont annulé leurs activités : il faut vérifier à quoi cela correspond, et si chaque avoir est bien conforme aux exigences posées par l’ordonnance du gouvernement qui permet aux prestataires de nous faire des avoirs plutôt que de procéder à des remboursements (Ndlr : lire notre article). Ensuite, j’enchaîne par une nouvelle réunion syndicale au sujet du plan de départs volontaires du site de Montpellier. Il nous faut nous positionner sur la signature ou non. Les militants de Montpellier sont favorables au plan, donc l’UNSA signera, parce que les mesures d’âge sont favorables à ceux qui partent, mais ce type de plan interroge pour la suite. Dans l’après-midi, je participe à une conférence téléphonique avec tous les managers d’IBM. C’est un point régulier sur le confinement, la poursuite du travail, la formation. Après, je fais un point avec les permanents du CSE sur notre nouveau process numérique pour continuer à gérer la comptabilité de l'instance en télétravaillant; il faut tester, voir si tout fonctionne. J’ai encore une réunion de calage sur le futur référendum concernant le travail dominical. Un vote électronique sera organisé fin avril par l’entreprise pour pouvoir organiser trois dimanches travaillés pour les services financiers et de facturation, ce n’est pas nouveau, c’est habituel dans l’entreprise afin de boucler le reporting en temps.

► Je fais une réunion « pause café » avec les salariés du CSE qui sont normalement détachés dans les agences pour être au contact des salariés des différents sites, cela représente une dizaine de personnes sur les 30 qu’emploie le comité. C'est à rapporter aux 4 000 salariés que couvre le CSE d’IBM Paris-banlieue, Nord Est et outre mer. C’est l’occasion d’échanges un peu plus décontractés. Je n’oublie pas non plus les conséquences de la situation actuelle sur les ressources du CSE. IBM ne fait pas encore de chômage partiel, mais nous avons des personnes en arrêt pour garder les enfants, il y aura donc forcément un impact sur la masse salariale. Celle-ci est déjà orientée à la baisse avec la diminution des effectifs de l’entreprise, et nous devons aussi réfléchir à adapter le comité à cette évolution. D’ailleurs, 5 de nos salariés vont profiter des mesures d’âge proposées par l’entreprise pour partir en pré-retraite. Car s’il n’y aura pas finalement de rupture conventionnelle collective, l’entreprise va quand même faire des mesures d’âge.

Je travaille ensuite en vue du CSE central de vendredi où doit être présentée l’expertise liée au plan de départs volontaires de Montpellier. Enfin, je fais un point sur les RTT et les congés car nous avons une négociation en cours sur le sujet. L’accord de branche de la métallurgie (Ndlr : lire notre article) ne nous arrange pas dans un certain sens car l’entreprise peut s’en contenter sans vouloir négocier des mesures plus favorables. Nous verrons mardi prochain.

► Aujourd’hui, nous échangeons avec tout le personnel du CSE, et notamment sur les congés à venir. J’assiste ensuite à une réunion des managers d’IBM sur le Covid-19. Dans l’après-midi, nous avons une séance de négociation sur le système de retraite par capitalisation dont l’accord arrive à échéance fin 2020. Il faut donc le renouveler, et la loi Pacte a changé la donne. Ca va nous prendre beaucoup de temps. Le soir, tous les salariés d’IBM France, soit 6 000 personnes, sont invités à participer à une webtélé avec le PDG, et ils pourront poser des questions. Demain vendredi (Ndlr : c’est-à-dire aujourd’hui), nous avons la réunion extraordinaire du comité social et économique central consacrée au PDV de Montpellier. J’espère pouvoir souffler un peu dans l’après-midi car, vous le voyez, les journées sont chargées, et je ne fais guère de vieux os le soir pour aller me coucher. Comment je fais pour tenir à ce rythme et dans ces conditions ? J’ai la chance d’être à la campagne, dans une maison avec un jardin, quand beaucoup de collègues sont dans des logements où ils manquent de place. Entre chaque réunion, j’essaie de mettre le nez dehors, de respirer, de me vider la tête, de prendre un café. Je m’astreins à une certaine discipline : je me lève tôt, j’organise ma journée. Mais la situation est épuisante, car nous sommes aussi beaucoup sollicités par les salariés. Heureusement, nous avons plutôt de la chance : sur 6 000 salariés, nous n'avons eu connaissance que de 10 cas de coronavirus confirmés, aucun décès ni malade admis en réanimation. Il faut dire qu'il nous a été fortement conseillé de télétravailler dès le 9 mars.